On attendait le ministre Cheikh Tidiane DIèye afin qu’il réponde aux accusations claires, nettes et précises de Cheikh Doieng. A la place, ce sont les ‘’techniciens’’ du ministère qui ont été envoyés au charbon. Et, curieusement, il n’y a eu aucune révélation. Au contraire, ils ont conformé tout ce que l’ancien Directeur général de l'Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas) a dit. Et, pire, ils n’ont pipé mot sur la ‘’mafia’’ que ce dernier a dénoncé et la responsabilité supposée du ministre de tutelle.
Suite aux accusations de l’ancien Directeur général de l'Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas) sur l'attribution d'un marché de curage par entente directe, les techniciens du ministère de l’Hydraulique et de l'Assainissement, en l’occurrence le directeur de l’Assainissement, Omar Sène, le directeur de la Prévention et de la Gestion des Inondations, Madické Cissé, entre autres, ont endossé la voix du ministre Cheikh Tidiane Dièye en conférence de presse. Seulement, entre la version de l’accusation et la contre accusation, le fond reste identique, à quelques interprétations près. En effet, le ministère rappelle d’entrée que le marché de curage en question a été attribué le 7 juin dernier, dont le lot 1 (région de Dakar) à Tawfekh Taysir pour 649.413.000 francs Cfa Ttc ; le lot 2 (régions) à Delgas pour 674.842.000 francs Cfa Ttc. Soit un montant total de 1.324.255.000 francs Cfa Ttc pour 720.000.000 francs Cfa Ttc inscrits dans le Plan de passation de passation.
Retards dans l’exécution des travaux et écarts de facturation
Poursuivant, le ministère, par le biais de ses techniciens, a relevé des défaillances un mois après les travaux qui devaient durer 45 jours. A l’en croire, des retards considérables ont été constatés à Dakar et une absence de démarrage des opérations dans plusieurs régions. «A la date du 26 juillet 2024, soit après consommation de 66% des délais convenus, il a été constaté un faible niveau d’exécution d’à peine 10% à Dakar et un peu plus de 30% dans les régions. Les investigations menées ont révélé que sur les six entreprises consultées, seule Delgas avait une expérience connue dans le sous-secteur de l’assainissement», se désole de constater le ministère via ses techniciens. «En plus, il a été constaté des écarts de facturation élevés par rapport aux prix moyens des prestations effectuées ces dernières années. A titre illustratif : le curage du bassin de la Zone de captage est indexé dans le marché de 2024 à 300 millions francs Cfa Htva, alors que le montant global du marché de clientèle 2021-2023 le concernant, était de 83 millions Ttc ; le prix unitaire du mètre linéaire «curage des canaux fermés largeur inférieur à 1,5 m avec ventilation» du marché des régions qui était à 1500 francs Cfa dans le marché de clientèle 2021-2023, est indexée 18.000 francs Cfa etc.», relève le ministère. Des informations pourtant déjà données par Dr Cheikh Dieng.
Tawfekh écarté, Delgas en sursis
En outre, suite à ces «manquements», le ministère rappelle avoir pris des mesures pour remédier à cette situation en facilitant notamment la mise en place d’un groupe de travail technique composé des techniciens de l’Onas désignés par le Dg sortant et des services du département pour accompagnement. C’est à ce titre, dit-il, qu’une rencontre s’est tenue le 27 juillet 2024 dans les locaux de l’Onas. «Lors de cette réunion qui avait pour objet d’évaluer le niveau d’exécution des opérations et de proposer des mesures correctives, il a été constaté la véracité de l’ensemble des défaillances citées plus haut. A l’issue de ses travaux, ledit groupe a proposé au ministre les solutions ci-dessous : pour le lot 1 (Dakar) : l’arrêt de la procédure de contractualisation avec Tawfekh. Pour le lot 2 (régions) : la résiliation partielle du marché. Delgas pourrait poursuivre les travaux dans les zones où les activités ont démarré et avancent. Par contre, pour Mbour, Joal, Diourbel, Touba Mbacké, Matam, Podor, une procédure d’entente directe est préconisée avec des entreprises dont la capacité est reconnue», assume le ministère.
L’ampleur des écarts pour casser les deux contrats...
Toutefois, de l'avis du ministère, les analyses ultérieures des projets de contrats ont révélé l’ampleur des écarts de prix par rapport aux coûts moyens en cours. Ce qui appelle, dit-il, une remise en cause desdits projets de contrats pour des raisons d’intérêt général et de bonne utilisation des deniers publics. Le ministre a ainsi demandé au Dg de l’Onas, par lettre en date du 29 juillet 2024, d’arrêter la procédure avec les deux entreprises concernées et de ne surtout pas signer les projets de contrats. Cependant, compte tenu de l’urgence impérieuse, le ministre a saisi la Dcmp le même jour pour solliciter l’autorisation de faire passer les marchés par une procédure dérogatoire prévue par le Code des marchés publics avec les entreprises ayant la capacité requise et qui ont été proposées unanimement par les membres du groupe de travail. A partir de ce moment, ajoute-t-il, toutes les diligences devaient être entreprises par l’Onas. Mais, avec le changement intervenu, il appartient au nouveau Dg de conduire cette procédure.
M. CISS