Amadou Bâ sort enfin du bois. Il a lancé hier sa nouvelle posture politique appelée «La Nouvelle Responsabilité». Ne citant aucune fois le nom de Macky Sall, il a dit ses vérités sur les accusations de corruption contre des magistrats du Conseil constitutionnel. Il est revenu sur l’affaire Karim Wade et son opposition farouche au report de l’élection présidentielle.
C’est clair maintenant : Amadou Bâ tourne le dos à l’Alliance pour la République (Apr). l’ancien Premier ministre (2022-2024) annonce la création de son parti. Son ambition, c’est de bâtir un Sénégal plus juste, plus prospère où chacun aura sa place. «Depuis lors, de nombreux appels ont été lancés pour que je crée ma propre formation politique. Je vous ai entendus. Je vous ai compris. Et après mûre réflexion, j’ai décidé de répondre à cet appel», dit-il d’emblée à ses inconditionnels venus répondre à son appel.
«Ce qui construit un pays ne se fait pas en quelques jours ou quelques semaines»
«Je souhaite que nous avancions de manière réfléchie et inclusive, en suivant une démarche différente : celle de l’écoute et du dialogue avant tout. Ce qui construit un pays ne se fait pas en quelques jours ou quelques semaines. Nous devons poser des bases solides, en consultant largement, avant de formaliser la création de ce parti qui incarne notre nouvelle responsabilité», précise Amadou Bâ.
Parlant un peu de sa défaite lors de la dernière présidentielle, Amadou Bâ indique que malgré les efforts déployés par certains, des dysfonctionnements internes à (notre) camp ont freiné nos ambitions communes. «Nous devons tirer les leçons de cette expérience pour bâtir quelque chose de plus fort, de plus sincère et de plus solide», tient-il à préciser. «Il est plus que jamais nécessaire de nous élever contre l’intolérance, les violences verbales et physiques qui gangrènent notre société et suscitent une inquiétude légitime. Chaque jour, nous voyons des actes et entendons des propos qui divisent, qui attisent la haine et fragilisent notre cohésion nationale. Dans ce contexte, j’en appelle à la sérénité et au sens des responsabilités de chacun, car c’est dans un climat apaisé et propice au dialogue que nous pourrons préserver la stabilité de nos institutions et garantir la continuité des activités économiques», ajoute-t-il.
«Nous devons suivre les consultations menant vers la création de cette Nouvelle Responsabilité»
Ce nouveau parti, assure-t-il, ne sera pas un de plus. «Il sera fondé sur l’écoute, le dialogue, l’action et la responsabilité. Nous voulons créer un cadre où chaque Sénégalais pourra s’exprimer librement, contribuer au débat, et participer activement à la construction de notre avenir commun», explique l’ancien Pm.
Sur ce, il annonce une tournée nationale pour aller à la rencontre des Sénégalais. «Nous voulons un parti qui ne soit pas seulement l’émanation d’une élite, mais celui du peuple tout entier, enraciné dans les réalités du terrain. Je ne cherche pas à construire un parti pour une élection. Je m’engage à entamer une tournée nationale pour rencontrer ceux qui m’ont soutenu, mais aussi ceux qui doutent», lance-t-il.
«J’étais contre le report de la Présidentielle»
Amadou Bâ a profité de l’occasion pour revenir sur le report de l’élection présidentielle. «Lorsqu’on a voulu reporter la présidentielle, ma position était claire parce que j’étais convaincu que c’était dangereux pour notre démocratie». Il poursuit : «je l’avais dit en décembre 2021 à l’occasion d’un secrétariat exécutif de l’Apr. j’avais dit que le pays est stable. Par contre, ce que je vois, si on n’y trouve pas de solutions, nous subirons les conséquences. C’est ce qui s’était passé les mois après, que je ne voulais que ça se répète à cause d’élections renvoyées. Et que le meilleur gagne. Cela est plus fort que nos intérêts personnels. C’est par devoir patriotique que je l’ai fait», souligne-t-il.
Corruption de juges : Amadou Bâ solde ses comptes avec Macky et le Pds
Amadou Bâ est revenu pour la première fois sur les accusations de corruption de deux membres du Conseil constitutionnel. «Je n’ai rien fait de tout cela. On a voulu me faire du tort. D’ailleurs, je ne me souviens même pas avoir serré la main à l’u n des juges cités», s’est-il défendu avant de poursuivre : «ils ont aussi dit que c’est moi qui ai donné onction pour que des candidats soient recalés. Cette accusation aussi est fallacieuse. Au moment des recours, j’ai formulé les miens tout en me basant sur les lois. Tout le monde est au courant. Tout ce qui se dit sur mon dos concernant le candidat Karim n’est pas vrai. Au soir du scrutin, au vu des tendances et malgré les contestations que j’avais, j’ai appelé le candidat Bassirou Diomaye Faye pour le féliciter et prier pour lui», précise-t-il.
Baye Modou SARR