Responsable de l’Apr et ancien Directeur général de la Sicap, Mamadou Kassé a bien voulu se prêter aux questions de "Les Echos" après quatre mois d'observation. Dans cet entretien au téléphone, le président du Conseil département de Tambacounda crache ses vérités.
Les Echos : Voilà cinq mois que vous n'êtes plus aux affaires. C'est quoi votre occupation actuellement ?
Mamadou Kassé : Je m'occupe davantage de mes administrés du Département de Tambacounda (ndlr : Mamadou Kassé est le président du Conseil départemental de Tambacounda) et intensifie la recherche de partenariats pour le développement de ma localité. De plus, je structure davantage des projets liés à mon métier d'Urbaniste Aménagiste et de Promoteur Constructeur.
Que pensez-vous des relations tendues entre l'exécutif et le législatif actuellement ?
L’actualité de la semaine dernière a été réellement marquée par des échanges entre différentes institutions de notre grande démocratie. Je le rappelle, le Sénégal est fort de ses institutions surtout et non de ses hommes seulement. Il y a eu dialogue, dans ce contexte, entre les institutions sur des questions essentielles et chacune a usé de ses prérogatives pour faire valoir démocratiquement ce qui lui revient de droit.
Comment appréciez-vous la décision de suppression du Cese et du Hcct et l’opposition des députés ?
Il est légitime que Monsieur le Président ait ses convictions qu’il partage certainement avec d’autres citoyens ; mais, la mise en œuvre d’une suppression d’institutions obéit à des règles qui nécessitent, au préalable, l’accord d’autres citoyens tout aussi légitimes. Il a choisi la voie parlementaire par un projet de révision de la Constitution dans ce sens, mais il n’a pas eu, à son profit, la majorité requise en la circonstance. Ce qui s’en est suivi n’est pas une suppression, parce qu’il n’en a pas le pouvoir. Cependant, en toute légalité, il a procédé à la publication de deux décrets mettant fin aux fonctions des présidents des deux institutions en question. Le sujet reste entier parce que ces dernières ne sont pas dissoutes.
Le Premier ministre a annoncé la convocation de plusieurs membres de l'ancien régime. Qu'en pensez-vous sur la forme ?
La forme est surprenante, mais l’essentiel sera dans le fond.
Vous pensez que Sonko va la faire sa Déclaration de politique générale ?
Je reste sur le constat que l’Assemblée nationale avait proposé la date du 11 septembre et, par la suite, Monsieur le Président de la République a fixé celle du 13 courant, validée par l’Assemblée. A partir de ce moment, je retiens que Monsieur le Premier Ministre se présentera à l’Assemblée nationale à ladite date pour sacrifier au traditionnel discours de politique générale.
D’anciens dignitaires sont interdits de quitter le territoire, en faites-vous parti ?
Pas à ma connaissance. En effet, je n'ai reçu aucune notification ni écrite, ni orale dans ce sens. Ceci dit, je n'ai pas non plus voyagé hors du pays récemment.
Que pensez-vous de ceux qui sont frappés par cette mesure ?
Il semblerait que les interdictions de sortie du territoire n’aient pas été notifiées aux citoyens concernés par les voies de droit ; auquel cas, il y a une violation manifeste de droits élémentaires. Le Sénégal est un Etat de droit qui respecte, a priori, les droits fondamentaux de tout citoyen donc, celui d’aller et de venir librement.
Amadou Ba a lancé son mouvement. Il n’y a eu que peu de responsables de l’Apr, qu’est-ce qui l’explique ?
Je n’ai pas de jugement à porter sur l’activité de ce lundi de l’ancien Premier ministre Amadou Ba pour qui j’ai, du reste, une grande estime. Je crois qu’il est dans son droit, même si je suis d’avis qu’il avait encore toute sa place dans l’Alliance pour la République. Seulement, concernant la faible représentation des responsables d’envergure de l’Apr à sa manifestation, je ne pense pas qu’il faille parler de consigne, mais plutôt de liberté de chacun de s’allier à qui il veut.
Vous n'étiez pas de la partie pourquoi ?
Non et ce qui est clair et constant, c’est que, à date, je suis un membre de l’Alliance pour la République.
On annonce la dissolution de l'Assemblée et des législatives anticipées à venir, l’Apr est-elle prête pour les joutes ?
La dissolution est annoncée et si elle est effective, nous aurons une idée précise de la date des prochaines élections législatives. L’Alliance pour la République est un grand parti qui, avec sa large coalition, a une forte expérience électorale ainsi que des ressources humaines de qualité à même d’engager toute bataille politique quand bien même elle est anticipée.
Plus de 5 mois à la tête de ce pays, quelle note donneriez-vous à ce régime?
Seul le peuple décerne une note légitime et nous nous acheminons vers des joutes électorales qui seront l’occasion pour les citoyens d’apprécier la manière dont ils sont gouvernés et dire, par les urnes à l’occasion des élections législatives à venir, si les nouvelles autorités les rassurent.
Ma conviction demeure que le peuple sénégalais est fort de sa maturité électorale et a montré, lors des dernières élections législatives, qu’il n’est plus prêt à accorder un blanc-seing à un camp et opte plutôt pour des pouvoirs équilibrés. En effet, la grande leçon que je tire, c’est que le peuple a montré ses aspirations réelles qui tendent vers un juste partage des pouvoirs et responsabilités comme gage d’un meilleur fonctionnement démocratique.
Le drame de Mbour et les accidents de la circulation vous parlent sûrement…
Il y a une recrudescence des accidents en mer et sur la route. Le dernier accident est atroce et doit interpeller non seulement les usagers sur leur comportement au volant, mais aussi les pouvoirs publics sur la prise en charge de ces drames récurrents. Je m'incline devant la mémoire de ces disparus et apporte ma compassion aux familles éplorées.