Ceux qui comptaient sur la 13ème législature pour voir un changement dans le comportement des députés peuvent déchanter. A quelques exceptions près, la 13eme législature est en train de prendre le chemin que la précédente. Attaques cinglantes entre les groupes parlementaires, règlement de comptes entre certains députés d’une même localité…, c’était l’ambiance à l’Assemblée nationale hier.
Réunis hier pour examiner et voter trois projets de loi, les représentants du peuple se sont encore illustrés de la pire des manières. Majorité comme opposition n’ont presque pas parlé des sujets en question. Ils ont utilisé leur temps de parole pour des «tessanté» (polémiques). La pomme de discorde, l’élection de Abdoulaye Wilane (majorité) et Oulimata Guiro (non inscrite) aux deux postes vacants de députés de la Cedeao.
Cheikh Mbacké Bara Doli à Moustapha Niasse : «Président Ku dëng nga» (Président, vous êtes malhonnête)
C’est le député opposant Cheikh Mbacké Bara Doli qui a ouvert le bal des invectives. Il a apostrophé Moustapha Niasse en le traitant de sans foi, pour déplorer le forcing du parti au pouvoir concernant l’élection des députés de la Cedeao. Selon Serigne Cheikh Mbacké, appuyé par son frère Serigne Abdou Mbacké Bara Doli, il a été choisi par le Président Wade pour être un député de la Cedeao, mais Benno Bokk Yakaar a juste opposé un niet catégorique en leur demandant de choisir une femme. «Vous vous servez de votre majorité pour nous brimer. Nous vous avons donné notre proposition concernant l’élection des députés de la Cedeao, mais non seulement vous n’y avez pas tenu compte, mais vous nous avez forcé la main. Le Président Wade voulait que ce poste revienne à un député de Touba, mais, puisque vous détestez tout ce qui vient de cette ville sainte, vous avez foulé aux pieds ma candidature», s’est défoulé le député libéral, avant d’accuser ouvertement le président de l’Assemblée nationale d’être l’auteur de tous leurs malheurs. «Monsieur le Président ku dëng nga (vous êtes malhonnête), mais toi et tous ceux qui soutiennent Macky Sall doivent se rappeler qu’un jour viendra, vous allez rendre compte», assène Cheikh Mbacké Bara Doli.
Pape Seydou Dianko : «Il est facile de tutoyer les gens entre les quatre murs de l’hémicycle, mais si jamais on se retrouve dehors, tu ne piperas mot»
Apres ces accusations proférées à l’encontre du président de l’Assemblée nationale, les intervenants de la majorité se sont déchainés comme pas possible sur les frères Doli, les traitant de tous les noms d’oiseaux. Le maire de Toubacouta invite à la bagarre. «Je ne sais pas si c’est de l’indiscipline ou de la folie. Personne ne saurait qualifier ces genres de comportements venant d’une personne qui est censée parler au nom du peuple. Nous sommes ici pour travailler, pas pour amuser la galerie, donc consacrons-nous uniquement à cela. Ce que vous avez dit au président Niasse, je peux vous le faire regretter en moins de cinq minutes. Il est facile de tutoyer les gens entre les quatre murs de l’hémicycle, mais si jamais on se retrouve dehors, tu ne piperas mot», menace Pape Seydou Dianko.
Amy Ndiaye Gniby : «un demeuré ne saura jamais bien se comporter»
Embouchant la même trompette, Amy Ndiaye Gniby traite Cheikh Mbacké Doli de demeuré qui ne sait pas comment se comporter devant des gens civilisés. «Chassez le naturel, il reviendra toujours. Il faut dire que la nature d’un homme ne dépend guère de son rang, de son titre, encore moins de sa richesse. Quand on n’est pas indiscipliné chez soi, on apporte partout les comportements déviants sans prendre conscience de cela. Enfin, y en a marre de vos bêtises, il faut que cela cesse, sinon vous verrez de quel bois on se chauffe», peste-t-elle. Tous les députés de la mouvance présidentielle, à l’image de leur prédécesseurs, ont montré leur soutien au président Niasse sans manquer de remettre Cheikh Mbacké Doli à sa place.
Moustapha Niasse : «je sais me battre, mais détrompez-vous, je ne le ferai jamais ici»
Après avoir conduit tranquillement les trois séances, le président Niasse a mis en garde ses détracteurs. «Rester sourd à certaines attaques est mon devoir, mais heureusement, j’ai l’habitude. Je ne m’abaisserai pas à répondre à certaines attaques. J’occupe ce poste grâce à Dieu, la volonté du peuple et la confiance du Président Macky Sall. Et tant que je serai là, tout le monde s’en tiendra aux dispositions du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Vous pouvez crier ou tomber en transe, tant pis pour vous. Ku xam nu xamal la, ku xamadi nu bayi la ci sa gnaka xam», clame le doyen Niasse.
Ndeye Khady D. Fall