Le ministre des Mines et de la Géologie et ancien coordonnateur du Pds, Oumar Sarr, a été vivement critiqué par certains de ses compagnons de parti qui l’accusent d’avoir rejoint ceux qui ont été à l’origine de ses déboires judiciaires. En plus d’être défendu par la majorité, Oumar Sarr précise avoir répondu à l’appel du Sénégal, avant de faire des révélations, notamment sur l’élargissement de Karim Wade.
Ex-coordonnateur du Pds avant de créer son propre parti pour rejoindre le Président Macky Sall qui l’a récemment nommé ministre des Mines et de la Géologie, Oumar Sarr a fait l’objet d’attaques frontales de la part de ses anciens compagnons de parti. Ce qui n’est point une surprise pour le nouveau collaborateur de Macky Sall. A l’en croire, les débats étaient beaucoup plus houleux en Commission technique qu'en plénière. Une tournure qu’il regrette, puisqu’il se définit comme un homme de dialogue. «Quand il s’est agi de me battre, je me suis battu. Quand il s’est agi de dialoguer, je l’ai fait. Quand il s’est agi de militer, je l’ai fait aussi. Et si j’ai été au dialogue national pour la première fois, c’était pour que Karim Wade sorte de prison. Un mois plus tard, Karim a été libéré», indique Oumar Sarr, qui n’a pas manqué de faire, dans la foulée, des révélations fracassantes, notamment sur les dessous de ce dialogue.
Seul Karim Wade était au courant de ma participation au dialogue et n’a pas voulu que son père le sache
A l’en croire, c’est le fils de Wade qui l’a encouragé à participer au dialogue pour qu’il puisse se tirer des affres carcérales. «Me Wade n'était pas informé de ma participation au dialogue ni aux rencontres avec Macky Sall. Seul Karim Wade était au courant et il m’avait dit de le garder secret et de ne pas en parler à son père», charge-t-il sous les applaudissements nourris des députés de la majorité. Poursuivant, il révèle à l’endroit de ses détracteurs que s’il a été en prison et si son immunité parlementaire a été levée, c’est parce qu’il s’est battu pour le Pds. Revenant sur la traque des biens mal acquis, Oumar Sarr indique qu'il avait prouvé aux enquêteurs l’origine licite de ses biens et n'a pas été inquiété, outre mesure.
«Je n’ai trahi personne»
S’agissant de sa nomination dans le gouvernement après le dialogue national, il n’y trouve aucun inconvénient. «Qu'est-ce qu’il y a de mal à ça pour qu’on en fasse un débat comme si j’avais trahi quelqu’un ? Je n’ai trahi personne. Et, si c’était à refaire, je le referais. Je n’ai rien à regretter de mes actes car si le Sénégal m’appelle, je réponds présent. Le Sénégal est au-dessus de nos intérêts partisans», tranche Oumar Sarr. «Plus nous sommes nombreux à nous fédérer sur la cause nationale, mieux c’est. Mais cela requiert de la modestie et quelques concessions, car le Sénégal est au-dessus de nos petites personnes», ajoute le ministre du Travail Samba Sy, qui invite les hommes engagés en politique à avoir l’éthique de conviction et l’éthique de responsabilité.
Abdou Aziz Diop : «Oumar Sarr n'a de leçon de morale à recevoir de qui que ce soit»
Le député Abdou Aziz Diop, très proche du ministre des Mines et de la Géologie, s'est également érigé en bouclier autour du ministre Oumar Sarr. «Vous avez été de tous les combats au Pds et vous vous êtes beaucoup investi. Vous avez été tabassé à cause du Pds, votre costume a été déchiré à cause du Pds. Pour autant, ils vous ont mis à la porte lorsqu’ils n’ont plus eu besoin de toi. Vous avez ensuite créé votre parti, donc vous avez le droit de répondre à la main tendue du chef de l’Etat», relève Abdou Aziz Diop qui précise que son «mentor» n'a de leçon de morale à recevoir de qui que ce soit.
Me Djibril War : «Il faut savoir raison garder et qu’on cesse de jouer aux indignés»
Le député de la majorité Me Djibril War n'a pas manqué d’encourager les retrouvailles de la famille libérale. «Lorsque le Président Wade parlait de l’Afrique pour qu’on puisse mutualiser toutes nos forces et toutes nos énergies, je ne vois pas pourquoi on ne peut pas le faire au Sénégal», rappelle le parlementaire, qui révèle que rien ne sert de faire des jugements de valeur. Ce qui est important, dit-il, c’est ce qui est devant nous. «Ces donneurs de leçons doivent se regarder dans la glace avant de s'aventurer dans un tel exercice. Il faut leur demander où est-ce qu'ils étaient lorsque vous vous battiez dans l’opposition pendant 26 ans. Il faut que les gens sachent raison garder et qu’on cesse de jouer aux indignés devant les plateaux pour accuser tel d’avoir vendu sa dignité. Il faut qu’on arrête», martèle le député de la majorité. Même son de cloche chez Abdou Mbow qui rappelle que ce sont ceux pour qui Oumar Sarr s’est battu au point qu’il perde son immunité parlementaire, ce sont ces derniers qui l’ont rejeté et mis à la porte.
Cheikh Bara Mbacké Dolly : «Ceux qui vous applaudissent aujourd'hui, sont ceux-là qui avaient mis en place le 8 janvier 2013 une commission parlementaire pour lever votre immunité parlementaire»
Auparavant, le président du groupe parlementaire Liberté et Démocratie Cheikh Bara Mbacké Dolly a rappelé que le Pds n’a jamais été au dialogue ou envoyé un émissaire pour le compte de Karim Wade, mais pour l’intérêt exclusif du pays. «Ceux qui vous applaudissent aujourd'hui, sont ceux-là qui avaient mis en place le 8 janvier 2013 une commission parlementaire pour lever votre immunité parlementaire. Ceux qui vous applaudissent aujourd’hui sont ceux-là qui vous avaient agressé le 2 novembre 2015 et déchiré vos habits. Ceux qui vous applaudissent aujourd'hui sont ceux-là aussi qui vous avaient placé sous mandat de dépôt le 21 décembre 2015», rappelle le député libéral. Marie Sow Ndiaye de renchérir pour rappeler que c’est dans cet hémicycle que l’immunité parlementaire de l’actuel ministre a été levée. Ce qui lui fait dire que si les ennemis d’hier sont devenus amis aujourd’hui, c’est parce qu’ils n'ont pas le choix. «Nous ne sommes pas en terrain politique mais devant une institution de la République», fait remarquer Woré Sarr pour passer l’éponge sur ce débat.
Moussa CISS