L’affaire de la fille Lobé Ndiaye, vendeuse de pièces détachées, a tout l’air d’une affaire de prétendu rendez-vous d’affaires pour une transaction commerciale, qui a tourné au meurtre avec préméditation de la demoiselle. Celle-ci aurait été appâtée avec une offre et sauvagement assassinée. Son corps sera ensuite mis dans un sac et transporté jusque dans les parages du stade de Diamniadio en construction, puis jeté derrière les barrières de l’autoroute à péage.
La commune de Diamniadio a basculé, avant-hier, dans l’horreur avec la découverte de corps sans vie de la jeune vendeuse de pièces détachées répondant au nom de Lobé Ndiaye dans les limites de l’autoroute à péage. Celle-ci a été auparavant portée disparue depuis la journée du lundi dernier. Mais, avant sa disparition mystérieuse, elle avait sollicité ce lundi les services d’un de ses employés, qui l’avait transportée à bord de son scooter jusqu’à leur lieu de travail, sis au garage des Maliens, situé dans la Zone d’aménagement concertée (Zac) de Mbao. Elle dira ensuite à l’employé en question de se tenir prêt, car il devait l’accompagner plus tard à bord de son scooter quelque part à Diamniadio, pour aller voir un container de pièces détachées à vendre.
Lobé reçoit un appel, dit se rendre à Mbatal et quitte son atelier ; ses derniers instants de vie
Le véhicule de la jeune entrepreneuse était tombé en panne, raison pour laquelle elle s’est rabattue sur la moto de son employé ; une moto que la jeune vendeuse de pièces détachées a payée pour son collaborateur. Mais, alors que Lobé Ndiaye commence à s’activer dans son lieu de travail, elle reçoit soudain un appel sur son téléphone portable, décroche et échange quelques mots avec son appelant. Elle demande à son employé de l’attendre, car elle doit se rendre à Mbatal et quitte en catastrophe son lieu de commerce. «Elle (Lobé) m’a tout juste dit ceci : attends-moi ici, je vais à Mbatal mais je reviens tout de suite pour qu’on aille ensemble voir le container à Diamniadio», nous confie notre interlocuteur. Qui peine à contenir son émotion.
Elle était portée disparue lundi, les tentatives avortées de joindre la fille, la gendarmerie et la police alertées
Vu que sa patronne tarde à revenir, le jeune garçon lui téléphone de manière espacée à quatre reprises pour prendre de ses nouvelles. «On a échangé au téléphone à 13h, 14h et 15h. Mais, lorsque je l’ai appelée à 16h, je lui ai dit «Yaay booy foo nekk (tu es où, maman ?). Elle m’a à peine répondu ceci : «maa ngi nëw (j’arrive !». Mais, la jeune fille est bizarrement devenue plus tard injoignable. Car, à chaque tentative, l’employé tombait sur la messagerie vocale du téléphone portable. Il en sera ainsi durant le reste de la journée du lundi. Désemparé, il sonne le tocsin dans le garage et parvient à mobiliser des collègues, qui engagent la grande battue et lancent sur la même veine des avis de disparition à la brigade de gendarmerie de Zone franche industrielle de Mbao, au poste de police de Sicap Mbao et au commissariat de police de l’arrondissement de Thiaroye.
La thèse du coup monté agitée, elle serait tuée ailleurs et transporté au péage, le crâné littéralement fracassé
C’est au cours de la journée d’avant-hier que les pandores de la brigade de Diamniadio ont été alertés de la découverte du corps sans vie d’une jeune fille identifiée plus tard sous le nom de Lobé Ndiaye. Celle-ci était mise dans un sac et jetée derrières les contours de délimitation de l’autoroute à péage, à la sortie de Diamniadio. Elle avait la tête littéralement fracassée et ensanglantée Elle présentait des traces de blessures sur le corps ; ce qui fait croire à nos sources que la jeune fille aurait été sauvagement tuée ailleurs, fourrée dans une sac et transportée jusque dans le décor du péage. «On soupçonne une histoire de prétendu rendez-vous d’affaires pour une transaction commerciale, qui a viré au meurtre sauvage et lâche. S’agit-il d’un coup monté ou d’une agression à l’arme blanche contre elle ? D’autant que Lobé n’est point carotte à se laisser croquer facilement. Elle a dû livrer bataille ou plutôt vendre chèrement sa peau devant son ou ses bourreaux, avant de tomber les armes à la main sous les fatals coups de ces derniers, qui lui ont fracassé le crâne et asséné des coups de couteau», indiquent nos sources.
La police technique et scientifique fouille la scène du crime
Les hommes en bleu de la zone débarquent en toute urgence sur les lieux et procèdent aux constatations du drame. Les éléments du major Gallo Sémou Niang de la Police technique et scientifique arrivent sur les lieux et procèdent aux prélèvements d’empreintes, de traces et autres indices susceptibles de débusquer ou d’appréhender le ou les auteurs de la boucherie.
Vieux Père NDIAYE
La défunte, une battante au caractère trempé dans l’acier
Le meurtre atroce de Lobé Ndiaye a meurtri plus d’un. Notamment ses connaissances et sa famille. La vendeuse de pièces détachées était de son vivant une battante hors-pair. Elle avait le sens du travail et aimait gagner sa vie à la sueur de son front. Elle avait commencé à évoluer dans la mécanique à l’arrêt Poste Thiaroye, avant de se reconvertir dans le secteur de la vente de pièces détachées. Elle quittera ensuite Poste Thiaroye pour ouvrir un magasin de pièces détachées au garage des Maliens à la Zac de Mbao, où elle avait pignon sur rue dans le domaine à cause de ses affaires devenues prospères et florissantes. Elle a longtemps habité avec sa famille le quartier Abdou Ka, à hauteur de la passerelle de Sicap Mbao, à proximité du mur de la Légion de gendarmerie d’intervention (Lgi) de Mbao. Elle quittera plus tard ledit quartier avec ses proches à cause des récurrentes inondations pour aller s’installer à Keur Massar.
Elle fut hyper serviable et une bienfaitrice dans l’âme
La jeune fille était très sociable et serviable à volonté. Elle assistait sans cesse les gens en difficulté durant les fêtes religieuses, notamment, la Tamkharit, en immolant des bœufs pour la circonstance, avant de distribuer toute la viande aux intéressés. Elle a aussi eu à venir en aide aux membres de sa famille en leur donnant les moyens d’intégrer la vie active et de voler de leurs propres ailes. «Elle fut une fille accomplie. Elle a vraiment vécu utile ici-bas. Paradis soit sa demeure éternelle !», indiquent nos interlocuteurs.
Lobé Ndiaye inhumée hier à Touba, une pratiquante d’arts martiaux
C’est hier peu après 17h que le convoi funèbre a quitté l’hôpital avec la dépouille de Lobé Ndiaye pour se rendre au cimetière de Touba, où la jeune vendeuse de pièces détachées repose désormais. Celle-ci a été en effet accompagnée à sa dernière demeure par ses proches et amis. Mais, au-delà de ses activités professionnelles et autres œuvres de bienfaisance à l’endroit des gens, Lobé fut une pratiquante d’arts martiaux endurcie. Elle pratiquait de son vivant le karaté.
V. P. NDIAYE
Un individu interpellé pour nécessité d’enquête, le téléphone de Lobé fouillé
Comme dans les affaires d’enquête criminelle, les derniers appelants et autres individus qui ont parlé au téléphone avec la victime sont toujours les premières personnes ciblées aux fins d’un interrogatoire, histoire de remonter ou retracer les derniers instants de vie du défunt. Ainsi, la personne qui a échangé en dernier au téléphone avec la fille a été interpellée, puis auditionnée pour nécessité d’enquête préliminaire. Elle pourrait quitter libre les locaux de la gendarmerie faute de preuves ou arrêté en raison d’indices concordants et graves susceptibles de l’inculper. Le téléphone portable de la demoiselle a été minutieusement fouillé à la recherche de la piste à exploiter ; même si la piste criminelle est privilégiée. En attendant que la lumière jaillisse, l’affaire fait encore couler de la salive.
V. P. NDIAYE