15 jours avant que la Chambre criminelle spéciale de Dakar ne rende son verdict dans le procès imam Ndao et Cie, les avocats de ce dernier, quelques mouvements islamiques, ses proches, la société civile etc. ont tenu une conférence de presse, hier, pour fustiger ses conditions de détention tout en demandant sa libération. Mame Mactar Guèye de l’Ong Jamra a estimé qu’on devrait donner une seconde chance à Imam Ndao, comme l’a fait le Président Macky Sall lorsqu’il a hébergé au Sénégal les deux grands terroristes de Guantanamo, Salem Abdul Salem Ghereby et Awad Khalifa, sur demande de Barack Obama.
Depuis que l’imam kaolackois est tombé dans les filets de Dame justice, le 26 octobre 2015, ses avocats, ses proches, entre autres, ne dorment plus du sommeil du juste. Toutes sortes d’activités sont menées pour dénoncer les conditions de sa détention ou exiger sa libération. Déjà, avant même que son procès ne se tienne devant la Chambre criminelle spéciale de Dakar, où il est poursuivi pour diverses incriminations, à savoir l’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste en vue de commettre des attentats dans le but de déstabiliser l’Etat, la détention d’armes et de munitions sans autorisation administrative, le blanchiment de capitaux, entre autres, la société civile et ses avocats n’ont cessé de tenir des points de presse, dans la but d’alerter la population sur les conditions de sa détention. Et ce combat a continué après la tenue de l’audience, à l’issue de laquelle le procureur Aly Ciré Ndiaye avait sollicité qu’imam Alioune Ndao soit condamné à 30 ans de travaux forcés. Le juge a fixé son délibéré au 19 juillet prochain.
Abdou K. Guèye : «Dans le Code de la famille sénégalais, il y a 70 articles qui ne sont pas conformes avec nos religions»
Aujourd’hui, plus que jamais, déterminés à se battre pour l’imam kaolackois et inquiétés certainement par les réquisitions du parquet, les sympathisants et proches d’Imam Ndao, à 15 jours du verdict, ont fait face à la presse. A l’occasion de la rencontre avec les journalistes, hier, Mame Mactar Guèye de l’Ong Jamra est revenu sur les exécrables conditions de détention d’imam Ndao. Comparant le «présumé» terroriste Imam Ndao aux deux terroristes de Guantanamo hébergés par le Sénégal, Mame Mactar Guèye a considéré qu’on devrait «donner une chance» à l’imam kaolackois comme, dit-il, le Président l’a donnée aux anciens prisonniers libyens de Guantanamo que le Sénégal avait accueillis en avril 2016 sur demande de l’ex Président américain Barack Obama, à savoir Salem Abdul Salem Ghereby et Awad Khalifa. «Le Président Macky Sall a hébergé 2 grands terroristes du Guantanamo et il leur a donné une chance. Et pourquoi il ne peut pas donner celle-ci à imam Ndao ?», a pesté Mactar Guèye, qui a rappelé leur soutien inconditionnel à Imam Ndao. Abdou Karim Guèye du mouvement Nittu Deug d’asséner: «c’est une honte si le juge demande à Imam Ndao à la barre pourquoi il n’est pas de la même confession que son père. C’est un problème de religion». Il ajoute : «au Sénégal, c’est l’islam qu’on combat et personne ne dit rien. On ne peut pas concevoir, dans un pays où on se réclame à 95% musulmans, qu’on ne les respecte pas. Il y a d’autres religions qui sont là, à l’instar des protestants que je respecte beaucoup et qui font leur propagande partout. Nous les musulmans, on n’a même pas le droit de prêcher pour l’islam». Abdou Karim Guèye de s’indigner : «dans le Code de la famille sénégalais, il y a 70 articles qui ne sont pas conformes avec nos religions ; par exemple, une fille a le droit de se prostituer. Par ailleurs, si des homosexuels sont arrêtés, leurs compères interviennent et ils sont défendus. Et maintenant, qui va intervenir pour l’islam ? C’est la question qu’on se pose». Il a, en outre, demandé qu’Imam Ndao et Cie soient libérés le 19 juillet prochain, non sans préciser que leur seul tort, c’est qu’ils sont Sunnites et que s’ils étaient des Niassènes ou des Mbacké-Mbacké, on n’allait pas les arrêter, selon lui.
Me Massokhna Kane : «un tribunal normal ne peut pas les condamner»
Du côté des avocats, Me Massokhna Kane a réitéré sa plaidoirie face à la presse. La robe noire a souligné qu’un tribunal normal ne peut pas condamner les accusés. Car, estime-t-il, la composition «riche» du tribunal, dans laquelle se trouvent un imam, un chrétien etc. «ne peut être dupée par personne». Il avait, à ses côtés, Me Babacar Ndiaye. Imam Ahmad Dame Ndiaye de la Ligue des imams et prédicateurs du Sénégal, Mactar Kébé du Rassemblement islamique, le mouvement Nittu Deug, le Rassemblement islamique du Sénégal, Jamatul Ibadou Rahmane, la Dahira des Moustarchidines (Section Kaolack), l’Association des élèves et étudiants musulmans du Sénégal, l’Ong Jamra, Daroul Arkham, les familles des détenus, Djibril Sabaly, et un des membres de la famille de l’imam Kaolackois étaient présents.
Fatou D. DIONE