Le meurtre de la jeune étudiante congolaise Lotaly Mollet suite à son agression par un ressortissant bissau-guinéen qui venait d’être gracié à l’occasion de la fête de la Korité a fini de remettre sur la table la lancinante question des conditions d’attribution de la «grâce présidentielle». Pour l’activiste Guy Marius Sagna, si la question reste entière, c’est que «les grâces présidentielles dont bénéficient les prisonniers font l'objet de deal». Et que le premier responsable de la situation est et demeure le président de la République.
Le cas de feu Pa Matar Ndiaye tué le 4 juin 2020 par le jeune surnommé «Assassin» qui venait de bénéficier de la grâce présidentielle ; l’exemple du trafiquant de faux médicament Amadou Woury Diallo gracié en 2019 à la veille de son procès et maintenant une jeune et brillante étudiante originaire du Congo tuée par un jeune ressortissant bissau-guinéen qui venait d’être gracié à l’occasion de la fête de la Korité… les exemples sont multiples quant à ces prisonniers bénéficiaires de la grâce présidentielle et qui apparemment n’en avaient pas droit.
Suffisant pour que les Sénégalais se demandent «ce qui se passe avec ces grâces présidentielles» et remettent sur la table l’accablante question des conditions d’attribution de la grâce. Sur les réseaux sociaux, les Sénégalais ont passé la journée d’hier à marquer leur indignation.
Mais pour l’activiste Guy Marius Sagna, s’il en est ainsi, c’est que les grâces présidentielles dont bénéficient les prisonniers font l'objet de deal. «Qui ne sait pas qu'au Sénégal les grâces présidentielles dont bénéficient les prisonniers font l'objet de deal ?», s’est d’abord questionné le leader du Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (Frapp) dans un texte rendu public hier dans la soirée. Et d’enchainer sans attendre : «qui ne sait pas qu'au Sénégal, l'affectation dans une prison d'un placé sous mandat de dépôt, dans un secteur de prison, dans une chambre de prison, dans un lit de prison fait l'objet de deal ?».
Ainsi, présentant ses condoléances à la famille de la victime, Guy Marius Sagna accuse ouvertement le Président Macky Sall d’être le responsable cette situation. «Yolom signature ou Woyof signature, je veux nommer le Président Macky Sall le sait très bien lui qui gracie des trafiquants de faux médicaments», accuse l’activiste pour qui le Président Macky Sall ne sait faire que ça.
«Il deale avec notre foncier. Il deale avec nos ressources halieutiques. Il deale avec notre pétrole et gaz. Il deale avec les entreprises qui gèrent notre eau, notre téléphone... Il deale avec nos vies, celles de nos enfants...», fustige-t-il. Avant de dire ses pensées fortes «aux prisonniers qui n'ont pas assez d'argent pour être dans de bonnes chambres, de bons lits et qui ne peuvent bénéficier de grâces présidentielles». «Pensées fortes aux agents pénitentiaires qui font bien leur job et qui eux aussi sont victimes des deals du gouvernement du Président Macky Sall», note encore Guy Marius Sagna.
Gardant le meilleur pour la fin, l’activiste indique que pour mettre un terme à tous ces deals du fait d'un homme - le président de la République - il faut aussi mettre un terme au présidentialisme néocolonial qui est un héritier des rois français. «Le Sénégal et l'Afrique de demain se feront avec des élus serviteurs du peuple, avec des pouvoirs limités, contrôlés effectivement par le peuple», croit-il savoir.
Sidy Djimby NDAO