Le 14 juillet prochain, le tribunal correctionnel va statuer sur le dossier opposant Me Emmanuel Padonou aux ex-travailleurs de Sen Sécurité. Une affaire presque inédite dont l’initiateur de la plainte, en l’occurrence l’avocat, poursuit Moustapha Sy et Cie pour diffamation, violences et voies de fait et menace de mort. Pour soutenir leur confrère, une douzaine d’avocats se sont constitués spontanément.
Un avocat qui poursuit ses clients, c’est le procès qui va opposer mercredi prochain Me Emmanuel Padonou à Moustapha Sy et Cie. Harcelé par ses ex-travailleurs de la société Sen Sécurité, l’avocat n’a pas cherché midi à quatorze heures pour déposer une plainte. L’affaire gérée par la Section de recherches a atterri sur la table du procureur qui a confié le dossier au juge correctionnel. Par esprit de corporatisme, une douzaine de robes noires se sont spontanément constituées pour assurer les intérêts de leur confrère. Me Padonou poursuit les ex-employés de Sen Sécurité, 42 au total, pour diffamation, violences et voies de fait et menaces de mort.
Pour comprendre l’histoire, il faut remonter au 26 octobre 2020. Moustapha Sy et ses camarades se sont déployés au niveau du cabinet de Me Padonou, pour lui réclamer leur argent. En fait, ils sont des travailleurs qui ont été licenciés par la société Sen Sécurité. A la suite d’une procédure pour licenciement abusif dans laquelle ils ont été défendus par Me Padonou, ils gagnent leur procès. Le juge leur alloue des montants à chacun. Sur l’exécution provisoire, les ex-employés disent devoir percevoir 700.000 F. Cependant, l’avocat ne leur a remis à chacun que 400.000 francs. Du coup, lorsqu’ils se sont présentés en masse devant le cabinet de l’avocat, ils l’ont traité de voleur et de tous les noms d’oiseaux. Connaissant ses droits, Me Padonou ne s’est pas fait prier pour faire constater cela par un huissier. Craignant pour sa sécurité et surtout pour sa vie, il a décidé d’ester en justice.
Devant les enquêteurs de la Section de recherches, il a soutenu clairement devant les gendarmes ne rien devoir à ses ex-clients. Il jure leur avoir remis à chacun son argent en fonction du montant de l’exécution provisoire, avec décharge. Et précise qu’il a néanmoins défalqué ses honoraires. En fait, l’avocat avait convenu avec les clients le paiement de ses honoraires. Au final, les ex-travailleurs de Sen Sécurité ont estimé que ce que l’avocat leur a remis est trop peu et qu’il leur a volé leur argent. Selon la robre noire, à plusieurs reprises, Moustapha Sy et Cie ont assiégé la devanture de son cabinet pour le traiter de voleur, portant ainsi atteinte à sa dignité et son honorabilité ; ce, sans aucune preuve. Interrogés sur les preuves de leurs allégations, les employés licenciés ont reconnu ne pas en détenir. Un fait qui risque de leur coûter une condamnation devant le juge pénal.
Alassane DRAME