Le ministre de la Justice entre dans la danse des répliques portées à Abdoulaye Bathily, qui a vertement critiqué le parrainage. Pour le garde des Sceaux, les propos de l’ancien secrétaire général de la Ld et ancien ministre d’Etat de Macky Sall est de «l’infantilisme politique», car ne reposant sur aucun argument sérieux. En outre, Ismaïla Madior Fall, invité hier du Grand Jury de la Rfm, affirme que ceux qui théorisent un second «23 juin» le jour du passage du projet de loi sur le parrainage à l’Assemblée pédalent dans le néant, parce que, dit-il «un 23 juin bis n’est plus possible» au Sénégal.
Défendant avec bec et ongles le projet de parrainage qui doit passer devant les députés cette semaine, Ismaïla Madior Fall prend le contre-pied du professeur Abdoulaye Bathily, qui avait qualifié l’initiative d’antidémocratique. «Personne ne peut remettre en cause le principe démocratique du parrainage», assène-t-il. Avant d’attaquer de front l’ancien patron de la Ligue démocratique. «J’aurais compris que le Pr. Bathily dise : ‘’le parrainage pose problème au regard de tel point, tel point, tel point’’. Quand on était à l'université, quand on n'était pas d'accord avec un ami, on lui disait : tu es un réactionnaire. Ce genre de proclamation relève de l’infantilisme politique… C’est de l’idéologie. On est dans l’opinion subjective… Il faudrait dire en quoi c’est antidémocratique», dit-il. En effet, il dégage en touche s’agissant du pourcentage de 1% de l’électorat à avoir comme parrains, ce qui, pour Bathily, est une violation du secret du vote. «Dans ce cas, ce n'est pas le principe du parrainage qui est antidémocratique. Il pouvait dire : ‘’je trouve antidémocratique le pourcentage. (…). L’argument où il dit qu’on viole le secret ne repose sur rien. J’attendais des arguments un peu plus sérieux que ça», note le ministre, qui poursuit : «Pourquoi 1% ? Parce que quand on a introduit le parrainage pour la première fois au Sénégal, sur une loi constitutionnelle d'octobre 1991, c'était 10.000 signatures, alors que le fichier électoral était à 2 millions 450 mille électeurs. Cela a changé depuis 1991. Aujourd'hui, on est à 15 millions d'habitants au Sénégal. Donc, on ne peut pas garder le même pourcentage. 1%, c'est pour que même s'il y a des changements, qu'on ne dise plus 70 mille, 35 mille. La population du Sénégal va faire 60 millions en 2025, ce sera toujours 1%».
«Un 23 juin bis n’est plus possible» au Sénégal
Décidément, le ministre de la Justice ne recule plus devant rien pour défendre Macky Sall et ses initiatives. Comme s’il avait le pouvoir de décider de ce que doivent et ne doivent pas faire les Sénégalais, Ismaïla Madior Fall a décrété la fin des manifestations du type de celui du 23 juin 2011 contre le quart bloquant de Wade. «Un 23 juin bis n’est plus possible au Sénégal», a-t-il martelé, hier. Et d’expliquer la différence entre le projet de loi de Wade et celui du parrainage initié par Macky Sall. «Le 23 juin (2011), la loi qu’on voulait proposer était antidémocratique parce qu’elle remettait en cause le mode d’élection du président de la République, en permettant à un Sénégalais qui a 26% d’être président de la République. Le parrainage, c’est la modalité de présentation des candidats. Le mode d’élection ne concerne pas le parrainage, ou l’inverse, le parrainage ne concerne pas le mode d’élection», note-t-il. Mieux, le garde des Sceaux souligne qu’Il y avait «un consensus sur l’idée de parrainage», et que «ce qui faisait débat, c’étaient les modalités» de sa mise en œuvre.
Mbaye THIANDOUM