Matar Ba occupe le fauteuil de maire de Fatick en sus de celui de ministre des Sports. Et à l’approche des élections locales, avec des déclarations de candidature qui fusent de partout, il ne manque pas de trouver à redire. Et contrairement à ceux qui affichent ouvertement leurs ambitions, Matar Bâ dit attendre et jure se tenir dans les rangs, même s’il n’est pas choisi.
Les Echos : Le chef de l'Etat a demandé que tous les responsables soient à l'écoute. Comment appréciez-vous ce discours ? Est-ce que ce n'est pas un frein aux ambitions des uns et des autres ?
Matar Bâ : Non je ne pense pas. Il faut être cohérent. Quand on est dans une profession, tout doit se faire dans le respect des chartes qui régissent la profession. Nous sommes des politiques et nous appartenons à des familles politiques qui sont régies par des textes. Il y a une hiérarchisation qu’il faut respecter. Alors, quand on va vers des élections locales, le mieux, les décisions doivent être prises selon la représentativité des uns et des autres. Quand on est dans un pays particulier comme le Sénégal, avec certains responsables, le Président est obligé de leur demander de l’écouter pour être cohérent et mobiliser toutes les énergies pour gagner les élections. Il y a des localités ou le problème ne se pose pas. On connait la valeur de chacun. Mais il y a d’autres localités où il faut un arbitrage qui peut être difficile mais doit quand même se faire. En tout cas, en ce qui me concerne, j’accompagne le président de la République et je n’ai d’autre ambition que de l’écouter et voir comment être efficace à ses côtés et non de lui créer des problèmes.
Justement êtes-vous candidat à votre propre succession à la tête de la mairie de Fatick ?
Je parle en tant que maire de Fatick. Vous ne m’entendrez jamais lever la main pour dire que je suis candidat. J’attends la décision de ma coalition. Si le choix est porté sur ma personne, je me battrai pour avoir les meilleurs résultats possibles. Et si ça tombe sur un autre, je serai le directeur de campagne de ce dernier. C’est ça ma posture. Je ne nourris pas d’ambition personnelle. J’accompagne le chef de l’Etat et je ferai tout pour le mettre à l’aise.
Les relations entre responsables apéristes n'ont pas toujours été des meilleures. Quels rapports entretenez-vous d’ailleurs avec ceux de Fatick ?
Les apéristes n’ont jamais eu de relations stables. Ce sont des chocs d’ambitions. Chacun voudrait affirmer son leadership et montrer qu’il est meilleur que l’autre. Ça se comprend dans le monde politique. Cependant, il ne faut pas franchir la ligne rouge. Cela veut dire qu’il ne faut pas casser l’unité, il ne faut pas se perdre. On en a vécu en 2014 ; il y a des localités qu’on pouvait gagner mais avec plusieurs listes, on les a perdues. Cela doit nous servir de leçon, on ne doit pas commettre la même erreur deux fois. C’est tout le sens de l’appel du président de la République.
Et à Fatick précisément ?
On se respecte. Personnellement, je n’ai pas de relation difficile avec les autres, parce que je ne m’occupe pas de tout ça. Il peut arriver que des gens m’attaquent, c’est tout à fait naturel en politique. Mais je pense que nos relations sont civilisées. Nous ne sommes pas des ennemis, nous sommes ensemble et quand il s’agit de se battre pour le chef de l’Etat, je pense que tout le monde aura l’intelligence de s’unir.
Sory Kaba a aussi annoncé sa candidature pour la municipalité de Fatick…
C’est peut être normal d’avoir des ambitions et déclarer sa candidature, mais je rappelle que Sory Kaba est membre de l'Apr, il fait donc partie de la coalition Benno Bokk Yakaar. Il est aussi agent municipal. Je n’ai rien contre ceux qui ont des ambitions, mais je serai contre ceux qui veulent saper l’unité et saboter les décisions du président de la République qui est le patron de cette coalition.
Propos recueillis par Marième NDIAYE