Le Premier président de la Cour suprême est le bras armé de Macky Sall dans sa volonté de mettre hors de course ses adversaires politiques. C’est la conviction de Karim Wade qui, à la veille de l’audience qui va juger de son pourvoir en cassation contre la déclaration d’incompétence de la présidente du tribunal hors classe de Dakar sur le rejet de son inscription sur les listes électorales, a pris sa plume, pour disqualifier Badio Camara, non sans l’accuser de tous les péchés d’Israël et de ses déboires judiciaires.
Le Premier président de la Cour suprême a fixé au 30 août (Ndlr : demain) l’audience et la composition de la Chambre administrative qui devra juger le pourvoi en cassation de Karim Wade contre l’ordonnance du 23 juillet 2018 de Mme Aïssatou Diallo Ba, présidente du Tribunal d’Instance Hors Classe de Dakar, qui s’était déclarée incompétente pour examiner le rejet de l’inscription de Wade-fils sur les listes électorales. A la veille de cette échéance, il a crié qu’il n’accorde aucun crédit, encore moins confiance à Badio Camara. «Je ne peux avoir confiance en M. Badio Camara, que le sens de l’honneur, de la dignité et de la loyauté s’imposant à un magistrat aurait dû pousser à se disqualifier lui-même, sans attendre que je le fasse à sa place», a cogné d’emblée «l’exilé» de Doha.
Arguant «la complicité manifeste» entre Badio Camara et Macky Sall, il poursuit : «Je tiens à bien faire comprendre que M. Badio Camara est au cœur du dispositif mis en place par Macky Sall pour instrumentaliser la justice contre ses opposants politiques. Il est l’un des principaux exécutants du complot politico-judiciaire dont je suis victime depuis 6 ans. En sa qualité de Premier président de la Cour suprême, il porte une responsabilité personnelle, directe et écrasante dans les violations de mes droits fondamentaux».
Il accuse Badio Camara d’être «à la tête d’un petit clan de magistrats aux ordres qui ont transformé la justice en annexe du pouvoir exécutif»
Accusant le haut magistrat d’être «à la tête d’un petit clan de magistrats aux ordres qui ont transformé la justice en annexe du pouvoir exécutif», et avec comme mission «d’aider Macky Sall à se débarrasser des candidats qui font obstacle à sa tentative d’être réélu à la tête du Sénégal», Karim Wade souligne que cela est d’autant plus vrai que «M. Badio Camara a été maintenu à son poste alors qu’il devait partir à la retraite le 9 avril 2017».
«Il a fait la preuve qu'il n'est ni impartial, ni indépendant»
Comme si cela ne suffisait pas, Karim soutient mordicus que Badio Camara «a piloté dans l’ombre pour le compte de son mentor Macky Sall tout le procès de la Crei». Dès lors, pour lui, le magistrat est disqualifié d’office dans ce dossier de son inscription rejetée. «Incontestablement, le président de la Cour suprême a fait la preuve qu'il n'est ni impartial, ni indépendant. Il n’est pas qualifié pour organiser le procès juste et équitable qui serait exigé dans tout État de droit».
«Une enquête internationale indépendante sur l’origine de la fortune démesurée de cette poignée de juges aux ordres»
En outre, il pense que dans cette affaire, il s’agit juste pour la Cour suprême de confier le dossier à une autre juridiction. Surtout que, pour lui, «notre justice regorge de magistrats indépendants et honnêtes, professionnels et compétents, ayant la ferme volonté de rendre des décisions impartiales et justes, acceptées par tous et contribuant au respect de l’État de droit et de la démocratie». Seulement, précise-t-il, «tous ces magistrats incorruptibles sont volontairement écartés par Macky Sall au profit d’autres manipulables». En ce sens, il alerte les organisations des droits de l’homme et les Ong de lutte contre la corruption qui, pour lui, «doivent demander une enquête internationale indépendante sur l’origine de la fortune démesurée de cette poignée de juges aux ordres, qui est sans commune mesure avec celle de la majorité de leurs collègues magistrats».
Mbaye THIANDOUM