Les victimes des démolitions de maisons à Thiès par la Soprim ont décidé de passer à la vitesse supérieure, pour manifester leur colère et exiger réparation. Aussi, ils ont entamé une grève de la faim, qu’ils ont finalement arrêtée sur demande des imams.
Massaly l’avait annoncé et cela a été fait. Le collectif des victimes des maisons démolies à Thiès a entamé une grève de la faim avant-hier samedi. Tôt le matin, Massaly et les autres victimes ont envahi les terrains démolis et commencé leur diète. Femmes, vieillards et jeunes étalent des nattes ou s’asseyent sur des bancs de fortune pour dénoncer l’injustice dont ils ont été victimes et exiger que leurs terrains leur soient retournés à défaut d’être indemnisés. Surtout qu’ils ont acquis ces domiciles après des années de dur labeur et d’économies. Trouvée sur place, avec la fatigue qui commençait à se lire sur son visage, la dame Astou Fall, porte-parole du jour âgé de 73 ans, dit avec sa faible voix, qu’ils sont prêts à donner leur vie pour retrouver leur bien. «Nous vivions une situation vraiment difficile. Nous ne sommes que de pauvres goorgoorlus spoliés de leurs terres. Nous demandons nos terrains ou une indemnisation. Ils ont démoli des maisons qui appartenaient à des gens à faibles revenus, parce que, parmi nous, il y a des gens peu nantis. Parmi nous, il y a des vendeurs de ‘’Thiaf’’, des vendeurs de poisson séché, des restauratrices. C’est avec nos maigres économies qu’on a acheté des terrains et commencé à bâtir pour juste avoir un toit pour notre famille. On se lève un beau jour pour voir nos maisons démolies, sans sommation, ni information, c’est vraiment regrettable», se plaint-elle.
Pour sa part, Alioune Sall, marchand ambulant vendeur de montres, explique tout le calvaire qu’il a eu à traverser avant de pouvoir acheter ce terrain et entamer les travaux. «Je suis marchand ambulant et c’est seulement lors des Gamou et les Magal que j’arrive à écouler ma marchandise ; hormis cela, je squatte les marchés hebdomadaires et le peu que je gagne est destiné à la dépense quotidienne de ma maison. Alors, je vous laisse imaginer ce que j’ai enduré pour rassembler des économies, acheter un terrain et commencer à construire», renseigne-t-il.
Les maires de communes portent le combat
Les maires des communes de Thiès Est et Ouest sont venus s’enquérir de la situation, avant de demander aux grévistes de la faim de sursoir à leur grève, puisque, s’ils venaient à mourir, ce serait considéré comme du suicide. Ils ont aussi pris l’engagement de porter le combat. «Je vais me battre avec vous, même si vous êtes dans l’irrégularité, puisque vous êtes mes administrés. C’est inhumain de détruire la maison de quelqu’un sans l’aviser», déclare le maire de la commune de Thiès Ouest, Alioune Sow.
Une damé tombe dans les vapes, les Imams les supplient d’arrêter la grève
Vers les coups de 14 h, la dame Astou Fall a perdu connaissance, avant d’être conduite à l’hôpital où elle a bénéficié de soins. Par la suite, une forte délégation des imams de la ville de Thiès est venue rencontrer les grévistes pour s’enquérir de la situation et discuter avec eux afin de les dissuader. D’après Mouhamed Lamine Massaly, «en bons croyants, le collectif a décidé de suspendre la grève, puisque les Imams les avaient convaincus avec des versets du Saint Coran». Tout de même, ils ne délaissent pas le combat. A cet effet, Massaly annonce une conférence de presse le 15 avril prochain pour faire l’état des lieux».
Sokhna Khady SENE