La commémoration de l’an 17 du naufrage du bateau «Le Joola» a été marquée par l’allocution de Suzanne Immaculée Diatta. La présidente des pupilles de la Nation, dans un message poignant, a émis le souhait d’une audience au palais et leur insertion professionnelle. Avant de demander : «À quand le renflouement de cet immense cercueil ? À quand notre deuil ?», demande-t-elle au chef de l’Etat. A qui elle sollicite de de retirer leurs papas, mamans et toutes les victimes de «l’eau glaciale». Le ministre lui, a préféré lancer un message de civisme et de patriotisme au lieu de répondre directement aux interpellations.
26 septembre 2002-26 septembre 2019, voilà 17 ans, jour pour jour, que le bateau «Le Joola» a sombré au large des côtes gambiennes. 1863 victimes qui ont laissé derrière elles des milliers d’enfants appelés pupilles de la Nation. Ces pupilles n’ont pas tous eu le même traitement. «Malgré la loi de 2006, il y a une discrimination qui exclut les orphelins à prendre en charge», selon la présidente des pupilles de la Nation, Suzanne Immaculée Diatta. Poursuivant, elle annonce leur souhait de rencontrer le président de la République «en tête à tête, sans intermédiaire». Elle réclame une audience avec Macky Sall pour discuter directement avec lui des principaux points qui leur tiennent à cœur. «À quand le renflouement de cet immense cercueil ? Quand est-ce que justice se fera ? À quand notre deuil ? Nous vous demandons, Monsieur le Président, de retirer nos papas, nos mamans et toutes les victimes de l’eau glaciale. La date du 26 septembre doit être déclarée jour férié». Suzanne immaculée Diatta d’ajouter : «nous demandons une audience sans intermédiaire au président de la République, pour évacuer une fois pour toutes les difficultés que nous, pupilles, vivons au quotidien. Nous sommes une jeunesse estudiantine diplômée et au chômage. Notre mal ne cesse d’augmenter à cause de cette souffrance qui ne cesse de grandir au fil des années».
«Une souffrance à durée indéterminée s’est installée en nous, dans un grand cimetière maritime, inaccessible à tous, au milieu de nulle part»
Suzanne Immaculée Diatta a essayé de montrer comment ils vivent ce choc traumatique qui hante leur sommeil. Elle confesse : «ce 26 septembre est une journée noire, sans pareille. Un sevrage brutal qui nous condamne à une vie sans affection et sans amour, avec des séquelles indélébiles. Une souffrance à durée indéterminée s’est installée en nous, dans un grand cimetière maritime, inaccessible à tous, au milieu de nulle part, où nous ne pourrons jamais aller nous recueillir».
Me Sidiki Kaba : «C’est à travers les dures épreuves que les grandes nations se construisent»
Malheureusement, le ministre des Forces armées, Me Sidiki Kaba, au lieu de répondre directement aux interpellations des pupilles, s’est borné à lancer un message de civisme et de patriotisme. «Je me souviens encore de cet élan de solidarité qui a motivé chacun d’entre nous lors de ce tragique accident. Le peuple s’était soudé comme un seul homme. C’est à travers les dures épreuves que les grandes nations se construisent. Nous devons œuvrer pour perpétuer la mémoire des victimes et faire en sorte que pareille tragédie ne se reproduise plus. Beaucoup de choses restent à faire, surtout dans le domaine de la sécurisation des personnes et des biens contre le grand banditisme, la criminalité transfrontalière et les trafics de tous genres. Il nous faut vaincre les démons de l’incivisme, du grand banditisme et faire face aux nouveaux enjeux sécuritaires afin d’asseoir les fondements d’un développement durable», ressasse Me Sidiki Kaba, ministre des Forces armées. Un discours hors de propos tenu pendant que les familles des victimes attendaient des actes concrets.
Baye Modou SARR