Une partie de l’opposition a décidé de descendre dans la rue. Le Nouveau front force alternative (Nffa) a battu le macadam ce jeudi contre ce qu’il qualifie de « dérives autoritaires » du régime actuel. Entre slogans enflammés, dénonciation de licenciements massifs, réquisitoire contre la gestion des finances publiques et appel à la résistance citoyenne, les marcheurs affichent une détermination farouche. Retour sur une mobilisation qui sonne comme un avertissement au pouvoir en place.
Un cri du cœur populaire sous haute surveillance
Encadrée par un important dispositif sécuritaire, la marche pacifique du Nffa a rassemblé des manifestants venus crier leur ras-le-bol face à la gouvernance actuelle. Portant des pancartes aux messages explicites, « Non à la restriction d’expression et de presse », « Non aux licenciements abusifs ».
Les slogans scandés ont été à la hauteur de la colère qui gronde : « Sonko libère le peuple », « Arrêtez les intimidations », mais aussi « Sonko dictateur, Diomaye dictateur », traduisant un basculement critique envers les figures au sommet de l’État. Une voix populaire qui, désormais, ne semble plus faire de distinction entre espoirs déçus et promesses trahies.
Des licenciements massifs comme catalyseur
Au cœur de la contestation, la question sociale. Le Nffa accuse le gouvernement d’avoir laissé sur le carreau quelque 30.000 employés licenciés sans recours, sans soutien, ni explication. « Des milliers de Sénégalais ont perdu leur emploi, et la société civile regarde ailleurs », a déploré un des organisateurs, appelant à leur réintégration immédiate et sans condition. Le mouvement pointe du doigt ce qu’il qualifie de silence complice d’une partie de l’opinion publique et des forces vives : « où est cette société civile qui combattait Macky Sall avec véhémence ? Pourquoi ce silence aujourd’hui ? », interroge un manifestant.
Des finances publiques dans le viseur
Mais au-delà de la question sociale, c’est la gestion des deniers publics qui cristallise l’indignation. Le Nffa s’appuie sur un récent rapport budgétaire pour dénoncer ce qu’il appelle « des dépenses de prestige » estimées à 350 milliards de francs Cfa, contre seulement 2 milliards orientés vers les urgences sociales. « Ce régime a choisi l’opulence et la bourgeoisie, pendant que le peuple croupit dans la misère », dénonce le dernier intervenant.
Les marcheurs accusent le gouvernement de mépris à l’égard des réalités du pays et d’inaction face aux urgences sociales. Ils appellent à une réallocation des ressources en faveur des secteurs sinistrés, notamment l’éducation, la santé et l’emploi.
Une opposition de terrain qui se veut intransigeante
Pour le Nffa, cette mobilisation est plus qu’un simple défilé. Elle marque un acte d’engagement, un retour à une opposition active et enracinée dans le vécu quotidien des populations. « Un vrai opposant ne se cache pas derrière les réseaux sociaux. Il descend sur le terrain, marche avec le peuple, souffre avec le peuple », martèle-t-il. Une pique directe adressée aux partis traditionnels et figures d’opposition qui, selon le Nffa, ont déserté le champ politique au profit de calculs électoraux. « Où sont ceux qui disaient que Dakar était leur bastion politique ? », ironise un responsable du front.
Un appel à la résistance citoyenne
La marche d’hier s’est conclue sur un appel clair : ériger un bouclier populaire face à un régime jugé autoritaire, injuste et déconnecté. Dans une envolée finale, les responsables du Nffa promettent de rester mobilisés « aux côtés du peuple et des opprimés », affirmant qu’ils résisteront « à la hauteur de la détermination de ce régime ». Si le message est clair, le gouvernement saura-t-il entendre cette voix qui monte ? Le Nffa prévient dans la foulée qu’il va se battre jusqu’à la suppression des articles liberticides de la Constitution. « On se rend compte que l’article 80 de la Constitution est encore là, bien présent, qui permet d’emprisonner qui on veut, quand on veut. L’article 250 du Code pénal continue à être une arme, à être une sorte d’instrument juridique qui permet de museler et la presse, et des opposants. Cela n’est plus acceptable. Le Nffa va se battre, sera débout et nous allons résister », concluent les marcheurs qui donnent rendez-vous très prochainement pour d’autres luttes.
Baye Modou SARR











