Ce fut le comble de l’ignominie dans l’affaire du détenu répondant au nom de Demba Coulibaly. Ce dernier a en effet subi des sévices corporels et autres actes de torture jusqu’à ce que mort s’ensuive, dans la chambre d’isolement numéro 1 de la Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Bakel.
La Maison d’arrêt et de correction (Mac) de Bakel est secouée par le meurtre présumé par actes de tortue du détenu nommé Demba Coulibaly. L’affaire était discrètement gérée jusqu’ici.
10 détenus projettent une évasion, un indicateur prisonnier vend la mèche aux gardes
A quelques jours de la Tabaski, un groupe de détenus complotent et mijotent un projet d’évasion de leurs cellules respectives de la Mac pour aller passer la fête religieuse chez eux. ils guettent le moment propice pour lancer l’assaut. Mais, le projet d’évasion fait flop lorsque les responsables de la Mac ont eu vent de l’affaire en question auprès de leurs taupes parmi les prisonniers en détention. Ainsi, ils engagent le travail sous-marin, réunissent les éléments de la tentative d’évasion et décident de tuer le projet dans l’œuf. Ils identifient le groupe des 10 détenus en question et les mettent en cellule d’isolement. Ils ciblent dans le lot des mutins le nommé Demba Coulibaly. Celui-ci avait déjà cassé une barrette en métal de la fenêtre de sa cellule qu’il avait enveloppée dans un morceau de tissu et planquée sous sa couchette.
Coulibaly casse une barrette de sa fenêtre de cellule et guette le feu vert de la troupe
Les geôliers fouillent la cellule et découvrent la barrette en métal. Ils saisissent alors d’un rapport de compte-rendu le président du Tribunal d’instance de Bakel, qui active les gendarmes de la localité. Ces derniers ouvrent une enquête et tentent de reconstituer les éléments du puzzle. Ils auditionnent les détenus et les gardes pénitentiaires ainsi que l’adjoint au directeur de la Mac, qui assure l’intérim du directeur parti célébrer en famille la fête de Tabaski. Les geôliers avaient auparavant mis en isolement le détenu Coulibaly avec d’autres individus. Ils seront plus tard retirés de ladite cellule et reconduits à leurs cellules respectives par les gardes.
Les geôliers isolent Coulibaly et relient l’un des bracelets de la menotte à sa fenêtre, celui-ci s’échappe
Coulibaly se retrouve alors seul dans la cellule d’isolement. Les gardes le menottent et relient les bracelets à la barrette en métal de la fenêtre de ladite cellule. Mais, dans la nuit du 23 au 24 juillet dernier, le détenu réussit, on ne sait comment, à retirer son poignet de l’un des bracelets de la paire de menottes et se fait la belle en franchissant les murs de clôture de la Mac. Deux pénitentiaires le repèrent et lancent l’alerte. Ils engagent une course-poursuite avec lui et parviennent à le rattraper dans une concession voisine de la Maison d’arrêt et de correction. Ils le bastonnent sauvagement dans la rue et lui occasionnent de graves blessures corporelles sanglantes avec des objets contondants et durs, notamment derrière le lobe de l’oreille. Ils le prennent à deux, le traînent avec violence devant la foule et le ramènent dans sa cellule d’isolement. Ils le tabassent à nouveau et lui font subir les pires actes de torture en lui brûlant le dos et les fesses. Ils continuent les atrocités contre le détenu jusqu’à ce que celui-ci devienne inconscient.
L’évadé rattrapé dans une maison, bastonné dans la rue devant la foule et torturé à mort en cellule d’isolement
Le lendemain, les gardes tortionnaires présumés constatent l’inertie continue du détenu Coulibaly, paniquent et alertent l’adjoint au directeur de la Mac. Celui-ci achemine le prisonnier au centre hospitalier, où les blouses blanches constatent son décès. Alertés, les gendarmes enquêteurs s’emploient à tirer l’affaire au clair. Ils auditionnent le chef de poste et son adjoint (les tortionnaires présumés), qui plaident non coupable et servent deux versions différentes aux gendarmes enquêteurs, dont l’officier de police judiciaire Birame Diop. Les gardes pénitentiaires soutiennent que le détenu évadé aurait été pris pour un voleur et lynché par la foule, lorsqu’il a fait irruption dans la maison voisine pour échapper à ses poursuivants. Tantôt, ils disent que ce dernier était devenu très agité dans sa cellule d’isolement et se cognait avec violence la tête contre le mur. D’où ses blessures crâniennes.
Ce qui risque de perdre les pénitentiaires tortionnaires présumés aux versions contradictoires
Au cours d’une enquête rondement menée, l’officier de police judiciaire Birame Diop décèle beaucoup de zones d’ombre dans les dépositions du chef de poste de la Mac et de son adjoint. Un examen externe effectué sur le corps sans vie a conforté le pandore dans sa démarche et mis en exergue les brûlures dans le dos et aux fesses du défunt détenu. Et d’autres actes de cruauté et de barbarie causés par objet contondant et dur. L’autopsie révélera que le décès est dû à une «hémorragie méningée». Des habitants témoins oculaires de la bastonnade et de la torture de Coulibaly ont tout confirmé. Un parmi eux a soutenu avoir reçu des gouttelettes de sang du détenu quand l’un deux gardes a asséné à ce dernier un violent coup de pierre derrière le lobe de l’oreille. Les gendarmes ont bouclé leur enquête sans procéder à une arrestation et transmis le dossier sous forme de renseignement judiciaire (Rj) au procureur du tribunal de Bakel. Ce dernier devra donner une suite à l’affaire.
Vieux Père NDIAYE