constitué pour le «candidat d’Aqmi» du Nord Mali, Abdou Akim Mbacké Bao, contre qui le parquet réclame la prison à perpétuité, Me Ousmane Thiam a été amer. A l’entame de sa plaidoirie, il a déclaré qu’on ne leur avait articulé aucun fait pour lequel son client est poursuivi. De son avis, le parquetier a dépeint son client comme un expert en armement, alors qu’il n’a pas eu le Bac, ni fait des études en chimie. Me Thiam continue en soutenant que les propos de son client ont été exagérés, en ce qui le concerne, en le peignant comme un expert, alors que c’est quelqu’un qui est «innocent et qui n’a pas une culture générale poussée». L’avocat explique qu’il s’était rendu au Mali comme un bon père de famille pour trouver du travail et subvenir à ses besoins. Persistant, l’avocat estime que toute la charpente du réquisitoire du procureur a été bâtie sur la base de procès-verbaux de l’enquête préliminaire.
La robe noire de dire que vouloir demander la perpétuité pour ces personnes, c’est vouloir aller vite en besogne. Car, on demande au juge de condamner sur des faits qui ne reposent sur aucun fondement juridique. Soutenant qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat dans ce dossier, il a demandé l’acquittement purement et simplement pour tous les crimes, vu que l’élément matériel n’a pas été rapporté. A défaut, de lui faire une application bien mesurée de la loi pénale.
A sa suite, Me El Hadji Malick Basse a débuté en s’attaquant au procureur. «Le ministère public avait entamé son réquisitoire en commençant par la France, en parlant d’une attaque au couteau. Ce dossier est celui de la France contre l’islam. Et cela ne nous a pas surpris qu’il ait débuté par ça. J’ai honte ! Ce procès me fait honte, du fait qu’on ait attrait 29 personnes à la barre pour des faits commis au Mali ou au Nigeria. Alors que dans son pays, on se permet d’assassiner, d’éborgner des étudiants. J’ai honte ! Comment le procureur de la République qualifie-t-il un Etat qui assassine des étudiants, un Etat qui exerce des violences ?», s’est-il indigné.
«Mon client a été interné au pavillon psychiatrique de l’hôpital Le Dantec»
Avant d’enchainer : «il résulte de l’instruction d’audience qu’il est un cas spécial et personne ne peut le contester. Depuis le début de l’audience, il ne communique avec personne. Et vous l’avez vu porter une seule tenue depuis 15 jours. Tout le monde a compris dans cette salle qu’il est un cas spécial et la Chambre s’est posée cette question. Et vous ne saviez pas qu’il a été pris de l’hôpital Le Dantec au pavillon psychiatrique où il a été interné ? Il est constant qu’il est malade et nous sollicitons son dossier médical, qu’on n’a pas reçu même à la suite de la lettre que j’ai écrite au régisseur de la prison de Rebeuss. Si la démence a eu lieu au moment des faits, la loi vous dit qu’il est innocent. Par contre, si la démence est survenue avant le jugement, la peine est suspendue. Le maitre des poursuites, qui devrait poursuivre à charge et à décharge, aurait dû demander ce dossier pour en savoir davantage, alors qu’il n’a pas été en mesure de rapporter la preuve», a précisé Me Basse, qui demande, à défaut de l’acquittement, d’ordonner une expertise psychiatrique en application de l’article 50 traitant de la démence.
Fatou D. DIONE