Deux mois après le massacre de Boffa Bayotte, l’Armée nationale, qui y avait mené une opération de nettoyage, a repris service. En effet, depuis ce week-end, l’armée lâche des bombes dans le secteur de Niassya, qui abrite la base de Kagitt, principal sanctuaire de la faction de César Atoute Badiate. D’ailleurs, cette reprise des bombardements n’a guère surpris les observateurs avertis de cette crise en Casamance. Car, depuis quelques jours, on a noté un grossissement de l’effectif de l’armée dans le secteur de Niassya et de Boffa Bayotte. «Il y a des effectifs constitués essentiellement de forces spéciales qui sont arrivées depuis quelques jours à Niassya. Elles sont venues prêter main-forte aux autres éléments sur le terrain, afin de mener à bien les opérations de nettoyage et de sécurisation», confie une source proche de l’armée. Ce dernier d’ajouter : «c’est une unité commandée par un capitaine et qui est installée à Nyassia».
Un soldat mort, un autre blessé grièvement. Deux rebelles arrêtés et trois champs de chanvre indien détruits
Le premier bilan est très lourd. Bilan : un soldat est tombé sur le champ de bataille et un autre est grièvement blessé. Selon les informations reçues d’une source très proche de la Grande muette, les affrontements ont été très rudes entre les militaires et les rebelles de la faction de Kassolol dirigée par César Atoute Badiate. «Une centaine d’hommes issus d’une force spéciale de l’armée est venue en appui aux soldats en faction dans l’arrondissement de Niassya pour un ratissage de la zone», fait savoir notre source. Qui ajoute : «ce ratissage émane de la volonté de nos supérieurs hiérarchiques qui entendent en finir avec les éléments rebelles de Kassolol».
La source d’ajouter : «nous allons poursuivre le travail jusqu’à ce que la base de Kassolol soit démantelée. Les soldats sont des professionnels aguerris qui font très bien leur travail. Nous invitons les populations au calme et leur assurons que ce nous sommes en train de faire, c’est pour leur sécurité et bien-être. Si le travail est terminé, elles seront en toute sécurité et vaqueront tranquillement à leurs occupations».
La Dirpa confirme : «L’armée poursuivra les opérations de sécurisation aussi longtemps que c’est nécessaire»
D’ailleurs, hier, en début de soirée, la Direction des relations publiques des armées (Dirpaà a publié un communiqué dans lequel elle a confirmé la mort d’un soldat et un autre grièvement blessé. «Ce ratissage vise à démanteler les bases et zones de transit supposées de trafic de drogue et de coupe illicite de bois, dans la forêt classée de Bayotte», peut-on lire dans le communiqué de l’armée parvenu à la presse en début d’après-midi. Poursuivant, l’armée a déclaré : «au cours de la conquête de la base de Ahinga, deux rebelles ont été fait prisonniers avant d’être mis à la disposition de la gendarmerie». L’armée a, en outre signalé que «trois champs de chanvre indien ont été détruits et des armes de guerre et des munitions ont été saisies». Toujours, dans le communiqué, l’armée a réitéré sa détermination. «L’armée nationale poursuivra avec détermination les opérations de sécurisation aussi longtemps que c’est nécessaire afin de garantir la libre circulation des personnes et la préservation de leurs biens».
L’armée fait son devoir, selon Robert Sagna
Interpellé sur le ratissage que mène l’armée dans le secteur de Niassya, Robert Sagna n’a pas porté de gants pour magnifier ce que la Grande muette est en train de faire. A l’en croire, celle-ci est en train de faire son travail pour la sécurité des citoyens. «Je n’ai pas de souci par rapport au ratissage, l’armée fait son devoir. J’ai même rendu un hommage à cette armée par la manière avec laquelle elle gère la situation», indique-t-il. De l’avis du président du Groupe de réflexion pour la paix en Casamance (Grpc), la situation du sud est très particulière, depuis les meurtres de Boffa. Donc, note-t-il, l’armée fait des ratissages, assure la sécurité des populations. «Ce n’est qu’un épisode, il n’est pas appelé à perdurer, se perpétuer. C’est une action ponctuelle et dont les causes ne sont pas liées au processus de recherche de l’indépendance de la Casamance. Je reste persuadé que dans les jours et semaines qui viennent, ces ratissages vont s’arrêter. Et l’armée aura atteint ses objectifs», a laissé entendre le président du Grpc, à la suite de sa rencontre avec les populations de Kourégue, village situé à quelques encablures de la Gambie.
Les éléments du Mfdc de Salif Sadio ont décidé de ne plus reprendre les armes, faire des braquages
Suite au huis clos avec les éléments du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc), Robert Sagna a fait la somme de cet entretien. «Les éléments du Mfdc ont réaffirmé leur décision de ne plus reprendre les armes, de cesser les braquages. Également, leur préoccupation reste l’unité interne. Et enfin, leur volonté de pouvoir renforcer cette unité pour pouvoir enfin engager des négociations sérieuses avec l’Etat du Sénégal», a déclaré Robert Sagna, président du Groupe de réflexion pour la paix en Casamance.
Ahmet COLY
Le militaire tué Pape Ndiaye est originaire de Thiès au quartier Hersant
Nous en savons un peu plus sur le militaire qui a trouvé la mort en mission commandée. Ce jambar, héros qui mérite l’hommage de la Nation qui doit l’honorer s’appelle Pape Ndiaye. Il est originaire de Thiès, plus précisément du quartier Hersant. Hier, des prières ont été formulées par ses amis et parents qui ont révélé que Pape a perdu la vie suite à une opération de démantèlement d’une base rebelle. «Les Echos» présente à ses parents, au chef de l’Etat, à l’armée et à l’ensemble de la Nation ses condoléances.