Les pluies diluviennes enregistrées durant la journée du samedi sur l’étendue du territoire national ont occasionné des inondations à Dakar, dans sa banlieue et à l’intérieur du pays. Une situation qui a plongé beaucoup de chefs de famille dans la désolation. En effet, les eaux pluviales ont envahi les maisons, délogeant du coup les occupants qui ont passé la nuit à la belle étoile. Les routes sont devenues impraticables. En plus des dégâts occasionnés et deux morts enregistrés dans certaines localités du pays.
Le Sénégal a renoué avec le spectre des inondations. C’est le moins que l’on puisse dire après les fortes précipitations enregistrées, ce week-end, notamment dans la journée du samedi, plongeant plusieurs localités dans les eaux. Ainsi, à Dakar comme dans sa grande banlieue et les régions de l'intérieur, les populations ont souffert le martyre, avec des eaux jusque dans leurs chambres. A l’extérieur, les routes envahies par les eaux pluviales mélangées par endroit aux eaux usées, sont devenues impraticables pour les automobilistes.
A Dakar, les principales artères de la capitale ont été envahies par les eaux rendant la circulation difficile pour les véhicules. Plusieurs quartiers ont également été inondés. C’est le cas aux Hlm 5, à Grand Yoff, à la Zone de captage, entre autres. Dans ces localités, certains occupants sont obligés de quitter leurs maisons pour élire domicile dans la rue en attendant de trouver un logement de fortune pour la nuit. A Cambérène, les désagréments causés par les inondations ont provoqué la colère des jeunes de la localité. En effet, ces derniers, une semaine après avoir enregistré la perte d’un des leurs, frappé par un pan d’un mur, à cause de la pluie, étaient courroucés de voir les eaux envahir leurs habitations. Ainsi, ils ont d'abord barré la Vdn provoquant un embouteillage monstre sur ce tronçon, ils ont ensuite brûlé des pneus et barré la route à hauteur du rond-point Case-bi.
Le calvaire des habitants de la banlieue
De Pikine à Rufisque, en passant par Guédiawaye, les fortes précipitations ont durement impacté les populations. Dans les communes de Pikine Ouest, Pikine Est et Pikine Nord, plusieurs quartiers ont été inondés et les routes impraticables. Le même constat a été noté dans la commune de Diamaguène Sicap Mbao où les eaux avaient déjà englouti plusieurs artères, écoles et maisons de la localité, avant les pluies du week-end. Du coup, ces fortes précipitations n’ont fait qu’accentuer le sinistre des habitants dont plusieurs ont été contraints de cohabiter avec les eaux dans les chambres, à défaut de quitter leurs domiciles. A Yeumbeul aussi, notamment à Tally Mame Diarra et Tally Carreaux, le trop plein d’eau sur ces principales artères s'est déversé sur les habitations.
Dans le département de Guédiawaye, aucune commune n’a été épargnée par les eaux pluviales. Les travaux du Brt qui traversent les communes de Sahm Notaire et de Golf Sud ont davantage accentué cette situation. Ainsi, à la cité Diounkhop, des maisons, les rues et la mosquée de la localité ont été envahies par les eaux, en dépit de la station de pompage. La route qui passe devant le commissariat central de Guédiawaye a été envahie par les eaux. Idem à Hamo 5 où le Poste de santé se noie dans les eaux. La devanture de la mairie de Wakhinane, les cités Comico, Ndiobène, Daroukhane et Gadaye également ont été envahies par les eaux. Même la Cité Sones, jadis jamais inondée, n’a pas échappé cette fois-ci aux inondations. Du coup, dans ces différentes localités, les habitants ont, durant des heures, tenté de lutter impuissants contre les eaux qu'ils déversent dans la rue à l’aide de seaux. D'autres, résignés, ont passé la nuit à la belle étoile.
A Rufisque, un agent de la Croix-Rouge électrocuté
Même décor dans la vieille ville de Rufisque où les inondations ont été à l’origine du décès d’un jeune volontaire de la Croix-Rouge. La victime est morte électrocutée en apportant son soutien aux habitants sinistrés. A Diamniadio également, les eaux ont envahi plusieurs quartiers et le cimetière de la localité. La route nationale submergée et coupée par les eaux.
Le cortège de Gakou bloqué par des manifestants à Takhikao, Thiès
Les régions à l’intérieur du pays abondamment arrosées par les fortes précipitations du week-end n'ont pas été épargnées par le spectre des inondations. C’est le cas dans la région de Thiès dont les 124 mm enregistrés ce samedi, soit la quantité totale de pluie enregistrée auparavant depuis le début de hivernage, a occasionné des inondations dans plusieurs quartiers de la cité du Rail. Ngent, Diakhao, Takhikao, Kawsara Fall, Médina Fall sont entre autres quartiers les plus affectés par les eaux de pluie. Des étendues d'eau stagnantes ont été notées à la devanture de la mairie de la ville de Thiès, mais aussi devant le commissariat central. A Kawsara, un mur de clôture d'une maison s'est affaissé. A Takhikao, les jeunes ont manifesté contre les inondations et bloqué le cortège du président du Grand Parti, Malick Gakou, en provenance de Tivaouane où il présentait ses condoléances suite au rappel à Dieu du porte-parole du Khalife, Pape Malick Sy. Malick Gakou a compati au sort des sinistrés avec une randonnée au niveau du quartier, avant de contribuer à hauteur de 250.000 francs pour accompagner ces jeunes dans la recherche d’une solution provisoire. La ville sainte de Tivaouane n’a pas été épargnée par les eaux, notamment le quartier Djeddah. Dans le département de Mbour, le stade Caroline Faye est devenu un vaste bassin de rétention des eaux pluviales. Les routes secondaires de la commune devenues impraticables. Même constat à Saly, Nianing et Nguékokh.
Un garçon mort noyé à Ndiaffate, Kaolack
Dans la région de Fatick, les eaux de pluie ont occasionné d’importants dégâts avec plusieurs maisons qui se sont affaissées. La commune de Sokone avec plus 230 mm a été la plus touchée. Même le domicile du Khalife El Hadj Amadou Dème a été envahi par les eaux. Le bétail du chef de quartier de la localité a également disparu à cause des fortes précipitations. Le pont pour rallier la ville de Sokone a cédé du fait des eaux. La région de Kaolack, déjà touchée par les inondations, s’est retrouvée sous les eaux avec ces fortes pluies supplémentaires qui ont atteint 200mm par endroit. Ce qui a occasionné la mort par noyade d’un garçon à Ndiaffate dont le corps a été retrouvé hier avant d’être acheminé à l'hôpital régional. Avec des précipitations qui ont atteint 103 mm à Nganda et 133 à Ribo Escale, les habitants de la région de Kaffrine ont pataugé ce week-end. Beaucoup de quartiers comme Diamaguène et Kaffrine 2 sont encore sous les eaux.
En cette période hivernale où la région de Ziguinchor a franchi la barre des 1000 mm avec les précipitations du week-end, les inondations se sont accentuées dans cette partie du pays. Plusieurs quartiers de la ville, ainsi que des villes périphériques ont été envahis par les eaux. Ce qui a entravé la circulation des véhicules et des motos Jakarta. La région de Kédougou qui est une région pluvieuse a cependant été épargnée par les inondations à cause d’un déficit pluviométrique. En effet, Kédougou n’a enregistré que 385 mm depuis le début de l’hivernage, contrairement à l’année dernière où la région avait enregistré en cette période un surplus de 144mm.
Moussa CISS
FORTES PRECIPITATIONS DU WEEK-END
Macky Sall compatit au sort des sinistrés et déclenche le plan Orsec
En attendant de faire la lumière sur le rapport détaillé du Plan décennal de lutte contre les inondations (2012-2022) d’un pactole de 750 milliards francs Cfa, le président de la République a «exprimé sa solidarité a tous ceux qui ont eu des sinistres» durant ces fortes précipitations, avant de demander au ministres de l'Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye de déclencher le Plan national d'organisation des secours (Orsec) destiné à apporter une réponse rapide et efficace à cette problématique des inondations.
M. CISS