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LICENCES DE PECHE : Le Gaipes passe à la loupe des pratiques horribles, met à nu les prête-noms, et dénonce la corruption qui gangrène le secteur



LICENCES DE PECHE : Le Gaipes passe à la loupe des pratiques horribles, met à nu les prête-noms, et dénonce la corruption qui gangrène le secteur

 
 
 
 
 
La publication de la liste des navires autorisés à pêcher dans les eaux sous juridiction sénégalaise a révélé, selon certains membres du Gaipes, des horreurs dans l’attribution des licences, notamment entre 2019 et 2024, une période durant laquelle 101 licences de pêche ont été délivrées, dont 52 en avril 2020 en plein Covid-19. Ce, en dépit des dénégations du ministre d’alors. S’ajoutent à ce tableau sombre des actionnaires qui n’existent que sur le papier. Sans occulter la gangrène de la corruption dans le secteur avec la vente des licences de pêche aux Chinois.
 
 
Suite à la publication de la liste des navires autorisés à opérer dans les eaux sous juridiction sénégalaise, un atelier d’échanges entre le Groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal (Gaipes), le Forum civil et les journalistes a été organisé dans le cadre d'une journée de redevabilité halieutique initiée par le Forum civil. Une occasion pour les acteurs de revenir sur les enjeux de la publication de la liste des navires. En effet, la publication de cette liste par les nouvelles autorités a levé le voile sur le pillage organisé de nos ressources halieutiques avec, en toile de fond, une opacité dans la délivrance des licences de pêche. Dans sa présentation, Fatou Niang Ndiaye, poissonnière, membre du Gaipes, est revenue sur cette situation grave de la pêche avec notamment les dessous du blocage de la publication de la liste des navires depuis 2019. « Quand on a reçu le listing de 2024, on a comparé au dernier listing de 2019 et nous avons vu avec grande surprise qu’il y a eu plus d’une centaine de nouvelles immatriculations. A titre d’exemple, pour toute la pêcherie industrielle, nous étions de 1960 à 2019 à 120 bateaux avec des licences de pêche. En cinq ans, de 2019 à 2024, 101 nouvelles immatriculations ont été enregistrées », se désole de constater Mme Ndiaye qui fait remarquer que les nouvelles immatriculations se font généralement à la veille d’élections ; que ce soit en 2011, en 2018, etc. En tout état de cause, elle regrette cette situation alarmante qui explique la raison pour laquelle cette liste n’a pas été publiée. Poursuivant, elle révèle, parmi cette centaine de chalutiers nouvellement immatriculés, que 52 disposaient de la licence de pêche et 49 n'en disposaient pas. 
 
52 licences de pêche délivrées en 2020 en plein Covid, malgré les dénégations du ministre
 
Toujours, dans sa présentation, Mme Ndiaye a révélé que ces 52 licences ont été octroyées en avril 2020, durant la pandémie du Covid-19. « En avril 2020, en plein Covid, alors que tout le pays était à l’arrêt, le ministre des Pêches d’alors avait convoqué une session d’attribution des licences avec 52 chalutiers. Nous (Gaipes) avions dit qu’il n’y avait pas urgence à analyser le cas de ces 52 navires. En plus, à cette époque, tout le pays était confiné, à l’arrêt. Quelle était l’urgence d’appeler pour faire entrer dans le pavillon 52 licences ? Le ministre niait avoir signé des licences aujourd’hui, on voit que ces licences avaient été bel et bien signées et qu’ils ont introduit progressivement ces licences dans la pêcherie », annonce la poissonnière, avant de poursuivre : « sur les 52 licences délivrées en 2024, 41 bateaux, soit 80%, ont été attribués sur la pêche démersale profonde, option poisson. Jusqu’en 2019, il n’y avait que deux bateaux sur cette pêcherie. En 2024, nous nous retrouvons avec 43 bateaux alors qu’il n’y a aucune étude qui dit qu’il y avait une ressource suffisante sur cette pêcherie pour qu’on ait une augmentation aussi exponentielle du nombre de bateaux. Ce qui est frustrant et on se demande comment notre pays a pu en arriver là », s’indigne Fatou Niang Ndiaye.
 
Ce qu’on voit débarquer dans le quai, c’est tout sauf du merlu
 
A l’en croire, pendant les 12 ans du précédent régime, celui qui s’était engagé à sortir les bateaux russes, a fait entrer au Sénégal une centaine de bateaux. « C’est le pire cauchemar de ce secteur depuis que le Sénégal existe. C’est des nationalités qui ont été distribuées sur des critères catastrophiques ; alors que ces bateaux ont un passé de pêche illégale non réglementée et partout où ils sont passés, ils ont mis le secteur à terre », fulmine Mme Ndiaye. Elle précise, en outre, que cette licence de pêche ne donne droit qu’à des captures de merlus. Mais, elle se rend compte que ces bateaux débarquent tout sauf du merlu. « On peut nous cacher la liste des navires, les immatriculations et les zones de pêche, mais ce qu’on voit débarquer dans le quai au molle 10, c’est tout sauf du merlu », ajoute Mme Ndiaye.
 
Faire l’état du pavillon Sénégal
 
Face à cette situation, Fatou Niang Ndiaye recommande aux autorités de faire la lumière sur les activités de toutes les bateaux battant pavillon Sénégal. « Nous ne pouvons pas être dans un secteur où on ne sait pas qui fait quoi. Cela entraîne des soupçons sur des gens qui travaillent dans ce secteur depuis plus de 40 ans et qui se retrouvent à la loupe parce qu’envahis par des fraudeurs et des tricheurs. Et le seul moyen de tirer la lumière sur ça, c’est de faire l’état du pavillon Sénégal. Qui sont les détenteurs de ces licences ? Est-ce qu’ils ont le droit de détenir ces licences ? Où, quand et comment ils pêchent ? Au-delà de la centaine de bateaux, il faut ausculter tout le secteur, tous les bateaux », préconise Mme Ndiaye, avant de marteler : « à chaque fois que le secteur était en crise, cela été le résultat d’un leadership trouble aux conséquences désastreuses. Si le ministre n’avait pas publié cette liste, nous ne saurions pas qu’il y a 52 bateaux qui nous pillent et 49 qui nous menacent. On comprend pourquoi cette liste était cachée parce qu’elle comporte des horreurs », tranche la poissonnière qui invite les autorités à maintenir la transparence dans le secteur de la pêche.
 
Actionnaires prête-noms 
 
Il a été par ailleurs soulevé la constitution des actionnaires des bateaux battant pavillon Sénégal. Pour Mme Ndiaye, l’Etat, a les moyens de vérifier si la constitution du capital a 51% est respectée ou pas. A l’en croire, ceux qui respectent la loi dans le cadre de cette constitution mixte peuvent rester, par contre, ceux qui ne respectent pas la loi doivent quitter même s’ils sont membres du Gaipes. L’Etat, ajoute Mme Ndiaye, doit clarifier la constitution des sociétés mixtes. Seulement, elle se désole de constater qu’un audit technique et financier a été commandité et n’a jamais été publié. Cependant, Modou Mbengue du Bureau des organisations des pêches est d’avis qu’il appartient au Sénégalais qui a 51% des actions de s’imposer dans le cadre de ces partenariats au lieu de laisser les partenaires avec le produit de la pêche. De l’avis de Libasse Diop du Gaipes, la part de 51% ne figure que sur le papier. Ces Sénégalais, dit-il, sont des prête-noms. « Comment un directeur détenteur à 51% des actions d’un bateau se retrouve à la fin du mois à acheter du poisson comme tous les autres Sénégalais ? », s’interroge M. Diop. Revenant sur les rapports et liste des navires, Modou Mbengue annonce qu’à chaque fois qu’il y a une immatriculation, le département de la statistique comptabilise et remet les résultats à l’autorité. Poursuivant, il révèle qu’il appartient au ministre de donner suite à cette liste.
 
Un secteur corrompu
 
Le patron de la Cnes Adama Lam n’y va pas par quatre chemins pour pointer la corruption comme étant à l’origine de cette situation. « C’est la corruption qui a amené tout ça. Les licences sont vendues aux Chinois à 100 millions. Pour les 101 navires, cela fait 10 milliards partagés entre ces acteurs ; en plus d’autres subsides distribués mensuellement. Le secteur est corrompu par plusieurs acteurs. Tant qu’on ne se débarrasse pas de cette gangrène, les difficultés du secteur vont persister », sérine M. Lam. Pour l’agent du ministère des Pêches, Modou Mbengue, cette corruption allégée avec la vente des licences de pêche à 100 millions se fait par des voies détournées et ne concerne nullement l’administration. En marge de cette rencontre, il a été fait cas du carton jaune de l’Union Européenne à notre pays. Pour Fatou Niang Ndiaye, cet avertissement vient corroborer le doute qu’avaient beaucoup d’acteurs sur ces nouvelles immatriculations des bateaux qui avaient un passé de pêche INN et qui débarquent sur nos côtes. « Nous avons deux mois pour réfléchir et pour apporter des réponses à l’Union Européenne. Nous voulons que ce carton jaune puisse apporter des réponses claires à la pêche et que ça ne pose pas d’autres questions à la durabilité sur la pêche », indique Mme Ndiaye.
 
M. CISS
 
 
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