Après avoir tué d’un coup de couteau dans la région du cœur son collègue Habdallah Fall, 25 ans, travaillant au restaurant «Khéweul Gi», sis à Pikine Texaco de la banlieue dakaroise, Habib F, né en 1994, a déclaré avoir agi sous le coup de la colère contre le défunt.
Les relations conflictuelles entre deux employés du restaurant «Khéweul Gi» de Pikine Texaco ont viré, avant-hier nuit, au meurtre de l’un d’eux nommé Habdallah Fall par le second répondant au nom d’Habib F.
Le défunt traite son bourreau de problématique, de susceptible et de belliqueux en diable
Tout est parti d’une violente dispute articulée d’échanges de propos durs entre les deux collègues. Qui entretiennent depuis quelques jours des rapports heurtés sur leur lieu de travail. Ainsi, ils ne se parlent plus et profitent de la moindre occasion pour se cracher du venin à la figure. Ils vivent comme chien et chat dans le complexe. Mais, cette situation d’animosité découle du coup de sang du nommé Habib F, qui se plaint la rage au ventre de l’attitude de son collègue Habdallah Fall et lui reproche de refuser systématiquement de répondre à ses salutations. Celui-ci avoue tout et se justifie par le comportement insupportable de son confrère Habib. Il le qualifie ensuite d’homme très problématique et belliqueux en diable.
Habib sort un couteau de sa poche, s’approche de son collègue et le poignarde au thorax
Des remarques désobligeantes et dégradantes qui piquent au vif Habib. Qui rumine sa colère contre son jeune collègue et guette le moment opportun pour solder ses comptes avec lui. C’est alors que dans la nuit d’avant-hier il engage à nouveau une prise de bec avec Habdallah et lui lance des piques acerbes. Ce dernier – s’affairant derrière la cuisinière du restaurant - s'emporte et réplique aux propos de son interlocuteur. Tous les deux se hurlent dessus et échangent des grossièretés. Habib s’approche d’un pas alerte de son collègue cuisinier, sort brusquement un couteau de sa poche et lui plante un violent coup au niveau du thorax.
Le médecin examine le corps sans vie, soupçonne une mort violente et alerte les flics de Pikine
Habdallah hurle de douleur intense, relâche aussitôt ses outils de travail et tente de freiner la forte hémorragie interne. Il fait rapidement le tour du plateau de la cuisinière et tente de se jeter sur son assaillant pour se venger. Mais, il se vide de son sang, s’affaiblit et s’écroule au seuil du portail d’entrée du complexe-restaurant. Il affiche des yeux révulsés et commence à agoniser. Des gens volent à son secours, l’embarquent à bord d’un véhicule et l’acheminent en toute urgence au centre de santé Baye Talla Diop, ex Dominique. Mais, au cours de son évacuation, le jeune garçon succombe à ses blessures. Ce que le médecin dudit centre a constaté. Mais, après examen visuel du corps sans vie, il découvre une plaie ouverte et sanguinolente à côté de la région du cœur et interpelle l’accompagnant du défunt et frère à celui-ci.
L’arme du crime retrouvée, le meurtrier fugitif coincé à 4h du matin chez son cousin à Mbao
Le frangin dit ignorer tout de la mésaventure de son frérot et soutient être arrivé sur les lieux après le drame. Mais, le médecin soupçonne une mort violente et alerte aussitôt les limiers du commissariat d’arrondissement de Pikine. Qui débarquent au centre de santé de la localité, constatent de visu le décès du jeune cuisinier, habillé d’un Tee-shirt rouge et d’un pantalon noir, et se rendent au complexe-restaurant «Khéweul Gi». Ils retrouvent l’arme du crime, apprennent la fuite du présumé meurtrier et lancent la chasse à l’homme contre lui. Ils fouillent tout le secteur et ses environs immédiats et font irruption ensuite au domicile du fugitif. Sans succès. Ils intensifient la recherche, se redéployent dans d’autres secteurs et appréhendent le jeune homme, vers les coups de 4h du matin, au domicile de son cousin à Mbao.
Les troubles psychiques de 2019 du mis en cause et les railleries de certains de ses collègues
Soumis à un interrogatoire sommaire, Habib F. a reconnu tout de go les faits et explique son geste par la colère contre le défunt. Il soutient aussi être souvent victime de quolibets de la part de ses collègues qui le taxent de malade mental. «J’ai été victime de troubles psychologiques en 2019. Ainsi, certains de mes collègues prenaient du plaisir à se moquer de moi et me traitaient de débile. Ce qui me faisait très mal. Et quand j’en parlais à mon oncle, qui est aussi propriétaire du restaurant, il prenait tout le temps la défense de mes collègues et me qualifiait d’homme problématique et trop susceptible». Et de poursuivre : «mon collègue Habdallah, qui était très ami à moi, a brusquement coupé les ponts avec moi et refusait catégoriquement de répondre à mes salutations. Ce qui m’a étonné. Et quand je l’ai interpellé, avant-hier, au moment de faire nos ablutions pour la prière de 17h, il m’a presque envoyé promener, traité de tous les noms et menacé de me remonter les bretelles, si jamais je m’en prenais à lui», a confié le mis en cause aux enquêteurs.
Le couteau et le bain mystique d’Habib contre ses troubles psychiques, Habdallah taxé de matamore
Ainsi, après les diatribes de son collègue, Habib retourne chez lui, sacrifie au rituel de son bain mystique et revient à son lieu de travail avec un couteau dans la poche ; un couteau qu’il affirme détenir par-devers lui sans aucune intention de faire mal à qui que ce soit. «J’utilise ce couteau au moment de mes bains mystiques contre mes troubles psychiques. A mon retour au restaurant, je suis monté à l’étage pour présenter mes excuses à mon oncle et propriétaire du complexe. Je suis ensuite redescendu et allé taquiner mon collègue Habdallah en le taxant de poule mouillée (Ndlr : damaa né ko yaw soop man nga rekk). Celui-ci a disjoncté et a commencé à me hurler dessus en me disant de lui coller la paix. «Ndlr : xanaa yaw mënoo ma bayi !»
Il garde l’arme du crime deux jours dans sa poche et justifie sa fuite à Mbao par la peur d’un lynchage
Une dispute éclate à nouveau entre eux. «J’ai brandi mon couteau et poignardé sans avoir l’intention de le tuer. J’ai eu peur avant d’aller me réfugier à Mbao pour éviter d’être lynché par la foule», a-t-il déclaré. Et d’ajouter : «je croyais l’avoir juste blessé avec le couteau. J’ignorais qu’il était mort. Je détenais le couteau dans ma poche depuis deux jours. Je l’ai poignardé une seule fois». Il devrait être déféré aujourd’hui au parquet de Pikine/Guédiawaye pour meurtre par arme blanche.
Vieux Père NDIAYE
La vidéo retraçant le meurtre entre les mains de la police
Après le meurtre du jeune cuisinier, la police de Pikine a débarqué au restaurant «Khéweul Gi» pour tenter de connaitre les tenants et aboutissants de l’affaire. Mais, en visionnant la caméra de surveillance du complexe, ils sont tombés sur la vidéo retraçant toute la dispute suivie de meurtre par arme blanche. Ils ont alors saisi ladite vidéo et l’ont versée comme pièce matérielle irréfutable dans le dossier.
La maladie mentale du présumé meurtrier évoquée par la famille
Informés du forfait de leur parent, des membres de la famille de celui-ci ont défilé devant les enquêteurs pour invoquer l’excuse de sa maladie mentale consécutive à des troubles psychiques ou psychologiques en 2019. Cherchent-ils maintenant à brandir cela pour essayer de tirer du bourbier le jeune homme ? Ce qui du reste ne serait point suffisant, même s’ils présentaient ses documents psychiatriques aux flics. Car, faudrait-il encore que la démence du gus soit établie au moment de commettre son forfait.
V. P. NDIAYE