
Les avocats du leader de Pastef ont effectué une visite mouvementée hier à la cité Keur Gorgui où ils étaient allés rendre visite à leur client. En effet, ils ont été interdits d’accès avant d’être gazés par les forces de l’ordre. A les en croire, cette séquestration est une violation flagrante de la loi par le ministre de l’Intérieur. De l’avis de Me Khoureyssi Ba, le crime de persécution peut être visé devant la Cour pénale internationale.
A la suite des membres de la représentation nationale de Pastef qui ont été gazés pour avoir décidé de rendre visite à leur leader Ousmane Sonko à la cité Keur Gorgui, c’était hier au tour de ses avocats d’inhaler les gaz lacrymogènes. En effet, le pool d’avocats composé, entre autres, de Mes Khoureyssi Ba, Etienne Ndione, Youssoupha Camara, Abdy Nar Ndiaye, a décidé de rencontrer leur client pour s’enquérir de sa situation, après son arrestation sur la route de Koungheul et sa «séquestration» à domicile. De l’avis de Me Youssoupha Camara, si les avocats sont venus, c’est pour écouter de vive voix leur client qui ne pouvait pas quitter son domicile. Malheureusement, il était impossible pour eux de franchir les nombreuses barrières érigées dans toutes les artères qui mènent au domicile de Sonko. Dès la première barrière de sécurité, les avocats se sont heurtés au refus catégorique du commissaire Sow de Dieuppeul, qui oppose des «instructions» reçues des autorités, sans autre précision. Pire, ils ont été gazés à coup de grenades lacrymogènes.
Des restrictions des libertés constatées par un huissier de justice saisi par le pool d’avocats lors de cette visite mouvementée. Me Youssoupha Camara est d’autant plus indigné que l’un des projectiles de la police a failli atteindre son confrère Me Khoureyssi Ba à la tête. «Si Me Ba ne s’était pas courbé pour monter dans le véhicule, il allait recevoir le projectile à la tête», se désole de constater l’avocat. «On ne peut contraindre une personne à résidence surveillée sans disposer au préalable d’une décision administrative ou judiciaire. Cela prouve que nous sommes dans une dictature», charge la robe noire, qui perçoit à travers cette violence policière un régime finissant qui panique.
Me Khoureyssi Ba a également dénoncé la posture des forces de l’ordre. A l’en croire, par respect à leur chef, en l’occurrence le procureur, ils (les policiers) devaient agir autrement devant des avocats qui sont censés les défendre lorsqu’ils ont des problèmes. «Je m’en suis tiré par la grâce de Dieu, je pouvais y rester. Je pourrais porter plainte pour tentative d’assassinat», explique l’avocat.
Revenant sur la séquestration de Sonko, il révèle que cette situation ne peut plus perdurer. «Nous sommes venus avec un huissier. On ne peut pas séquestrer un citoyen de la sorte, restreindre ses mouvements et l’empêcher de vaquer à ses occupations. Ousmane Sonko est en prison chez lui», indique-t-il. Ce qui lui fait dire que le leader de Pastef est victime de «voies de fait».
Mieux, il annonce des requêtes possibles. «Si cela nécessite un référé devant la Cour suprême, on le fera. Le Conseil constitutionnel peut aussi se prononcer sur cette affaire. Même le crime de persécution peut être visé. Cela fait partie des crimes contre l’humanité et dans cette juridiction, ça passe comme lettre à la poste. Je suis inscrit à la Cour pénale internationale depuis 2011, mais je suis gêné d’intenter un procès contre mon pays. Mais, si dans mon pays, on veut me tuer, je suis obligé de le faire. Le Conseil de l’Ordre, à travers le bâtonnier, sera aussi informé», annonce Me Khoureyssi Ba.
Moussa CISS