
La mort du rappeur Baba Kana a surpris plus d’un lors des manifestations violentes à Dakar après le verdict condamnant Ousmane Sonko. Sa famille, pour rétablir la vérité, a publié un communiqué. Non seulement, indique la famille, Baba Kana a pris une balle alors qu’il n’était pas avec les manifestants, mais il a été torturé par les policiers. L’autopsie de son corps a parlé.
Triste fut le destin de Baba Kana. Le communiqué de la famille de Abdoulaye Kamara, plus connu sous le nom de Baba Kana, fait froid dans le dos. Revenant sur le déroulement des faits, la famille du rappeur renseigne que c’est le samedi 3 juin aux alentours de 18 heures que Abdoulaye Kamara est parti rendre visite à son ami Lamine Baldé aux Hlm. «Sur le chemin du retour, à Niary-Tally, il a rencontré une foule de manifestants et de policiers qui se faisaient face et il a voulu traverser. C'est là qu'il a reçu une balle», relate ainsi la famille. Qui poursuit : «les policiers l’ont ainsi récupéré et ont commencé à le trainer par terre comme on le voit dans les vidéos filmées et partagées sur les réseaux sociaux. Dans les vidéos, on voit un policier l’assommer d’un coup de fusil et un autre lui donner des coups de pied».
Parcours du combattant pour le trouver
Dès que la famille a eu vent de l’histoire, les recherches pour retrouver le corps de Baba Kana ont été entamées. «Les membres de sa famille se sont d’abord rendus au commissariat de police des Hlm, les agents sur place ont affirmé qu'il ne s'y trouvait pas. Puis ils ont enchaîné au district sanitaire des Hlm, là aussi aucune trace. Ensuite ils ont fait le tour des commissariats de Dakar et des hôpitaux en petits groupes séparés, mais sans suite», fait savoir le communiqué. «Les recherches ont continué toute la journée du dimanche. Ils ont fait des allers-retours au commissariat de Hlm, de Dieuppeul, de Central en vain. C'est vers 23 heures que certains membres de la famille et ses amis ont reçu une vidéo dans laquelle on identifie clairement Abdoulaye Kamara grâce notamment à sa corpulence, aux habits qu’il portait et à ses rastas». Là, les membres de la famille se sont rendus à la brigade des sapeurs-pompiers de Dieuppeul pour voir si un corps n’y a été déposé. «Les sapeurs-pompiers font savoir qu’un corps avait été déposé par le commissariat de police des Hlm avec la notification suivante : « requérons Monsieur le Médecin Chef de l'hôpital Idrissa Pouye aux fins de déterminer les causes exactes de la mort (autopsie) du nommé Abdoulaye Kamara, né le 31/12/1985 à Boinadji Roumdé, dont le corps sans vie a été retrouvé sur la voie publique», poursuit le document. La brigade des sapeurs-pompiers de Dieuppeul les a orientés au vers la morgue de l'hôpital Philippe Senghor où le corps a été déposé la nuit du samedi. Finalement, c’est le lundi 5 juin 2023 que la famille de Baba Kana a pu retrouver le corps sans vie de leur fils.
Les révélations de l’autopsie
Il s’ensuit une autopsie à l’hôpital Idrissa Pouye de Grand-Yoff en présence du médecin généraliste, chirurgien et légiste mandaté par la famille. L'autopsie révèle la cause du décès en ces termes : «Plaie abdominale par arme à feu, avec un orifice d'entrée centimétrique circulaire avec collerette brûlée large, située au ras du rebord costal gauche et 8cm de la ligne médiane, perforation de l'estomac du pancréas, de l'intestin grêle une section partielle de l'aorte à 5cm au-dessus de sa bifurcation iliaque. Présence d'une balle. Présence de plusieurs traces de contusion sur le tronc et les membres». En clair, le décès est provoqué par une blessure abdominale par arme à feu selon le communiqué de la famille.
Il a été inhumé le 8 juin, mais la famille compte après son deuil et sur conseil de ses avocats et de l'organisation Amnesty International, porter plainte. «Nous interpellons les organisations de défense des droits de l'homme et prenons l'opinion nationale et internationale à témoin pour assurer que notre démarche n'est qu'une lutte contre les multiplications des violences policières qui s'abattent contre des populations. La réclamation de la famille tend vers l'établissement de la vérité et que justice soit rendue» conclut ainsi ledit communiqué.
Samba THIAM