De faux cheveux, de faux ongles, de faux cils, des produits pour se décaper la peau ou encore pour faire grossir les seins et les fesses ; avec les femmes, les recettes pour séduire, il y en a toujours. Depuis quelques années, la nouvelle tendance, qui fait rage chez les jeunes femmes, c’est le port de fesses et hanches artificielles. Ce phénomène de fesses artificielles, considéré comme la solution la plus pratique, la plus rapide et la moins nocive pour avoir des rondeurs, est devenu l’apanage des jeunes filles qui cherchent par tous les moyens à paraître plus attirantes. Il faut juste se rendre dans les différents marchés de la capitale pour apprécier le chef-d’œuvre.
Si certaines jeunes femmes surveillent leur alimentation en suivant des régimes très stricts, afin de garder la ligne, d’autres cherchent à parfaire leurs rondeurs. En effet, pour exprimer leur féminité, certaines jeunes femmes ne ménagent aucun effort pour ressembler davantage à la vraie femme africaine, callipyge ou stéatopyge, avec des formes généreuses. De la prise de médicaments au port de combinaison de faux fessiers, les femmes ne laissent rien de côté pour plaire davantage. Il y en a même qui font recours à la chirurgie pour avoir des fesses galbées. Elles déboursent des sommes faramineuses pour soigner leur apparence.Il est 12h au marché Hlm de Dakar, des va-et-vient incessants campent le décor de ce haut lieu du commerce dans la capitale. Juste à l’entrée du marché, on est accueilli par des étals où sont accrochés des culottes et cuissards rembourrés de laine ou de coton au niveau des fesses et hanches.
Les jeunes femmes de 20 à 45 ans sont les principales utilisatrices
Ces vendeurs de sous-vêtements féminins qui proposent ces culottes de faux fessiers aux jeunes femmes désireuses d’avoir des rondeurs ne se plaignent pas. Si l’on en croit Demba Niasse, l’un des vendeurs de ces produits, ces culottes qui s’arrachent comme de petits pains sont généralement achetées par les jeunes dames, dans la tranche d’âge de 20 à 45 ans, mariées et célibataires confondues. «Nous rendons grâce à Dieu, nous ne nous plaignons pas du tout. Les affaires marchent bien. Ce n’est plus un secret, la femme sénégalaise, bien qu’elle soit naturellement belle, adore séduire, alors puisque la nature n’est pas assez généreuse avec toutes les femmes, certaines d’entre elles qui ne sont pas très satisfaites de leurs formes cherchent des moyens de les parfaire», a-t-il fait savoir.Avant l’avènement de ces culottes, elles avaient recours aux médicaments et autres astuces comme les pommades «boobaraba», qui ont leur lot d’effets secondaires. Mais, depuis l’arrivée de ces culottes, les femmes désireuses de plus de rondeurs y ont jeté leur dévolu. «Ces fausses hanches et fessiers sont plus sûrs au plan sanitaire que les comprimés, parce que les comprimés peuvent provoquer des insuffisances rénaux avec leurs innombrables effets secondaires», confie une des utilisatrices.
Une autre mise sur la facilité d’utilisation. «Il y en a deux types : celui qui permet d’augmenter les fesses et celui pour les hanches. En un rien de temps, il est bien possible d’avoir des fesses ou un bassin bien rebondis, avec le volume souhaité. Ces faux fessiers sont faits seulement avec des culottes rembourrées avec de la laine, de la mousse ou du coton», déclare-t-elle.
Selon cette vendeuse trouvée au marché Hlm, le business marche très bien. «Nous recevons beaucoup de commandes. Des femmes viennent souvent en groupe pour en chercher. Elles veulent des fesses bien rebondies qui tiennent leur tailles basses et nous avons ce qu’il leur faut», dit-elle.
Moins de 2500 francs pour avoir de belles hanches et des fesses arrondies
La majorité des vendeurs se les procure auprès des fournisseurs chinois, tandis que d’autres achètent des cuissards et la balle d’épaulettes dans les friperies pour en confectionner eux-mêmes. Ainsi, le prix varie selon la qualité. D’après Demba Niasse, certains commerçants vendent les hanches seules à 2000 F Cfa et les hanches avec fesses à 2500 F Cfa. Alors que, poursuit notre interlocuteur, d’autres les vendent à, 1500 F Cfa pour les hanches et 1750 F Cfa pour les hanches avec fesses.«J’en ai une bonne douzaine, je ne peux plus m’en passer et j’assume»
Avoir des fesses galbées avec de faux fessiers est devenu une mode chez les jeunes femmes. Si certaines assument leurs formes, d’autres, par contre, sont prêtes à tout pour paraître plus séduisantes. C’est dans cette perspective que, pour les adeptes des faux fessiers, aucun sacrifice n’est de trop pour capter l’attention de leur entourage. Effet de mode ou pas, les adeptes ont chacune leurs raisons. «Ce n’est pas forcément pour paraître plus ronde. Il y a des tenues qui ne vont qu’avec un bassin bien galbé, d’autres qui nécessitent de fortes cuisses. J’en ai acheté, mais je ne les mets qu’avec certaines tenues», confie cette jeune dame d’une trentaine d’années.Quelques minutes de marche et nous rencontrons, devant un autre étal, une jeune fille d’environ 25 ans, qui nous livre ses raisons. «Je n’ai jamais été très fière de mes formes. Je trouve qu’elles ne sont pas aussi rondes que je le voudrais, donc je cherche un moyen de combler ce manquement depuis bien des années, avec des comprimés, des pommades. Mais quand j’ai découvert ces fausses fesses, cela m’a simplifié la vie. J’ai toujours développé un complexe par rapport à mes formes. Quand je vois des filles de ma famille et de mon entourage se dandiner avec leurs belles rondeurs, je me demandais toujours comment je pourrai en avoir. Maintenant, j’en ai une bonne douzaine. Et je ne peux plus pouvoir m’en départir», confie la demoiselle.
La faute des hommes, qui préfèrent nettement les femmes aux formes généreuses
Une autre utilisatrice accuse la gent masculine: «La vérité, c’est que les hommes adorent les rondeurs, et puis on est en Afrique, et j’ai souvent entendu ma grand-mère dire qu’une vrai femme africaine doit avoir des rondeurs. Au début, je ne voulais pas y accorder trop d’importance, mais j’ai fini par me rendre à l’évidence. Si on en est là, c’est la faute des hommes qui préfèrent nettement les femmes aux formes généreuses. Il fallait que je trouve une solution et c’est là qu’une amie m’a parlé de ces produits. J’en utilise et j’assume ; cela me procure plus d’assurance».A côté des fesses artificielles, il y a aussi les gaines-fessiers qui permettent de faire remonter les «fesses tombées» et les faux seins qui donnent plus de tonus à la poitrine.
«Je suis certaine qu’il y en a qui ont été éconduites lors de leur nuit de noces, après avoir tout enlevé»
Ces accessoires subtils pour se rendre belle, tout un arsenal d’effets de beauté pour attirer le regard, les femmes mettent tous les atouts de leur côté pour paraître plus séduisantes, quitte à s’approprier un faux physique qui risque pourtant de leur jouer des tours, tout ou tard.La quarantaine passée, cette dame qui n’approuve certainement pas ces pratiques, invite les jeunes femmes à avoir plus confiance en elles et au naturel. «Il y en a qui ressemblent à des poupées, tellement tout est artificiel chez elles. C’est bien facile d’amener un homme à te désirer avec des fausses fesses ou encore de fausses hanches, mais, si jamais les choses deviennent sérieuses et que l’on soit obligée de tout enlever, je me demande bien si elles pensent à cette partie. J’en suis certaine, il y en a qui ont été éconduites lors de leur nuit de noce à cause de ça», taquine-t-elle.
Pour ce jeune homme, les rondeurs sont belles à voir, certes, mais attention aux fausses. «Si jamais je rencontre une femme artificielle, comme on les appelle, je serais très déçu, parce que rien n’est plus beau que le naturel. Le pire, c’est que l’on peut être mené en bateau très facilement par ces différents produits qui frôlent la perfection de visu. Avec ces faux seins et fessiers, les femmes cachent leur vrai valeur», dit-il.
Ce phénomène des accessoires de mode pour avoir des rondeurs est devenu une nouvelle tendance dans beaucoup de capitales africaines. Derrière des fesses sexy et bien galbées, peut se cacher de la laine ou de la mousse, comme quoi, toutes les rondeurs ne sont pas naturelles.
Ndeye Khady D Fall