Nos compatriotes vivant en Italie sont encore en deuil. Omar, un très jeune ouvrier sénégalais, a été retrouvé mort par les pompiers. Le décès est survenu à la suite du déclenchement d'un incendie, tard mercredi soir, à l'intérieur du camp aménagé avec des matériaux de fortune dans la province de Trapani. Les ouvriers du camp, à plusieurs reprises, avaient pourtant demandé aux autorités de les aider à avoir des conditions de vie décentes.
«De la mort d'Ousmane en 2013 à la mort d'Omar, l'histoire s'est malheureusement répétée aujourd'hui», dit avec beaucoup d'amertume et de colère un travailleur italien contacté par la presse locale.«Nous travaillons avec eux depuis des années. Des travailleurs se sentent aujourd'hui impuissants mais aussi très en colère face à un drame qui, encore une fois, aurait peut-être pu être évité s'ils avaient eu un plus grand approvisionnement en eau et s'il n'y avait pas eu des montagnes de déchets. Et s’ils étaient tous traités de la même façon sans aucune distinction entre réguliers et irréguliers».
Un compatriote, témoin et ami d’Omar, témoigne, amer :«Omar est mort. Il n'y a pas de mots qui puissent exprimer la colère et la douleur. Il est mort brûlé vif alors qu'il dormait dans sa cabane. Omar était un garçon d'une trentaine d'années. Il s'agit d'un mort par négligence et exploitation. Le dimanche, lors de la fête de Magal, nous avions demandé, une fois de plus avec les ouvriers organisés, un plus grand approvisionnement en eau, un travail plus décent et l'accès àun toit ! Les flammes ont commencé avant minuit, les secours tardaient à arriver et il n'y avait pas assez d'eau pour éteindre l'incendie».
Le drame a engendré énormément de dégâts et même ceux qui ont survécu ont connu des pertes. «Tout le monde a perdu ses économies, ses papiers, ses vêtements. Beaucoup se sont échappés, beaucoup n'iront plus travailler, beaucoup sont déjà partis. Les conséquences se sentiront», embraye notre compatriote ami de Omar.
Dimanche dernier, tous les ouvriers, engagés dans la récolte saisonnière des olives, à l'occasion de la fête religieuse de Magal, avaient envoyé une lettre précisant les conditions de non habitabilité du terrain qui est dépourvu de toilettes, d'eau et d'électricité. «Nous sommes obligés de vivre ici et nous voulons vivre mieux, nous voulons que l’eau soit apportée chaque jour pendant la récolte des olives», avaient-ils demandé. Avant de poursuivre :«nous voulons que les ordures soient enlevées car nous ne pouvons pas respirer».
Malheureusement, ce n'est pas le premier drame, car déjà, en octobre 2013, Ousmane, un autre compatriote, gravement brûlé à cause de son réchaud qui avait pris feu, avait perdu la vie. Lors de l'incendie de la nuit dernière, la plupart des migrants ont réussi à s'échapper à temps avant que les flammes n'engloutissent tout le camp, se déversant dans les rues, où ils ont passé la nuit. Malheureusement, l'incendie a détruit des tentes, des logements de fortune et des cabanes. Plusieurs équipes ont dû intervenir pour le circonscrire.
Khadidjatou DIAKHATE