Selon HRW, le meurtre "généralisé et systématique" des migrants éthiopiens pourrait constituer un crime contre l'humanité
L'ONG Human Rights Watch (HRW) a accusé lundi les gardes-frontières d'Arabie saoudite d'avoir tué, probablement par centaines, des migrants éthiopiens non armés qui tentaient de franchir la frontière en provenance du Yémen. Selon le groupe de défense des droits de l'homme, les troupes saoudiennes ont ouvert le feu à la mitrailleuse et lancé des mortiers sur les migrants. Le bilan des victimes pourrait même atteindre les milliers.
Ce rapport s'appuie sur des témoignages oculaires et des images montrant des cadavres et des lieux de sépulture sur les routes empruntées par les migrants. Les Nations unies ont déjà interrogé l'Arabie saoudite sur ces allégations d'attaques contre les migrants le long de sa frontière sud avec le Yémen en proie à la guerre.
"Les autorités saoudiennes tuent des centaines de migrants et de demandeurs d'asile dans cette zone frontalière reculée, à l'abri du regard du reste du monde", a déclaré dans un communiqué Nadia Hardman, spécialiste des migrations à HRW. Les "milliards dépensés" dans le sport et le divertissement "pour améliorer l'image de l'Arabie saoudite" ne devraient pas détourner l'attention de "ces crimes horribles", a-t-elle fustigé.
Les ONG accusent régulièrement Ryad d'investir dans les grands événements sportifs et culturels pour détourner l'attention des graves violations des droits humains et de la crise humanitaire au Yémen où l'armée saoudienne est impliquée. Le meurtre "généralisé et systématique" des migrants éthiopiens pourrait même constituer un crime contre l'humanité, estime l'ONG.
Selon les statistiques de 2022 de l'Organisation internationale pour les migrations, environ 750 000 Éthiopiens vivent en Arabie saoudite, dont 450 000 seraient probablement entrés dans le royaume sans autorisation. La guerre civile qui fait rage dans la région du Tigré, dans le nord de l'Éthiopie, a forcé des dizaines de milliers de personnes à se déplacer. L'Arabie saoudite, confrontée à un taux de chômage élevé parmi les jeunes, a renvoyé des milliers de personnes en Éthiopie en collaboration avec Addis-Abeba.