
L’image du Sénégal a pris un sacré coup depuis les violences enregistrées en début de mois faisant suite à la condamnation du leader de l’opposition Ousmane Sonko. En effet, après l’Onu, l’Union africaine la Cedeao et bien d’autres organisations, c’est au tour du Conseil des droits de l'homme des Nations-Unies d’interpeller les autorités sénégalaises. Dans un communiqué, l’organe intergouvernemental se dit profondément préoccupé par l’évolution de la situation des droits de l’homme au Sénégal ces dernières semaines. Pour motiver sa note, le conseil dénonce notamment les 16 morts enregistrés lors des manifestations en début de mois, l’utilisation d’armes à feu lors de ces manifestations, les atteintes à la liberté de la presse ou encore les restrictions faites sur l’accès à l’internet.
La pression internationale n’a jamais été aussi forte sur le Sénégal que maintenant. La presse internationale par ci, les organisations internationales par-là, le Sénégal semble pris dans une spirale de critiques suite à la gestion scandaleuse des manifestations du début de ce mois. Hier, le Conseil des droits de l'homme des Nations-Unies a sorti un communiqué dénommé «Sénégal, répression des manifestations et des communications» pour interpeller les autorités sénégalaises. «Nous sommes profondément préoccupés par l’évolution de la situation des droits de l’homme au Sénégal ces dernières semaines, où au moins 16 personnes ont été tuées, 350 blessées et plus de 500 arrêtées lors de trois jours de manifestations, entre le 1er et le 3 juin», a d’emblée déploré le Conseil des droits de l'homme des Nations-Unies.
Pour des enquêtes rapides, indépendantes et approfondies
Poursuivant, l’organe intergouvernemental principal des Nations-Unies sur toutes les questions relatives aux droits de l'homme relève que «l’utilisation d’armes à feu par les forces de sécurité lors de manifestations constitue un sombre précédent pour le Sénégal». «Nous notons que les autorités ont ouvert des enquêtes et nous leur demandons de veiller à ce que celles-ci soient rapides, indépendantes et approfondies, et qu’elles amènent toutes les personnes trouvées responsables d’un usage de la force injustifié ou disproportionné, à rendre compte de leurs actes, quels que soient leur statut et leur affiliation politique. Le Haut-Commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme offre son assistance à cet égard», a insisté l’organisation présidée par le Tchèque Václav Bálek.
Atteintes graves faites à la liberté d’expression et de presse
Prenant l’exemple de la coupure du signal de Walfadjri, le Conseil des droits de l'homme des Nations-Unies a aussi dénoncé les atteintes graves faites à la liberté d’expression et de presse au Sénégal. «Nous sommes également préoccupés par la poursuite des restrictions à la liberté d’expression et de réunion pacifique à la suite des manifestations», a encore indiqué le communiqué, regrettant que «le gouvernement a également ordonné la suspension d'une campagne de financement collectif pour la chaîne visant à la soutenir pendant la période où elle n’est pas en mesure de diffuser».
Rappelant que depuis les manifestations du 3 juin, les autorités ont refusé d’autoriser plusieurs autres manifestations, notamment celles prévues vendredi et samedi derniers, le Conseil des droits de l'homme des Nations-Unies dénonce que l’accès aux services Internet mobile a également été restreint entre le 1er et le 6 juin, au motif de mettre fin à la «diffusion de messages haineux et subversifs». «Les restrictions à l’utilisation d'Internet doivent être fondées sur une loi sans ambiguïté et accessible au public ; elles doivent être nécessaires pour atteindre un but légitime, tel que défini dans la législation sur les droits de l’homme, proportionnelles à ce but légitime et non-discriminatoire», a-t-il fait savoir.
En tout état de cause, le Conseil des droits de l'homme des Nations-Unies assure qu’il est de la responsabilité première des autorités sénégalaises de préserver les traditions démocratiques et l’État de droit, en garantissant les droits à la liberté de réunion pacifique et d’expression, ainsi que le droit à l’information, en veillant à ce que les journalistes puissent exercer leur profession librement et en toute sécurité, en particulier à l’approche de l’élection présidentielle de 2024.
Sidy Djimby NDAO