L’opposition sénégalaise n’y arrive pas. Désireux de mettre en place une large coalition à même de battre les listes de la majorité présidentielle, les challengers de Macky Sall enchaînent les déconvenues sur leur route. Et pour cause, 24 heures seulement après la retentissante défection du Parti démocratique sénégalais (Pds), la «grande coalition» de l’opposition fait encore objet de critiques. Cette fois, ce sont les leaders du Congrès de la renaissance démocratique (Crd) et de la coalition Jotna qui marquent leur surprise d’apprendre par voie de presse le lancement d’une coalition dite la grande coalition de l’opposition. Ainsi, Abdoul Mbaye, Thierno Alassane Sall, Abdoulaye Niane et autres sont montés au créneau pour dire à qui veut les entendre qu’une coalition de l’opposition, n’est pas la Coalition de l’Opposition.
Il faudra de la volonté, de la grandeur et beaucoup de chance à l’opposition sénégalaise pour sortir victorieuse des élections locales de janvier 2022, tellement elle tâtonne en ce moment clé de mise en place des coalitions. En effet, alors qu’on n’a pas fini de parler du communiqué du Pds pour se démarquer de la «Grande coalition» de l’opposition, un autre communiqué vient enfoncer Khalifa Sall, Ousmane Sonko et compagnie. Cette fois, le document est celui des leaders du Congrès de la renaissance démocratique (Crd) et de la coalition Jotna. Dans le document rendu public hier, ils marquent leur surprise d’apprendre par voie de presse le lancement d’une grande coalition de l’opposition. «Depuis plusieurs semaines, la rumeur publique, les réseaux sociaux et enfin la presse font état d’une grande coalition de l’opposition en gestation à l’initiative de quatre organisations politiques», notent-ils, rappelant que le 24 août 2021, le Congrès de la renaissance démocratique et la coalition Jotna ont tenu un point de presse pour partager leur point de vue sur la question des alliances électorales dans l’opposition avec l’opinion publique, les partis politiques et les organisations de la société civile qui envisageraient de participer aux élections départementales et municipales du 23 janvier 2022.
«En cette circonstance, le Crd et Jotna rappelaient les enjeux de l’heure en ces termes : identifier le procédé par lequel battre les candidats de la majorité afin d’installer de nouvelles équipes à la tête des collectivités territoriales, engager avec méthode les changements attendus par les populations pour réduire leurs souffrances et montrer clairement à Macky Sall la voie vers la sortie», indiquent les opposants. Convaincus que l’unité de l’opposition est la seule perspective crédible pour relever ces défis, ils appelaient à la construction d'une large coalition, sans exclusive, dans laquelle chacun pourrait trouver sa place pour contribuer à la victoire, dans le respect de la dignité de chaque partie prenante.
Ainsi, ils pensaient que cet appel a été entendu quand, le même jour, des contacts rétablis aboutiront au partage du projet de charte des quatre avec la dynamique Crd/Jotna. «En retour, et après exploitation de ce document, les leaders du Crd et de Jotna ont produit une contre-proposition, avec un texte plus fédérateur et plus inclusif des forces démocratiques et sociales opposées à la gouvernance en cours. Ce document a été communiqué à plusieurs secteurs de regroupement d’acteurs politiques et citoyens. Ensuite, les leaders du Crd et de Jotna ont suggéré la tenue d’une assemblée générale plénière pour débattre sur les deux propositions en vue d’aboutir à un consensus qui engagerait les parties prenantes», exposent les leaders des deux coalitions.
Poursuivant, ils notent que c’est contre toute attente que les leaders du Crd et de Jotna apprendront par les réseaux sociaux d’abord, ensuite par Sms et voie de presse qu’une cérémonie de lancement de la grande coalition de l’opposition est annoncée pour le jeudi 2 septembre 2021 à partir de 16 heures.
«Pour les leaders du Crd et de la Coalition Jotna, il n’appartient à personne d’organiser unilatéralement une cérémonie de signature de formation d’une quelconque supposée grande coalition de l’opposition, d’en choisir l’heure, le lieu, le contenu et les participants et de ne les en informer qu’à quelques heures de l'échéance. Ce n’est pas acceptable !», martèle l’organisation d’opposition.
De même, les leaders du Crd et de Jotna assurent qu’ils ne peuvent pas se laisser embarquer dans un tel projet, sans débat et qui, depuis ses origines, souffre d’un manque manifeste de transparence.
«Curieuse manière de procéder : ce sera en effet la première fois dans l'Histoire du Sénégal qu'une coalition politique sera formée sans débat, or le débat s'impose justement pour la transparence et la clarté sur des questions essentielles : les mandats, le choix des hommes et des femmes de premières lignes, le contenu des politiques locales à mettre en œuvre», lit-on dans leur communiqué.
«Personne n’est dupe, tout semble être entrepris depuis le départ pour divertir et diviser l’opposition»
Pour eux, la bonne démarche devrait consister à réunir les parties prenantes pour discuter sur les objectifs de la coalition, la manière de procéder, l’organisation du travail en vue de construire des consensus et des accords solides et de les contenir dans un texte à soumettre à la signature, avant de convoquer une conférence de presse.
Mais en tout état de cause, ils assurent que bien évidemment, une coalition électorale, quelle qu’elle soit, ne sera pas la Coalition de l’Opposition, puisqu’il y aura d’autres coalitions de l’opposition. «La grande et la petite, ou la petite et la grande, ce sont les électeurs qui en décideront souverainement ! Et donc, toutes les coalitions attendront leur verdict. Mais à ce jeu, personne n’est dupe, tout semble être entrepris depuis le départ pour divertir et diviser l’opposition vers un scénario malheureusement idéal et inespéré pour Macky Sall qui doit, sans nul doute, se sentir davantage plus à l’aise dans le déroulement de sa stratégie de confiscation du pouvoir !», croient-ils savoir, disant qu’ils poursuivront leur contribution pour rassembler le maximum de forces pour une large coalition électorale dans le dialogue, le respect mutuel et le souci constant de relever les défis auxquels le pays fait face.
Sidy Djimby NDAO