
Près de 15 tours d’horloge avec deux séries de pauses auront suffi à l’Assemblée nationale pour faire le tour des problèmes du secteur sanitaire. Avec plus d’une centaine d’orateurs, les parlementaires ont validé le budget alloué au ministère de la Santé qui s’élève à plus de 272 milliards en autorisation d’engagement et plus de 242 milliards en crédit de paiement. Même si les députés reconnaissent les avancées qui ont été faites dans ce domaine, la quasi-totalité des intervenants ont plaidé soit pour que l’on relève le niveau de leurs structures sanitaires, soit pour l’implantation de nouvelles structures sanitaires. Entre manque de personnel, manque d’équipement ou encore les difficiles conditions de travail du personnel soignant, la situation de l’hôpital Le Dantec etc… les députés ont détaillé leurs doléances devant Marie Khemess Ngom Ndiaye.
Le maire de Yeumbeul Sud a ouvert son intervention sur la fiabilité du vaccin Sinopharm. «Vos services m’ont octroyé un pass sanitaire, mais à ma grande surprise, le code a viré au rouge quand je l’ai soumis à l’aéroport en Europe. J’aimerais savoir ce qui se passe réellement. Je signale que j’ai fini mon cycle vaccinal. Abordant la question de l’hôpital Jaxaay qui est en construction depuis 2017, Bara Gaye estime qu’il faut raser l’existant pour mettre sur pied un nouvel édifice. «Les toitures de cet hôpital sont dans un état désastreux, les murs fissurés et la zone qui abrite la structure sanitaire est inondable», dit-il.
Le député-maire de Rufisque a axé son intervention d’abord sur le sous-effectif dans les rangs du service d’hygiène. Pour Oumar Cissé, ce manque de personnel dans le service d'hygiène est inimaginable, il frise l'incompréhension. A l’en croire, au Sénégal nous avons actuellement un seul agent pour 50.000 personnes. Après avoir plaidé la cause de l’hôpital Youssou Mbergane qui manque de tout, selon lui, M. Cissé souligne le manque d’organisation dans la gestion des déchets médicaux. Concernant la santé mentale, le député soutient qu’il faut une stratégie qui englobe à la fois la dimension clinique et la dimension prise en charge dans les familles, parce qu’une personne sur 10 souffre des pathologies mentales et les familles sont déboussolées et ne savent pas comment faire face à la stigmatisation.
Aicha Touré : «C’est le même Dieu qui est en Chine, aux États-Unis, qui se trouve au Sénégal, alors…»
Revenant sur les incidents de Tivaouane et Linguère, TAS fait noter que c’est arrivé pratiquement à un an d’intervalle et que si c’était dans un autre pays, celui de Tivaouane aurait pu être évité, parce que des mesures adéquates auraient été prises. Thierno Alassane Sall pense que les infrastructures sont en partie à l'origine des désagréments malgré toutes les réalisations. «Allez à l'hôpital Fann, les carreaux et autres mobiliers commencent à être défectueux seulement un an après leur installation. S'il en est de même pour l'équipement, on ne doit pas s'étonner qu'il y ait problème». Le parlementaire dénonce le fait que des fonds politiques soient alloués à certaines personnes pendant que d’autres sont obligées de débourser 25.000 pour bénéficier des services d’une ambulance.
Aicha Touré saisit la balle au rebond pour réclamer des mesures contre les problèmes de l’accueil dans nos hôpitaux. Pour elle, ce n’est pas un problème de moyens, mais plutôt de comportement. «C’est le même Dieu qui est en Chine, aux États-Unis, qui se trouve au Sénégal et Il n’a pas choisi de tuer les femmes sénégalaises et épargner les autres. Nos hôpitaux ont un réel problème. Il est temps que les femmes devant accoucher arrêtent d’avoir peur d’être humiliées», martèle-t-elle.
Anyeu Mbengue : «arrêtez de politiser l’affaire de Linguère, laissez-nous faire notre deuil…»
Anyeu Mbengue, elle, voudrait que l’on arrête de politiser le dossier de Linguère. «C’est le décret divin qui a frappé, alors nous devons nous en remettre à Dieu. Pensez à ce que pensent les parents qui ont perdu leurs enfants dans cet incendie à chaque fois que vous évoquez l’affaire. Laissez-nous faire notre deuil tranquillement. Les autorités ont fait le nécessaire après l’incident, on ne peut les blâmer en aucun cas», dit-elle.
Abdoulaye Diouf Sarr : «je suis témoin de l’histoire»
Il a défendu l’année dernière le budget du ministère de la Santé, mais cette année, il se retrouve dans le camp des parlementaires. Abdoulaye Diouf Sarr qui s’est absenté pendant un long moment de la plénière est revenu pour prendre la parole. «Pendant 5 ans, j’avais en charge la mise en œuvre de la politique de santé de mon pays. Je suis donc un témoin de l’histoire. Je peux témoigner qu’avec le Président Macky Sall, les lignes ont énormément bougé, mais le gap était profond et abyssal. Croyez-moi, ce que le Président Macky Sall a réalisé dans le secteur de la santé de 2012 à maintenant est de très loin supérieur à ce qui a été fait par ses prédécesseurs. Se tournant vers sa remplaçante, l’ancien ministre de la Santé soutient : « vous connaissant, j’ai confiance. Je sais que vous relèverez les défis du secteur».
Ndèye Khady DIOUF