Alea jacta est. La majorité «mécanique» du pouvoir a entériné, hier, le projet de loi visant à modifier la Constitution du Sénégal que rejette l’opposition. En marge de cette journée de manifestations et de face-à-face avec les forces de l’ordre, plusieurs responsables de l’opposition ont été arrêtés. Parmi ceux-ci, le président de Rewmi, Idrissa Seck.
Son arrestation symbolise en elle-même le manque de sérénité des forces de l’ordre lors de la journée d’hier. Idrissa Seck a été arrêté sur l’avenue Cheikh Anta Diop, avec quelques-uns de ses militants, alors qu’ils se rendaient à l’Assemblée nationale. Une arrestation «injuste», parce que le leader de Rewmi a été arrêté loin de la zone délimitée par le fameux arrêté dit Ousmane Ngom. C’est en effet pas loin de l’université Cheikh Anta Diop qu’il a été arrêté.
Idy refuse de donner ses téléphones, des dizaines de militants de Rewmi rallient le commissariat de la Médina
Après avoir été arrêté, Idrissa Seck a été conduit au commissariat de la Médina avec ses militants. Une fois dans les locaux de la police, le commissaire lui a demandé de lui remettre ses téléphones. Le patron de Rewmi a catégoriquement refusé d’obtempérer, demandant au policier de lui notifier les raisons de son arrestation. Dès qu’ils ont été informés, des dizaines de militants de Rewmi ont rallié le commissariat de la Médina. Le face-à-face entre rewmistes et policiers aura duré plusieurs heures. Les grenades lacrymogènes jetées par les forces de l’ordre pour disperser les groupes de militants massés devant les lieux atteindront même l’intérieur de l’enceinte de l’hôpital Abass Ndao.
Idy déjeune, prend son thé, prie et fait sa sieste au commissariat
De sources sûres, Idrissa Seck, lors de sa «garde-à-vue», a fait comme si de rien n’était. En effet, selon notre source, le leader de Rewmi s’est comporté comme s’il était dans sa propre maison, un jour de repos. Le leader de Rewmi, nous dit-on, a non seulement pris un bon déjeuner et sacrifié à son devoir religieux en priant, mais il a même pris une bonne tasse de thé et s’est même permis d’observer une sieste. «Vous n’avez sans doute jamais eu un interpellé aussi à l’aise dans vos locaux», a lancé l’avocat Ndèye Fatou Ndiaye au commissaire de la Médina, alors qu’elle observait son client.
Idy au commissariat central avant de finir au commissariat du Plateau
Dans cette situation, le commissaire de la Médina cherche une solution pour se débarrasser de la «patate chaude». C’est ainsi qu’il décide de conduire «l’encombrant interpellé» au niveau du commissariat central. Là, après quelques minutes, «le colis» sera orienté vers le commissariat de Plateau. Les militants de Rewmi, très décidés, suivent la voiture et déplacent leur base en face du commissariat du Plateau. Là aussi, les combats sont engagés entre forces de l’ordre et militants de Rewmi. Les avocats Ndèye Fatou Ndiaye et Alioune Badara Fall rallient aussi le Plateau. Quelque temps après, ils seront rejoints par Mes Aly Fall, Borso Pouye. Les avocats demandent aussitôt à voir leur client. Mais, c’était sans compter avec l’opposition du commissaire. Il a fallu que les robes noires fassent appel à un huissier pour constat. Ce n’est que plus tard qu’ils seront autorisés à voir leur client. Pourtant, malgré tout cela, les avocats disent ne toujours pas connaitre les raisons pour lesquelles leur client est retenu.
Sidy Djimby NDAO