Les différents partis politiques de l’opposition ont appelé leurs militants à descendre dans la rue, aujourd’hui, pour faire barrage à la volonté du régime de Macky Sall de faire passer une loi modifiant le code électoral. Hier, une centaine de jeunes ont affronté les policiers au niveau de la Vdn, siège de Bokk Gis-Gis où une conférence de presse d’avant manifestation a été organisée.
La manifestation de l’opposition appelée ce jour pour dire non à la loi sur le parrainage risque de faire date dans l’histoire politique de notre pays. En effet, si la jeunesse a toujours été à la tête des grands rendez-vous de notre histoire, notamment 1968, 1988, 2000 et plus récemment 2011, ce 19 avril risque de ne pas faire exception. Et pour cause, alors que la manifestation est appelée pour aujourd’hui, c’est depuis hier que les jeunes militants de l’opposition ont donné un avant-goût.
Réunis au niveau de la permanence de Bokk Gis-Gis, sis sur la Vdn, pour les besoins d’une conférence de presse en prélude à la manifestation, les jeunes politiciens ont dû affronter les forces de l’ordre avant l’heure. En effet, après avoir fait face à la presse, ces jeunes opposants au régime ont trouvé une dizaine de policiers en train de les guetter juste à côté. Une situation qu’ils ont prise comme «une provocation» du régime de Macky Sall.
Jets de pierres et de lacrymogènes
Les deux camps se regardant en chiens de faïence pendant plus d’une dizaine de minutes. Et finalement, la situation a fini par se dégrader avec les premières pierres lancées par les jeunes politiciens, qui scandaient en même des slogans hostiles au régime et au Président Macky Sall. Les limiers ripostent aussitôt avec des jets de grenades lacrymogènes et la confrontation s’installe. Celle-ci durera une bonne quinzaine de minutes, durant lesquelles la circulation a été d’une manière très brève bloquée par les opposants. Les policiers qui avaient fini d’appeler du renfort ont tout de même réussi à maintenir l’ordre. Aucun blessé n’a été noté de manière officielle.
«Mobilisation devant l’Assemblée nationale du peuple, pour dire non à la dictature»
Avant cette confrontation, les jeunes opposants, dont Mamadou Lamine Massaly du Pds, Abdourahmane Sow du Cos-M23, Badara Gadiaga de Rewmi, Moussa Diakhaté de Bokk Gis, Clédor Sène de «Claire Vision»… ont lancé leur «dernier avertissement à Macky Sall». Ainsi, se disant vivement préoccupés par le strict respect des valeurs et principes sacrosaints qui sont le piédestal de la démocratie sénégalaise, tels que le dialogue, la concertation, la consultation, le consensus… Massaly et autres ont invité les Sénégalais à honorer le rendez-vous d’aujourd’hui en descendant massivement au niveau de la place Soweto pour défendre la démocratie sénégalaise et ses acquis. «Nous appelons l’ensemble des forces vives de la nation à la mobilisation citoyenne de Pencum Askan Wi, devant l’Assemblée nationale du peuple, pour dire non à la dictature. Ceci, dans la paix, la discipline et la responsabilité», disent-ils. Et d’ajouter : «Nul appel à l’insurrection, à la destruction du bien public, ou aux troubles à l’ordre public», ajoutent-ils, notant que leur appel est un appel citoyen pour que tonne la voix du peuple, pour la voie de salut.
«Si ce parrainage passe, on n’a qu’à laisser Macky Sall être Président à vie»
Avant ceux-ci, d’autres jeunes de l’opposition, ceux de Mermoz Sacré-Cœur, dont le maire Barthélemy Dias ainsi que son leader Khalifa Sall sont en prison, ont animé une conférence de presse pour d’abord dénoncer les «pièges» de la loi sur le parrainage et ensuite avertir qu’ils seront à la place Soweto, même si, disent-ils, ils doivent y laisser leurs vies. «Nous appelons les Sénégalais à être conscients du danger qui est dans ce projet de loi. Si ce parrainage passe, on n’a qu’à laisser Macky Sall être président de la République à vie parce que c’est comme ça que ça va se faire…», avertissent ces proches de Barthélemy Dias.
Sidy Djimby NDAO