La colère gronde dans les rangs des agents de police du Groupement mobile d’intervention (Gmi). Ceux-ci ont été engagés sur le terrain, durant le grand combat de lutte traditionnelle du dimanche dernier, à l’arène nationale de Pikine en banlieue dakaroise. Mais, après l’évènement, ils disent n’avoir pas perçu leurs primes journalières alimentaires communément appelées Pja. Quant à la hiérarchie, elle dégage en touche et plaide non coupable.
Le combat de lutte traditionnelle du dimanche dernier à l’arène nationale de Pikine laisse encore un goût de cendre dans la bouche des agents du Groupement d’intervention mobile (Gmi) déployés sur le terrain pour assurer la sécurité, à l’intérieur comme à l’extérieur, des personnes et de leurs biens.Et le coup de sang des policiers découle des primes journalières alimentaires. «Nous n’avons rien reçu des primes journalières alimentaires communément appelées Pja. Cela est notre dû», soutiennent nos interlocuteurs sous le sceau de l’anonymat. Et de poursuivre : «l’argent a été pourtant bel et bien remis à notre chef de détachement, qui est le lieutenant de police Djibril Moussa Camara. On ne comprend pas. A chaque fois que l’on finit d’assurer la sécurité dans une quelconque manifestation festive, on ne reçoit rien. Le combat de lutte du dimanche dernier à Pikine est la goutte d’eau de trop. Nous en avons vraiment marre. Des collègues se contentent souvent de manger du ‘’thiakry soow’’ ou d’un petit pain. Ils n’ont même pas parfois de quoi payer de l’eau à boire. D’autres par contre - qui n’ont pas d’argent - rentrent avec le ventre creux», pestent des policiers.
Le commissaire Serigne Massaër Faye dit n’avoir reçu aucun franc et indexe Thioune
Joint au téléphone, le commissaire divisionnaire Serigne Massaër Faye, commandant du groupe opérationnel de Dakar à Abdou Diassé, a démenti les allégations de ses hommes et martèle: «aucun franc n’a été porté à ma connaissance. Ce qui se passe le plus souvent pour le cas des combats de lutte, il y a un responsable de la sécurité du nom de Thioune, qui, à chaque fois qu’il y a des combats de lutte, se charge d’acheter des sandwichs pour les éléments. C’est à lui Thioune que l’organisateur remet l’argent pour les hommes. Et c’est lui-même qui se charge d’acheter des sandwichs pour donner ça aux éléments qui sont engagés sur le terrain. Mais, il n’y a pas un seul franc que les organisateurs nous ont donné ici au niveau du groupe opérationnel de Dakar». Et le gradé de police d’enchaîner : «si maintenant Thioune ne leur a pas donné, ils ne m’ont pas rendu compte. Les organisateurs remettent souvent l’argent des Pja à Thioune. Qui sert de relais entre les organisateurs et les éléments engagés sur le terrain. Mais, pour ce qui est du service d’ordre, il est payé et l’argent est versé au commissariat central de Dakar», précise le commissaire divisionnaire de police.
Thioune dégage en touche, parle de futilités et qualifie les primes journalières alimentaires de chose sensible
De son côté, le nommé Thioune, commandant à la retraite, a pris le contre-pied du commissaire divisionnaire Faye et dément avoir reçu l’argent des primes journalières alimentaires (Pja). Il qualifie tout cela de futilités. «Quand les éléments viennent tôt le matin pour assurer la sécurité d’un combat, l’organisateur donne de l’argent à ses parents, qui préparent le repas pour les agents de terrain. Mais il ne donne jamais d’argent aux agents. Et quiconque vous dit que je reçois l’argent des Pja, dites-lui que je suis prêt pour une confrontation avec lui. L’affaire des Pja est une chose sensible raison pour laquelle je ne m’en mêle jamais», tonne Thioune.
Lieutenant Djibril Moussa Camara déclare que les repas des organisateurs remplacent les Pja
Quant au lieutenant de police Djibril Moussa Camara, par ailleurs chef de détachement des agents du Gmi, il réfute catégoriquement les allégations de ses éléments. «Je suis un professionnel en la matière et cela fait quatre ans que je gère les combats de lutte à l’arène. A plusieurs reprises, quand les éléments vont sur le terrain, l’organisateur prépare des repas qui remplacent les Pja. Si maintenant on donne les Pja aux éléments qui les réclament, ces derniers vont devoir se débrouiller tout seul pour s’alimenter. Mais, de mon côté, je préfère que les organisateurs donnent à manger aux agents ; c’est une tradition dont j’ai hérité. Comment est-ce qu’on peut te donner à manger et à boire sans bourse délier et que tu réclames en même temps de Pja ?», s’interroge-t-il.
Des gradés de police anonymes soutiennent que les repas des organisateurs n’ont rien à voir avec les Pja
Après les différentes versions relayées, nous avons contacté d’autres policiers qui ont confirmé sous le sceau de l’anonymat les agents du Gmi et lâchent : «les repas que les organisateurs servent aux agents n’ont absolument rien à voir avec les Pja. Les organisateurs ne sont pas obligés de le faire. Mais, les primes journalières alimentaires (Pja) sont un dû pour les éléments», soufflent-ils.
Vieux Père NDIAYE