Le procureur de la République, Amadou Seydi, du Tribunal de grande instance de Pikine/Guédiawaye, a levé hier un coin du voile sur l’enquête préliminaire de la gendarmerie concernant l’assassinat de la militante de Pastef de Keur Massar, Mariama Sagna. Le parquetier a révélé quelques bribes de la déposition du charretier Ousseynou Diop, qui a déroulé le film du viol suivi de mort par strangulation de Mme Sonko par son recherché collègue cocher, Saliou Boye.
«Les Echos» du lundi dernier avait écarté la thèse du crime crapuleux aux relents politiques, avant de plaider pour celle d’une affaire de viol qui a mal tourné contre la militante de Pastef à Keur Massar, Mariama Sagna. Cette version a été confirmée, hier, par le procureur de la République de Pikine, Amadou Seydi. Faisant face à la presse, hier, dans les locaux du tribunal de Pikine, le parquetier Seydi a activé la machine à remonter le temps dans l’affaire dite Mariama Sagna. Ainsi, rappelle-t-il, le samedi 7 octobre 2018, Mariama Sagna, militante du parti politique Pastef, participe à l’organisation d’un meeting dans la localité de Keur Massar, où elle réside. Elle requiert les services de deux charretiers nommés Ousseynou Diop et Saliou Boye, aux fins de transporter des fauteuils de son domicile au lieu du rassemblement.
Ils ont trouvé Mme Sagna, à moitié nue dans sa chambre, en train de se dévêtir, et l’ont attaquée
A la fin de la manifestation, aux environs de 20h, renseigne toujours le parquetier, les charretiers ont embarqué les meubles à bord de leur charrette pour les ramener chez la dame. Mais, à leur arrivée, ils ont trouvé la militante de Pastef, à moitié nue dans sa chambre, en train de se dévêtir ; ce qui ne pas manqué de leur donner des idées. Les deux cochers l’ont donc attaquée et violée, tout en l’étranglant pour l’empêcher de crier, causant ainsi son décès. Mais, avant de quitter les lieux du crime, Ousseynou Diop et Saliou Boye ont subtilisé un poste téléviseur et un téléphone portable de leur victime.
«J’ai maîtrisé Mariama Sagna par les jambes pour permettre à Saliou Boye de la violer ; c’est lui qui l’a étranglée»
Après investigations subséquentes menées par les pandores de Keur Massar, en collaboration avec leurs collègues de la Section de Recherches, déclare le procureur Seydi, le charretier Ousseynou Diop a été interpellé. Il a reconnu ensuite avoir participé à la commission des faits. Toutefois, le nommé Diop a expliqué s’être contenté de maîtriser Mariama Sagna par les jambes pour permettre à Saliou Boye de commettre le viol. Aussi, il a révélé que c’est Boye qui a étranglé Mme Sonko.
La mère du charretier, victime collatérale
Selon toujours le Proc de Pikine, le charretier Diop a déclaré que le poste téléviseur volé a été remis à Khadim Guèye, domicilié à Keur Massar. Arrêté et entendu, indique le parquetier Seydi, le nommé Guèye a soutenu avoir rendu l’appareil à Saliou Boy qui, à son tour, a confié le poste téléviseur à sa mère Fatou Binetou Thiam, établie à Niacoulrab de Keur Massar. Les hommes en bleu se sont rendus sur les lieux et ont constaté de visu la présence du butin des charretiers. «La télévision y a été retrouvée, soigneusement enveloppée dans un tissu et rangée dans la chambre de la maitresse des lieux», a rapporté le procureur de Pikine.
Saliou Boye, en fuite, serait à Kaolack ; toutes les unités de gendarmerie de la Légion en alerte ; trois individus dont une mère de famille gardés à vue
En fuite depuis le drame du samedi, Saliou Boye se trouverait à Kaolack. Toutes les unités de gendarmerie de la Légion sont en alerte et devraient procéder incessamment à son arrestation. A cette étape de l’enquête, note le procureur Seydi, trois personnes sont placées en garde à vue. Il s’agit du charretier Ousseynou Diop et des personnes qui ont reçu le poste de téléviseur, en l’occurrence, Khadim Guèye et Fatou Binetou Thiam.
Vieux Père NDIAYE
LE CERTIFICAT DE GENRE DE MORT CONFIRME LE VIOL
«Décès à la suite d’une asphyxie mécanique par strangulation»
Après avoir battu en brèche la thèse du crime crapuleux aux relents politiques, le procureur de Pikine martèle que cette affaire ne revêt aucune connotation politique. Aussi, a-t-il embrayé avec les conclusions du certificat de genre de mort établi le 9 octobre 2018 au nom de Mariama Sagna. Celle-ci est décédée «à la suite d’une asphyxie mécanique par strangulation» et que la «présence de signes d’agression sexuelle» a été notée.
V. P. NDIAYE