Le commissariat central du Rufisque a interpellé puis placé en garde à vue, avant-hier, un candidat au Brevet de fin d’études moyennes (Bfem) nommé T. O. Baldé et son complice, par ailleurs candidat au baccalauréat pour la session d’octobre prochain, pour respectivement fraude au Bfem et complicité de fraude, faux et usage de faux et usurpation d’identité.
Vendredi dernier, un candidat au Bfem ajourné débarque au centre et demande au président de jury 2 de vérifier s’il n’y a pas erreur dans ses notes d’épreuves avec celles d’un certain T. O. Baldé, qui fait partie des 47 candidats déclarés admis au premier tour ; Baldé est en effet le 8ème dudit centre d’examen du collège Tafsir Niao Faye. Mais, croyant que le candidat ajourné est juste jaloux, le président du jury n’accorde point de crédit aux allégations de l’écolier et tente de lui remonter le moral en lui demandant d’accepter la volonté divine. Celui-ci insiste et l’informe que le 8ème du centre était absent de la salle au moment de l’examen et qu’un autre a composé à sa place. D’autant plus qu’ils partageaient la même rangée de bancs. Le plaignant dit qu’il était assis au premier banc, suivi d’une fille et du jeune homme en troisième position.
Le président du jury 2 vérifie le livret du Bac de l’élève et tombe des nues
Cette remarque fait tiquer le président du jury, qui vérifie les feuilles de présence des trois jours des épreuves et découvre que le candidat admis indexé était bel et bien dans la salle, mais ceci en se fondant tout simplement sur sa signature apposée au bas de chaque feuille de présence. Mais, intrigué par l’insistance du jeune garçon, il court sortir le livret du Bac du candidat suspect, le fouille et tombe des nues lorsqu’il compare les mauvaises notes de devoir dans ledit livret avec celles du Bfem. Il mène sa petite enquête et apprend que l’adolescent faisait l’école buissonnière dans son établissement scolaire privé. Il le soupçonne aussitôt d’avoir sollicité les services d’un tiers durant les trois jours de l’examen pour traiter les épreuves à sa place. Il l’appelle séance tenante au téléphone à plusieurs reprises, mais l’appareil sonne dans le vide.
L’Ief compare les écrits et la signature de l’élève avec ceux sur les feuilles des épreuves et le coince
Plus tard, la même nuit du vendredi, le frère de l’écolier «fraudeur» rappelle le président du jury et l’interpelle. Le président du jury dédramatise et lui rétorque avoir juste besoin du jeune garçon pour procéder à quelques rectificatifs. Ainsi, le lendemain (samedi dernier), Baldé se rend avec un de ses parents au centre d’examen, où ils trouvent le président du jury, qui le félicite pour le mettre en confiance et le conduit avec son accompagnant au bureau du l’inspecteur de l’éducation et de la formation (Ief) de Rufisque commune. Ils s’enferment avec l’élève et l’interrogent. Le président du jury découvre beaucoup d’incohérences dans les allégations de l’écolier et décide de le mettre illico-presto à l’épreuve. Il lui remet une feuille et lui demande de griffonner dessus quelques mots et d’y apposer également sa signature.
Le garçon avoue, balance son complice et dit avoir besoin du Bfem pour prendre la place de son père retraité à Eiffage
L’élève s’exécute et se trahit par la nature de l’écriture et de la signature comparées à celles constatées dans les trois feuilles de présence. L’Inspecteur de l’éducation et de la formation coince le garçon et menace de saisir la police de Rufisque d’une plainte s’il refuse de coopérer. Celui-ci joue au dur à cuire et plaide non coupable. L’inspecteur s’arrache de son fauteuil et fait semblant de sortir de son bureau pour aller aviser les limiers. L’écolier le rattrape, ravale ses dénégations véhémentes et avoue son forfait. Il balance du coup son complice et justifie son geste par son statut de soutien de famille. Il affirme avoir voulu décrocher le sésame dans le but de remplacer son vieux papa retraité à l’entreprise Eiffage, où l’on lui a réclamé le Bfem pour pouvoir y travailler.
Le complice est candidat au Bac pour la session d’octobre ; il a falsifié la carte d’identité scolaire de l’élève
Alertés, deux agents de police débarquent dans les locaux de l’Ief, menottent le jeune candidat présumé fraudeur au Bfem et le conduisent au commissariat de police. Ils appréhendent aussi son supposé complice qui est un candidat devant passer la session d’octobre du Bac pour des raisons de santé. Ce dernier passe à table. Il reconnaît sans ambages avoir traité toutes les épreuves du Bfem durant les trois jours à la place du jeune Baldé. Il déclare aussi avoir voulu juste l’aider sur sa demande, sans aucune contrepartie sous quelle que forme ou nature que ce soit. Il indique avoir falsifié la carte d’identité scolaire de l’élève en enlevant sa photo avant d’y mettre sa propre photo.
Ils seront déférés pour fraude, complicité de fraude, faux et usage de faux et usurpation d’identité
Tous les deux ont été mis aux arrêts et gardés à vue. Ils devraient être présentés aujourd’hui devant le parquetier du tribunal de grande instance de Rufisque pour fraude (T. O. Baldé) et complicité de fraude, faux et usage de faux et usurpation d’identité.
Vieux Père NDIAYE