Qu’est-ce qui s’est réellement passé entre les quatre officiers sénégalais et le «trafiquant de drogue» Sulayman Trawally ? Cette question qui taraude l’esprit des Sénégalais avait fait l’objet d’un communiqué de la Dirpa pour revenir en détails sur une action pilotée par la brigade régionale des stupéfiants de Tambacounda de l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis) appuyée par la Brigade d’intervention polyvalente, la Direction des parcs nationaux et une unité de l’armée nationale en provenance de Kolda. Arrêté avec une blessure à la main suite à une balle reçue durant l’intervention puis libéré, Sulayman Trawally raconte son calvaire.
L’affaire avait fait grand bruit dans certains cercles, poussant la Direction des relations publiques des armées sénégalaises à publier un communiqué. Dans l’Est du pays, une opération, qui avait occasionné l’arrestation de trois individus à Saré Bala, village sénégalais situé à 40 km de Tambacounda, était sanctionnée d’une saisie de 2500 munitions de calibre 12 mm, 80 kg d’ivoire d’hippopotame et 4 ensembles de têtes et mâchoires de 20 kg, selon la Dirpa. Mais, lors de l’intervention, précise le communiqué, un individu recherché pour trafic de drogue a opposé une vive résistance, ce qui lui a occasionné une blessure au bras. Seulement, l’individu dont il est question, qui se nomme Sulayman Trawally a raconté sa version des faits à la presse gambienne.
D’ailleurs, il souligne qu’il a été libéré par le tribunal de Tambacounda. «J’ai été accusé de trafic de drogue et trafic d’hippopotame. Toutes les accusations portées sur ma personne été fausses» dit-il. «Quatre agents sénégalais masqués se sont rendus directement chez moi. Ils m'ont demandé d'ouvrir la porte de ma maison et j'ai refusé. L'un des agents, que je croyais être le chef d'équipe, leur a ordonné de me tirer dessus». il poursuit : «je les ai entendus dire fort en wolof ’’tuons-le et partons’’. C'est à ce moment-là qu'ils ont commencé à tirer sans interruption à l'intérieur de la maison et finalement, ils m'ont atteint dans la main». C’est ainsi qu’il a été arrêté et acheminé à Tambacounda selon son récit. «Immédiatement à notre arrivée, j'ai été emmené à l'hôpital de Tambacounda parce que je saignais. Cependant, le médecin de garde a refusé de me soigner au motif que l’officier sénégalais ne lui avait pas expliqué exactement comment l'incident s'était produit. Ils lui ont menti que c'est au cours de mon arrestation que j'ai été blessé par la porte, ce qui est totalement faux».
Trawally raconte que le médecin a compris ce qui lui était arrivé dès qu’il a extrait une balle de sa main. «La balle a été retirée à un moment où j'étais encore inconscient. J'ai ensuite été admis à l'hôpital. Ils ont menotté ma main droite et ma jambe pendant trois jours», raconte le Gambien. Et de poursuivre : «quand je me suis senti mieux, j'ai été libéré de l'hôpital et emmené pour interrogatoire. Les hommes de tenue ont dit que c’est moi qui tuais des hippopotames, faisais de la contrebande de cannabis et transportais des armes et des munitions dans la zone. En fait, ils ne m'ont même pas permis de dire un mot. Ils m'ont libéré sans rien me donner. Jusqu’à présent, ma main me fait encore mal. Ce n'est pas juste et je crois que le gouvernement devrait faire quelque chose parce que ce n'est pas juste. Le gouvernement gambien ne se soucie pas de ses citoyens parce que je pensais qu'ils auraient dû me représenter».
Des conditions de détention horribles à Tambacounda
Sulayman Trawally a décrit sa détention dans la prison de Tambacounda comme «horrible», affirmant que les conditions carcérales à Tambacounda étaient terribles et qu'il ne pouvait pas avoir assez de nourriture pendant sa détention d'un mois.
Samba THIAM