
Les travailleurs des structures de l’Etat licenciés se sont réunis autour d’une entité dénommée rassemblement des travailleurs du Sénégal. Ils ont décidé de faire bloc pour défier l’Etat dans les juridictions.
La longue liste de travailleurs envoyés au chômage a poussé ces licenciés à s’organiser autour du Rassemblement des travailleurs licenciés du Sénégal. Ces ex-travailleurs ont fait face à la presse hier pour manifester leurs courroux et déception. Prenant la parole au nom de ses camarades, Boubacar Fall regrette : «nous sommes victimes des licenciements abusifs, des ruptures de contrats, des salariés rétrogradés, de rétention de salaires de manière illégale». Ainsi, il fait savoir : «nous allons déposer des demandes de marches pour dénoncer ces pratiques aux antipodes de la politique de l’emploi des jeunes».
«C’est l’Etat qui montre au privé la voie pour mettre des pères de familles au chômage»
Face à cette situation qui a comme conséquence une longue liste d’employés envoyés au chômage, le coordinateur du rassemblement énumère chiffres et structures de l’Etat qui ont envoyé au chômage ces travailleurs. «C’est l’Etat qui montre au privé la voie pour mettre des pères de familles au chômage. Au Port c’est 781 licenciés, Lonase (173 licenciés), la Saf industrie (161 licenciés), Sapco (85 licenciés), Fongip (13 licenciés), Promise (35 licenciés), Dakar Dem Dikk (25 licenciés), Onas (273), Radisson (12), bases françaises (162 en téléchargement), Gds (126), Cdc/habitat (15), ministère Mines (44), la Direction de l’emploi (93), Aibd (500 agents pour motif économique). Ce nombre dépasse les 3000 employés licenciés et répertoriés dans différentes structures étatiques, sous le fallacieux motif de licenciement économique», dénonce-t-il avec inquiétude.
«Ces managers ne sont pas à la place qu’il faut»
Partant de ces constats, le rassemblement va tenter des actions judiciaires pour contrer ces structures de l’Etat qui ont envoyé ces travailleurs au chômage. «Sur le plan judiciaire, beaucoup de ces travailleurs ont gagné leurs procès au niveau de l’inspection et l’action judiciaire se poursuit au niveau des tribunaux. Nous demandons à l’Etat de rétablir ces travailleurs dans leurs droits». Très frustrés contre ces motifs économiques jugés «fallacieux», le coordonnateur s’interroge. «Si ces managers n’arrivent pas à trouver des solutions outre que de licencier, c’est qu’ils ne sont pas à la bonne place ou ils veulent simplement faire de la politique, licencier pour recruter des militants de Pastef», dit-il.
«Khafor Touré avait laissé des milliards et un patrimoine à son successeur»
Prenant la parole au nom des licenciés de la filiale de la Caisse de dépôts et consignation (Cdc/habitat), Pape Mama Fall est revenu d’abord sur les échanges qu’ils ont eus avec Fadilou Keïta, Directeur général de la Cdc pour camper leur situation. «Abdou Khafor Touré avait laissé des milliards et un patrimoine. A notre grande surprise, le 1er janvier 2025, le Dg de la Cdc nous a surpris en disant qu’il va procéder à un dégraissement du personnel pour crise économique. Aucune lettre nous a été transmise pour justifier le motif économique», raconte-t-il avant de préciser qu’il a appelé individuellement le personnel qu’il a choisi de licencier dans son bureau. «Ce qui nous étonne, pour quelqu’un qui a des difficultés économiques, comment peut-il se permettre de quitter le siège de la Cdc pour louer un siège au Point E ? Tous les licenciements sont basés sur la politique», dénonce le représentant des agents.
Karim Xrum Xax : «Je me demande par-là dans quel Sénégal nous sommes ?»
Présent à la rencontre, Karim Guèye s’indigne et manifeste sa déception après avoir combattu le régime de Macky Sall. «Je suis déçu de ce que je vois et de ce que ce régime nous fait vivre. J’implore le président de la République et le Premier ministre à résoudre cette problématique qui ne nous honore pas, nous qui avons lutté mordicus pour les installer au pouvoir. Ils doivent se souvenir que nous nous sommes battus pour qu’ils règlent les difficultés sans distinction d’appartenance politique ou sociale», rappelle-t-il. «Je me demande par-là que dans quel Sénégal nous sommes ? J’ai contacté mon frère Waly Diouf Bodiang sur ces licenciements. Mais après recoupements, j’ai constaté que ce qu’il m’a donné comme prétexte est loin de la réalité. C’est ahurissant et c’est le cas au Fongip ou des stagiaires ont été mis à la place des personnes chevronnées qui avaient des CDI», dénonce l’activiste qui appelle ces travailleurs à manifester autrement le 1er mai.
Baye Modou SARR