La lutte contre le cancer serait-elle déjà perdue pour le Dr Fatma Gueunoune et les membres de la Ligue sénégalaise contre le cancer (Lisca) ? La question mérite d'être posée, si l'on sait que, depuis huit ans, la Lisca remue ciel et terre pour l'obtention d'un registre de tumeurs pouvant permettre d'établir une base de données pour les personnes souffrant de cancer au Sénégal.
Le Sénégal ne dispose toujours pas de moyens à même de quantifier les personnes atteintes des différentes formes de cancer. C'est la présidente de la Ligue sénégalaise contre le cancer, le docteur Fatma Gueunoune, qui en a fait la révélation, hier jeudi, à Diourbel, où a fait escale la caravane «Octobre Rose» pour la sensibilisation et le dépistage du cancer. «Nous ne sommes même pas en mesure de dire avec exactitude que la prévalence du cancer a régressé au Sénégal, simplement parce qu'on n’a pas les chiffres exacts. Nous n'avons pas un registre de tumeurs. Il y a les données préliminaires du registre de tumeurs de 2010», se plaint la présidente de la Lisca. A en croire le docteur Fatma Gueunoune, l'idéal serait de disposer d'un registre de tumeurs. «En 2016, l'Institut du cancer avait initié un registre de tumeurs pour collecter les données de dix hôpitaux de Dakar. Et seules les données de 2010 avaient été collectées. Après, il y a eu un souci financier. Il faut qu'on puisse avoir un bon registre fonctionnel pour pouvoir connaître les taux exacts de la prévalence du cancer au Sénégal», a-t-elle plaidé. «Il faut environ 30 millions pour créer un registre, alors qu'au début, on nous parlait de 60 millions. Il faut une volonté pour faire avancer les choses, et c'est très dommage, parce qu'on peut facilement inscrire 30 millions dans le budget de la Santé», fulmine-t-elle.
Moustapha DIAKHATÉ