Le Conseil constitutionnel fait le grand saut vers les médias et le public. En effet, la haute juridiction veut «passer d’une justice fermée à une justice ouverte», dans le but de ne plus laisser prospérer le climat de suspicion, qui entretient le doute sur l’institution judiciaire, considérée de plus en plus comme étant au service des politiques. D’où l’atelier de formation à l’intention des médias, au cours duquel l’organisation et surtout la question des compétences du Conseil sont passées à la loupe.
Le Conseil constitutionnel s’ouvre aux médias. En collaboration avec le Synpics, un séminaire de quatre jours (pour deux groupes de journalistes, en raison de 48h par groupe) se tient à Mbodiène depuis mardi. Convaincu du «nécessaire passage d’une justice fermée à une justice ouverte», le président du Conseil constitutionnel évoque le contexte actuel, où les institutions judiciaires sont souvent pointées du doigt. «De sérieux doutes sont émis sur l’institution, et ils sont souvent amplifiés par les médias. Cette situation contribue à asseoir l’opinion d’une justice aux ordres, c’est-à-dire au service des politiques et des puissances économiques. Ces critiques se caractérisent par leur permanence. Le simple citoyen, peu imprégné du droit et des arcanes de la justice, finit par accréditer cette thèse», souligne Oumar Sakho. Qui note que «dans ce climat de suspicion, le Conseil constitutionnel n’est pas épargné». Et s’il en est ainsi, c’est parce que, explique-t-il, «la justice, peu habituée à communiquer pour des raisons liées au devoir de réserve des juges, reste enfermée dans les limites des prétoires». Une situation qu’il faudra dépasser, estime-t-il. «Elle (la justice) doit s’ouvrir au large public, par le biais des médias. C’est pourquoi le Conseil constitutionnel estime qu’il est important de faire connaitre sa mission et de faciliter l’accès aux informations qu’il produit et diffuse».
Avec des communications de haute facture, le professeur Babacar Kanté, une sommité nationale et internationale dans le domaine, a abordé largement les compétences du Conseil constitutionnel, non seulement en matière constitutionnelle, mais aussi en matière électorale. Permettant aux journalistes d’y voir plus clair dans les missions, les décisions de l’Institution, qui attirent aujourd’hui tous les regards, en perspective de la présidentielle de 2019.
En outre, pour mieux matérialiser son ouverture, le Conseil constitutionnel a mis en place un site internet qui sera lancé officiellement le 3 décembre prochain. Un site institutionnel, où le journaliste, le citoyen qui le désire, pourra disposer de suffisamment d’informations sur la Cour.
Mbaye THIANDOUM (envoyé spécial à Mbodiène)