La tenue annoncée d’une manifestation féministe baptisée «Tatounéne» (en wolof, «totalement nu»), prévue le 31 décembre 2024, divise profondément l’opinion publique sénégalaise. Ce rassemblement, qui se veut une dénonciation de la culture du viol et un appel à l’application du Protocole de Maputo, a déclenché une levée de bouclier dans les milieux conservateurs. Mame Mactar Guèye, vice-président de Jamra, et d’autres figures religieuses ont saisi le procureur de la République, accusant les organisatrices de promouvoir le nudisme, d’attenter à la pudeur et d’outrager publiquement les bonnes mœurs.
La tenue annoncée d’une manifestation féministe dénommée « Tatounéne » (en wolof, « totalement nu »), prévue le 31 décembre 2024, suscite une vive controverse au Sénégal. Ce rassemblement, destiné à dénoncer la culture du viol et à exiger l’application du Protocole de Maputo, a conduit Mame Mactar Guèye, vice-président de Jamra, ainsi que d’autres figures religieuses et conservatrices, à déposer une plainte auprès du procureur de la République de Dakar.
Une plainte pour «promotion du nudisme» et «atteinte à la pudeur»
Dans leur plainte, les signataires accusent les organisatrices de la manifestation de promouvoir le nudisme et de violer les articles 318 et 324 du Code pénal sénégalais, qui répriment l’attentat à la pudeur et l’outrage public aux bonnes mœurs. Selon le document, les plaignants estiment que ce sit-in serait une imitation des actions des Femen, un mouvement féministe radical occidental, connu pour ses manifestations seins nus. La plainte dénonce également une volonté perçue de «pervertir le jeune public», de «désacraliser les valeurs religieuses» et de «dégrader l’image de la femme sénégalaise». Les plaignants appellent les autorités à prendre des mesures préventives pour empêcher ce qu’ils considèrent comme une atteinte grave aux valeurs socio-culturelles du Sénégal.
La plainte met en garde contre un potentiel risque de troubles à l’ordre public. Des organisations religieuses auraient en effet exprimé leur intention de «s’opposer physiquement» à la tenue de cette manifestation. Selon les plaignants, ce sit-in nu perturberait la quiétude de la fin d’année et irait à l’encontre des normes sociales profondément ancrées dans la société sénégalaise.
Sidy Djimby NDAO