Inconnu des Sénégalais jusqu’au 7 mars dernier, jour où il est sorti de l’anonymat par la force d’une déclaration publiée sur les réseaux sociaux, le capitaine Oumar Touré enchaine les déclarations. Hier, celui qui a été l’enquêteur principal dans l’affaire Adji Sarr-Ousmane Sonko a publié une nouvelle déclaration dans laquelle il explique ses choix, dit ses remerciements et donne des conseils à la jeunesse sénégalaise. Le capitaine informe par ailleurs qu’il se mettra à la disposition de sa hiérarchie ce vendredi à 15h00.
«Touba est pour moi ce que Londres fut pour le général De Gaulle et plus encore». C’est ainsi que le capitaine Oumar Touré de la gendarmerie nationale a ouvert sa déclaration. Une note à travers laquelle le gendarme revient d’abord sur les raisons du choix de la ville de Cheikh Ahmadou Bamba.«J'aime et je respecte les habitants de cette ville qui sont dépourvus de toute forme d'hypocrisie. J'ai été accueilli et orienté comme je l'ai toujours été. Touba est une ville d'hommes véridiques et qui font la promotion de la vérité. Merci du fond du cœur, je n'oublierai jamais leur hospitalité», écrit le capitaine. Et d’ajouter : «je sais que j'aurai eu le même traitement et soutien à Tivaouane, Médina Baye, Ndiassane, Médina Gounass et partout. Je sais que tout homme véridique qui cherche un refuge sera bien accueilli dans nos cités religieuses (toutes les religions confondues). Mais le destin m'a conduit à Touba».
Toujours dans sa note, le capitaine donne ses raisons quant à sa décision de quitter la gendarmerie.
«Je suis un jeune de 32 ans qui a grandi dans un petit village lointain, mais très fier, je ne suis pas parfait parce que je suis un être humain», indique le jeune capitaine. Se permettant un conseil aux jeunes, il écrit : «dans ce monde, votre personne doit être votre premier modèle. Ayez vos principes et n'ayez jamais peur de prendre une décision dans le sens de la manifestation de la vérité, devant Dieu et devant les personnes, car c'est l'essence même de la justice», notant que lorsque nous profitons des avantages d'une fonction, ayons le courage d'assumer toutes les conséquences y afférentes. Citant l’ancien Président américain, Oumar Touré prend son contrepied. «Le Président Obama disait que l'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts mais d’institutions fortes. Mais pour bâtir de fortes institutions, je pense qu’il faut des hommes forts et intègres», sérine-t-il. Avant de regretter : «malheureusement, l’homme africain a toujours le complexe de l’autre et croit qu’il faut lui ressembler pour être bon ou parfait.»
Capitaine Touré d’embrayer :«l’impression que les autres ont de vous ne compte pas beaucoup. Ce qui compte, c’est votre conviction personnelle. Si vous êtes persuadé que vous agissez pour le bien, prenez le risque de le défendre, peu importe le prix. Un ami m’a dit "pense à tes enfants", c’est pourtant ce que j’ai fait car le monde de demain est à eux et nous devons nous battre pour qu’il soit un monde meilleur pour eux (sincère et honnête)», ajoute-t-il.
«J’irai peut-être en prison, mais retenez que j’aime ce pays»
S’adressant toujours à la jeunesse, le capitaine Oumar Touré leur indique la voie :«Occuper la place de l’obélisque de manière pacifique et déterminée obligera l’Etat à négocier avec vous. Mais lorsque vous pillez et incendiez le bien du contribuable sénégalais, l’Etat l’utilisera contre vous pour plus vous oppresser au motif qu’il garantit votre propre sécurité. On ne peut changer la tête d'un robot alors que la machine elle-même ne marche pas. La tête, c’est le Président, mais la machine c’est nous. J’irai peut-être en prison, mais retenez que j’aime ce pays et je sais que je serai entendu, parce que ce pays est en grande partie composé d’hommes bons et honnêtes», assure le capitaine Oumar Touré.
«Je suis en très bonne santé et responsable de mes actes»
Dans un autre post sur internet, le gradé de la gendarmerie sénégalaise annonce à ses compatriotes qu’il se mettra à la disposition de sa hiérarchie demain vendredi.«Encore une fois, je tiens à préciser que je suis en très bonne santé et responsable de mes actes. Si quelque chose m’arrive ou qu’on vous fasse croire autre chose, dites-vous que cela vise uniquement à me discréditer. Le vrai malade de ce monde est celui qui transforme la vérité en mensonge et le mensonge en vérité pour un intérêt personnel au prix de persécuter d’honnêtes citoyens», conclut le capitaine.
Sidy Djimby NDAO