C’est clair. Le Khalife général des Tidianes n’est pas satisfait de la manière dont la pandémie à coronavirus est gérée par l’Etat, notamment la communication envers la population. Pour lui, toute la réalité de la situation doit être exposée aux populations en lui faisant comprendre qu’il n’y a que deux options : se prémunir ou mourir. Pour lui, en déconfinant et en demandant aux gens de s’adapter et d’apprendre à vivre avec la maladie, le gouvernement a en quelque sorte démissionné, alors que les gouvernants ne doivent pas démissionner devant un fléau qui menace le peuple. Le guide religieux n’a pas non plus aimé l’intervention de l’Etat dans le fonctionnement des mosquées.
Serigne Babacar Sy Mansour est connu pour ne pas mettre de gants quand il doit asséner ses vérités. Samedi, se prononçant sur la situation de la crise sanitaire au Sénégal, en marge de la cérémonie de 3ème jour du décès de son porte-parole, Pape Malick Sy, le Khalife général des Tidianes n’a pas dérogé à la règle. Et ce n’est pas le ministre de la Santé qui dira le contraire, lui qui a été mis devant ses responsabilités, tout comme l’Etat d’une manière globale. «Ablaye (Abdoulaye Diouf Sarr), il faut discuter avec les gens, leur dire ce qu’il en est. Il faut leur dire que celui qui ne se préserve pas contre la maladie va en mourir. Les gans meurent dans les hôpitaux. Même parmi le personnel soignant, il y en a qui souffrent de la maladie. Je ne parle même pas des malades qui ont besoin de soins, mais si ceux qui doivent soigner sont malades, où va-t-on ?», a martelé le guide religieux. Qui, pour montrer la gravité de la situation, d’ajouter : «dites aux gens qu’ils doivent se prémunir, se confiner, porter le masque, (…). En gros, respecter les gestes barrières. Cela n’est pas un pouvoir qu’on impose, mais une information. Dites aux gens qu’il n’y pas de médicament contre la maladie et que seule la prévention peut aider à s’en sortir. Pour le moment, on ne fait que tâtonner. Personne ne sait quand ça va finir ou quelle ampleur ça va prendre. Qu’on ne mette pas de gants, parlez aux gens».
«Quand ça devient incontrôlable, vous déconfinez. Donc à quoi sert le confinement initial ?»
Pas adepte du «maslaha» dans cette situation précise, lourde de danger, Serigne Babacar Sy Mansour ne comprend pas non plus l’attitude de l’Etat qu’il assimile à une démission. «Au début, vous aviez demandé aux gens de se confiner et au moment où ça devient incontrôlable, vous leur demandez de déconfiner. Donc à quoi sert le confinement initial ? On n’y comprend rien», a martelé le marabout. Qui ajoute : «celui qu’on écoute doit dire de manière claire ce qu’il en est à celui qui l’écoute. Il faut éviter le maslaha ou craindre de perturber le pays. Il fait dire la vérité aux gens. On ne leur commande pas, on ne les oblige à rien. On les informe. Les gens sont ignorants (de la situation et de la maladie). C’est vous qui connaissez, qui devez les informer. Maintenant, que certains croient et d’autres pas, vous aurez fait votre travail».
«Vous demandez aux gens de s’adapter au virus. C’est ça un responsable qui a démissionné de sa responsabilité»
Invitant de nouveau le gouvernement à communiquer sur la gravité de la maladie et de la situation, il souligne : «vous l’avez insinué (la gravité de la situation), mais vous ne l’avez pas dit clairement. Vous avez demandé aux gens de s’adapter au virus, de voir comment vivre avec la maladie. Cela a un nom. C’est ça un responsable qui a démissionné de sa responsabilité. Or, un responsable ne démissionne pas». Pour lui, l’attitude de l’Etat devrait être de «parler aux gens un langage clair», en leur faisant comprendre que c’est respectant les gestes barrières qu’on peut être épargné. «Dites aux gens qu’il n’y a pas de remède. Et la maladie progresse. Et ça vient vers vous. Et si vous ne vous prémunissez pas, vous allez l’attraper». Le khalife d’indiquer que face à cette pandémie, la seule issue, comme l’a dit le Coran (il cite un verset), c’est de «fuir, en amenant sa famille». Et d’ajouter qu’il faut «éviter de se jeter dans le feu» en refusant de fuir la maladie.
«Que l'État évite de se mêler du fonctionnement des mosquées»
La réouverture des mosquées, avec des mesures comme la distanciation physique imposées par le gouvernement, n’est pas non plus du goût du Khalife général des Tidianes, qui maintient toujours la fermeture des mosquées relevant de sa communauté. «Régenter les mosquées n’est pas dans les prérogatives de l’Etat, qui est allé au-delà de celles-ci en imposant la distanciation physique dans les mosquées», fait remarquer le Khalife. Qui trouve que cette mesure est d’autant plus «absurde» que le Prophète de l'Islam (Psl) a enseigné que «dans une mosquée, les fidèles prient serrés, épaule contre épaule». Et de souligner que «la distanciation physique ne protège pas contre la maladie dans une mosquée». Pour preuve, il soutient que quelqu’un qui a la maladie et qui va à la mosquée, en se prosternant, peut laisser le virus sur le tapis et un autre qui se prosterne sur le même point peut l’attraper. Convaincu que ce n’est pas pertinent que l’Etat intervienne dans le fonctionnement des mosquées, Serigne Babacar Sy Mansour pense qu’on devrait simplement se contenter de ce que dit l’Islam et la Sunna, en cas de pandémie du genre, c’est-à-dire renoncer à la prière collective où les fidèles courent le risque d’attraper la maladie. «Votre autorité aura du mal à s’exercer dans les mosquées. Que l'État évite de se mêler du fonctionnement des mosquées ! Votre pouvoir et votre autorité consistent à informer les gens, à leur dire la gravité de la situation».
Mbaye THIANDOUM
Serigne Babacar Sy Mansour est connu pour ne pas mettre de gants quand il doit asséner ses vérités. Samedi, se prononçant sur la situation de la crise sanitaire au Sénégal, en marge de la cérémonie de 3ème jour du décès de son porte-parole, Pape Malick Sy, le Khalife général des Tidianes n’a pas dérogé à la règle. Et ce n’est pas le ministre de la Santé qui dira le contraire, lui qui a été mis devant ses responsabilités, tout comme l’Etat d’une manière globale. «Ablaye (Abdoulaye Diouf Sarr), il faut discuter avec les gens, leur dire ce qu’il en est. Il faut leur dire que celui qui ne se préserve pas contre la maladie va en mourir. Les gans meurent dans les hôpitaux. Même parmi le personnel soignant, il y en a qui souffrent de la maladie. Je ne parle même pas des malades qui ont besoin de soins, mais si ceux qui doivent soigner sont malades, où va-t-on ?», a martelé le guide religieux. Qui, pour montrer la gravité de la situation, d’ajouter : «dites aux gens qu’ils doivent se prémunir, se confiner, porter le masque, (…). En gros, respecter les gestes barrières. Cela n’est pas un pouvoir qu’on impose, mais une information. Dites aux gens qu’il n’y pas de médicament contre la maladie et que seule la prévention peut aider à s’en sortir. Pour le moment, on ne fait que tâtonner. Personne ne sait quand ça va finir ou quelle ampleur ça va prendre. Qu’on ne mette pas de gants, parlez aux gens».
«Quand ça devient incontrôlable, vous déconfinez. Donc à quoi sert le confinement initial ?»
Pas adepte du «maslaha» dans cette situation précise, lourde de danger, Serigne Babacar Sy Mansour ne comprend pas non plus l’attitude de l’Etat qu’il assimile à une démission. «Au début, vous aviez demandé aux gens de se confiner et au moment où ça devient incontrôlable, vous leur demandez de déconfiner. Donc à quoi sert le confinement initial ? On n’y comprend rien», a martelé le marabout. Qui ajoute : «celui qu’on écoute doit dire de manière claire ce qu’il en est à celui qui l’écoute. Il faut éviter le maslaha ou craindre de perturber le pays. Il fait dire la vérité aux gens. On ne leur commande pas, on ne les oblige à rien. On les informe. Les gens sont ignorants (de la situation et de la maladie). C’est vous qui connaissez, qui devez les informer. Maintenant, que certains croient et d’autres pas, vous aurez fait votre travail».
«Vous demandez aux gens de s’adapter au virus. C’est ça un responsable qui a démissionné de sa responsabilité»
Invitant de nouveau le gouvernement à communiquer sur la gravité de la maladie et de la situation, il souligne : «vous l’avez insinué (la gravité de la situation), mais vous ne l’avez pas dit clairement. Vous avez demandé aux gens de s’adapter au virus, de voir comment vivre avec la maladie. Cela a un nom. C’est ça un responsable qui a démissionné de sa responsabilité. Or, un responsable ne démissionne pas». Pour lui, l’attitude de l’Etat devrait être de «parler aux gens un langage clair», en leur faisant comprendre que c’est respectant les gestes barrières qu’on peut être épargné. «Dites aux gens qu’il n’y a pas de remède. Et la maladie progresse. Et ça vient vers vous. Et si vous ne vous prémunissez pas, vous allez l’attraper». Le khalife d’indiquer que face à cette pandémie, la seule issue, comme l’a dit le Coran (il cite un verset), c’est de «fuir, en amenant sa famille». Et d’ajouter qu’il faut «éviter de se jeter dans le feu» en refusant de fuir la maladie.
«Que l'État évite de se mêler du fonctionnement des mosquées»
La réouverture des mosquées, avec des mesures comme la distanciation physique imposées par le gouvernement, n’est pas non plus du goût du Khalife général des Tidianes, qui maintient toujours la fermeture des mosquées relevant de sa communauté. «Régenter les mosquées n’est pas dans les prérogatives de l’Etat, qui est allé au-delà de celles-ci en imposant la distanciation physique dans les mosquées», fait remarquer le Khalife. Qui trouve que cette mesure est d’autant plus «absurde» que le Prophète de l'Islam (Psl) a enseigné que «dans une mosquée, les fidèles prient serrés, épaule contre épaule». Et de souligner que «la distanciation physique ne protège pas contre la maladie dans une mosquée». Pour preuve, il soutient que quelqu’un qui a la maladie et qui va à la mosquée, en se prosternant, peut laisser le virus sur le tapis et un autre qui se prosterne sur le même point peut l’attraper. Convaincu que ce n’est pas pertinent que l’Etat intervienne dans le fonctionnement des mosquées, Serigne Babacar Sy Mansour pense qu’on devrait simplement se contenter de ce que dit l’Islam et la Sunna, en cas de pandémie du genre, c’est-à-dire renoncer à la prière collective où les fidèles courent le risque d’attraper la maladie. «Votre autorité aura du mal à s’exercer dans les mosquées. Que l'État évite de se mêler du fonctionnement des mosquées ! Votre pouvoir et votre autorité consistent à informer les gens, à leur dire la gravité de la situation».
Mbaye THIANDOUM