Pour toutes les préventions pour lesquelles elle est poursuivie, à savoir association de malfaiteurs, faux et usage de faux en écriture de commerce, complicité de détournement de deniers publics portant sur la somme de 1,830 milliard et escroquerie sur des deniers publics, Fatou Traoré a tout contesté. Dans sa version des faits, la secrétaire du directeur administratif et financier de la mairie de Dakar a expliqué qu’à un moment donné, Yaya Bodian lui a demandé de lui prêter les en-têtes de leur Gie dénommé «Keur Tabbar» qu’elle et ses frères avaient créé en 1991, dans le but de justifier les dépenses de la caisse d’avance de la mairie de Dakar. Elle les lui a remises et Yaya Bodian établissait ainsi des factures pour justifier les factures de la caisse pour les dépenses de 2010. Elle précise, cependant, que son frère qui se trouve être le président du Gie n’était pas au courant de l’utilisation de ces factures.
Au début, c’est elle qui les signait et qui apposait les cachets mensuellement, en qualité de trésorière du Gie, sur les 2 factures de denrées. Mais, elle a ajouté qu’Ibrahima Yatma Diaw n’était pas au courant de l’établissement de ces factures, qu’il ne les a pas signées et que c’est Yaya Bodian qui a apposé le nom d’Ibrahima Yatma Diaw ainsi que ses références, à son insu. Elle a avoué que ce qui a été facturé n’a jamais été livré. Mais, à l’en croire, c’était juste pour justifier la caisse d’avance. Du coup, le Gie n’a ni reçu de paiement ni fait de livraison. Fatou Traoré a soutenu n’avoir jamais signé aucune facture pour les années 2011, 2012, 2013, 2014.
Fatou Traoré et Yaya Bodian se justifient
A son tour, Yaya Bodian aussi a réfuté les faits. Selon lui, c’est Mbaye Touré qui lui a demandé de justifier les dépenses de la caisse d’avance et sachant que Fatou Traoré détenait les en-têtes de leur Gie et les cachets, il est allé les lui emprunter ; et celle-ci a accepté. Il ajoute qu’il n’y avait pas de livraison. Ce procédé, selon le comptable de la mairie, était pour permettre au percepteur de mettre à la disposition de la mairie ces fonds. Ainsi, tous les mois, il établissait 2 factures, ce qui fait 24 factures par année pour les besoins de la justification comptable de la caisse d’avance. Mais à leurs yeux, ces factures n’avaient aucune importance, c’était juste une formalité. Dans le cadre du respect des règles de la comptabilité, après l’établissement d’une facture, il doit y avoir livraison. Mais, de leur côté, il n’y a jamais eu de livraison ni de paiement du Gie ; et les membres de ce groupement ne savaient pas aussi que leur cachet était utilisé aux fins de décaissement. Yaya Bodian a avoué avoir signé les factures de 2012 jusqu’en 2015, qui portent des références d’Ibrahima Yatma Diaw, à l’insu de ce dernier.
Fatou D.DIONE (Stagiaire)