
Dans leur «lettre à propos du contrat de concession de l'autoroute à péage», le Collectif citoyen interpelle directement le président de la République. Après avoir expliqué les motivations de leur organisation, les membres du Collectif ont attiré l’attention du chef de l’État sur l’insécurité qui prévaut au sein de cette infrastructure qui pourtant amasse des millions tous les jours.
La mort par accident de Papis Mballo de Gélongal a eu le mérite de réunir les Sénégalais autour d’un combat : faire face à la société française Senac SA. En effet, depuis lors, se multiplient les initiatives citoyennes visant à mettre l’exploitant de l’autoroute devant ses responsabilités. Hier, le Collectif citoyen contre les abus de l'autoroute à péage a saisi le chef de l’État pour lui demander de sévir face aux manquements de la société française, mais aussi et surtout pour lui demander de rendre public le contrat de concession qui lie l'Etat du Sénégal à l'entreprise Senac SA. «Monsieur le Président, la récurrence des accidents mortels sur l'autoroute, engendrée incontestablement par le manque d'éclairage et la défectuosité des barrières de protection, ainsi que les tarifs exorbitants appliqués sur ce tronçon, qu'aucun modèle économique ne saurait justifier dans le contexte d'un pays en développement comme le nôtre, sont bien la preuve que nos intérêts ne sont pas préservés. Le Collectif vous invite, Monsieur le Président, à rendre public le contrat de concession qui lie l'Etat du Sénégal à l'entreprise Senac SA, afin de permettre aux citoyens sénégalais d'en comprendre les tenants et aboutissants et d'agir en connaissance de cause», note le Collectif. Et d’ajouter qu’il leur a été rapporté que c'est l'Etat du Sénégal qui aurait consenti un effort financier correspondant à plus de 80% du coût total de l'ouvrage.
Ainsi, Cheikhou Oumar Sy et ses camarades disent ne pas comprendre que des tarifs aussi élevés soient appliqués sur une distance aussi courte. «(…) 3000 francs Cfa entre Dakar et Sindia en fait l'une des autoroutes les plus chères du monde. De tels tarifs, et vous le savez sans doute, sont non seulement hors de portée de la plupart des usagers sénégalais, mais découragent nombre de nos concitoyens qui auraient pu, si les prix du péage étaient raisonnables, installer leur résidence et leurs entreprises hors de Dakar et emprunter l'autoroute chaque jour pour se rendre à leur travail à Dakar», décrivent les plaignants, qui indiquent que cela aurait eu un effet positif sur le coût de l'immobilier et l'accès au logement.
Poursuivant leur «plainte», les activistes rappellent au Président que la publication de ce contrat est une exigence de transparence et de redevabilité et une garantie des droits économiques et sociaux du peuple sénégalais. En effet, pour eux, les Sénégalais doivent savoir quelles sont les retombées financières réelles générées par l'autoroute et quelles sont les parts qui reviennent à l'Etat du Sénégal et à l'entreprise Senac SA.
Sur la question de la sécurité des personnes sur l'autoroute, le Collectif a exhorté le président de la République à agir avec diligence pour demander, à qui de droit, d'installer sans délai l'éclairage et des barrières de protection de qualité sur tous les tronçons déjà mis en circulation. «Nous nous réjouissons de savoir que vous avez déjà posé des actes dans ce sens et vous prions d'aller plus loin, avec détermination et fermeté, face à Senac SA comme face à toutes les entreprises concessionnaires de service public pour défendre nos intérêts. En tant que citoyens responsables respectant les lois de la République, nous utiliserons toutes les voies de droit pour faire avancer les causes que nous portons, dans l'intérêt de nos concitoyens, au-delà de toutes autres considérations», ont-ils conclu.
«France-Dégage» prend en charge le combat
Outre cette lettre adressée au chef de l’État par ce collectif coordonné par l’ancien député Cheikhou Oumar Sy, le collectif «France-Dégage» a décidé d’intervenir dans le combat. Guy Marius Sagna et ses camarades ont décidé de tenir une manifestation au sein même de l’autoroute à péage, le samedi 12 mai. Objectif : Occuper l’autoroute et obliger les usagers à la boycotter de manière symbolique pendant un moment. «Nous ne voulons pas être les prochaines. Nous ne voulons pas que vous soyez les prochaines», crie «France-Dégage» qui dénonce l’insécurité et la cherté des tarifs de l’autoroute.
Senac SA, la société française qui exploite l’autoroute à péage, est sous le feu des critiques depuis que le chanteur Papis Mballo du groupe Gélongal y a perdu la vie par accident. L’indignation a atteint son paroxysme après que nous avons révélé, dans notre édition d’hier, le comportement insolent de la Senac SA, qui a fait payer 56.000 F Cfa à la famille de l’artiste pour remorquer sa voiture accidentée hors de l’infrastructure routière.
Sidy Djimby NDAO