Elu député lors des dernières élections législatives, Khalifa Sall ne remplit jusqu’à présent pas sa fonction, du fait de son placement sous mandat de dépôt. Hier, lors du procès, le maire de Dakar, en réponse à une question de son avocat Me Ndèye Fatou Touré, a fait savoir que depuis que cette 13ème législature est installée, il ne reçoit ni de courrier ni de convocation. «Avez-vous une fois reçu une convocation, de la part du président de l’Assemblée nationale ou en tout cas de l’Assemblée nationale pour une session plénière, une réunion ou le vote d’un budget ?», a demandé au maire de Dakar son conseil ; «jamais ! Je ne reçois ni courrier ni convocation», a répondu Khalifa Sall. Il ajoute, cependant : «mais, il faut dire la vérité, j’ai fait une procuration à Cheikh Bamba Dièye pour régler les diligences administratives me concernant».
«Je n’ai que trois comptes bancaire »
Le maire de Dakar a été, par ailleurs, interrogé sur ses biens et sur sa déclaration de patrimoine. A cette question, Khalifa Sall a répondu : «le Procureur m’a reproché de ne présenter parfois que des baux sans aucun titre foncier et il a raison. En fait, je ne me suis jamais intéressé à l’argent, ni aux biens matériels». Le maire de Dakar de rappeler avoir fait deux fois sa déclaration de patrimoine : la première fois, en 2009, devant un panel de citoyens, et la seconde fois, à l’Ofnac, en 2014. «J’ai même dit là-bas (à l’Ofnac) qu’ils peuvent voir avec les membres de ma famille. Je n’ai que trois comptes bancaires : un compte à BNP Paris Bas depuis 30 ans, un compte à la Bhs qui m’a permis d’acquérir la maison de Sacré-Cœur et un autre compte à la Bicis depuis 35 ans. Je n’ai pas d’autres comptes ni au Sénégal ni à l’étranger», a précisé Khalifa Sall.
«Je me bats pour des principes, mais pas pour des postes de responsabilités»
Me Amadou Aly Kane est revenu sur l’offre politique qu’avait révélée son client, pour lui demander pourquoi il n’a pas accepté. «J’ai parlé d’une offre politique que j’ai déclinée, sans dire de quelle nature elle est. Mais pourquoi l’accepter ? Je me bats pour des principes, mais pas pour des postes de responsabilités. Il est vrai que si je l’avais acceptée, je ne serais pas là aujourd’hui. Avant de venir, on m’a même dit cela, quelqu’un m’a dit d’accepter, puisque l’Etat est un rouleau-compresseur qui peut te broyer. Mais j’accepte la situation».
«Quelqu’un m’a dit que l’Etat est un rouleau-compresseur qui peut te broyer»
Khalifa Sall a aussi fait état du bras de fer qu’il a eu avec l’Etat et particulièrement avec le préfet de Dakar, en 2014. Il a expliqué qu’en 2014, l’Etat du Sénégal avait demandé aux mairies de voter à nouveau leurs budgets pour les 6 derniers mois de l’année. Mais, la mairie de Dakar a refusé, au motif qu’elle avait déjà voté le budget et qu’elle ne comptait pas se prêter encore à cet exercice. Au final, le préfet d’alors, en l’occurrence Alioune Badara Diop, avait sorti un arrêté en novembre pour, d’autorité, fixer le budget de la ville de Dakar. Cependant, de juin 2014 à novembre de la même année, la mairie est restée sans budget et pourtant, la caisse d’avance a été alimentée, toujours à hauteur de 30 millions de francs. Selon Khalifa Sall et ses avocats, cela prouve largement qu’il s’agit de fonds politiques, car, autrement, le receveur-percepteur n’allait pas alimenter la caisse. Cependant, pour Mamadou Oumar Bocoum, cela n’a rien à voir. L’inspecteur du Trésor persiste sur le fait qu’il a payé une caisse d’avance.
Alassane DRAME