Il ressort de l’enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages (Ehcvm) au Sénégal réalisée par la Commission de l’Uemoa que le taux de pauvreté monétaire est estimé en 2018/2019 à 37,8%, soit 6.032.379 de pauvres ; avec une pauvreté plus accentuée en milieu rural 53,6% contre 19,8% pour le milieu urbain. L’enquête révèle également que l’insécurité alimentaire reste une réalité au Sénégal et affecte le milieu rural notamment Kolda, Kédougou, Sédhiou, Tambacounda et Matam.
Le Sénégal a réalisé, sur l’initiative de la Commission de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (Uemoa), une enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages (Ehcvm) financée par la Banque mondiale (BM). Une enquête qui permet de fournir les données pour le suivi/évaluation de la pauvreté et des conditions de vie des ménages dans chacun des pays membres de l’union. Au Sénégal, cette enquête d’envergure nationale a porté sur un échantillon de 7156 ménages avec une collecte en deux vagues : la première de septembre à décembre 2018 et la seconde d’avril à juillet 2019. Ainsi, il ressort de cette enquête rendue publique hier par l’Ansd que le taux de pauvreté monétaire est estimé à 37,8% en 2018/2019, soit une baisse du niveau de pauvreté de cinq points par rapport à 2011 (42,8%) à l’issue des travaux de raccordement. Cependant, malgré cette baisse du taux de pauvreté, le nombre de pauvres a augmenté au Sénégal pour passer de 5.832.008 en 2011 à 6.032.379 en 2018. Par rapport au milieu de résidence, la pauvreté est plus accentuée en milieu rural (53,6% contre 19,8% pour le milieu urbain) où il ressort une baisse plus importante du niveau de pauvreté par rapport à 2011 (5,2 points contre 2,1 points pour le milieu urbain). Les résultats de l’enquête révèlent également que le taux d’extrême pauvreté est passé de 12,2% à 6,8% sur la même période.
L’insécurité alimentaire, une réalité à Kolda, Kédougou, Sédhiou, Tambacounda et Matam
En ce qui concerne le niveau de pauvreté par région, il ressort de l’analyse que les régions de Sédhiou (65,7%), Kédougou (61,9%), Tambacounda (61,9%), Kolda (56,6%), Kaffrine (53,0%) et Ziguinchor (51,1%) sont les plus touchées. L’Ehcvm a également permis d’appréhender le cadre de vie des ménages. En milieu rural, les ménages sont généralement propriétaires de leur logement sans titre de propriété. Les ménages locataires se retrouvent majoritairement dans le milieu urbain (42,8% à Dakar et 19,8% dans les autres centres urbains contre 1,7% en milieu rural). En moyenne, le nombre de personnes par pièce est plus important chez les pauvres que chez les non pauvres. Des disparités sont notées aussi sur l’accès aux services associés au logement (électricité, internet, eau, assainissement, énergie de cuisson) suivant le milieu de résidence du ménage et la situation de pauvreté. Ainsi, les populations de la zone rurale et les ménages à faible revenu ont un accès plus limité à ces services. Par ailleurs, les résultats montrent que l’insécurité alimentaire reste toujours une réalité au Sénégal avec une prévalence de l’insécurité alimentaire sévère de 7,2%. S’agissant de la prévalence de l’insécurité alimentaire sévère et modérée, elle est de 43,5%. Elle affecte plus le milieu rural, les pauvres et les régions de Kolda, Kédougou, Sédhiou, Tambacounda et Matam. En considérant la perception des ménages sur leur propre niveau de pauvreté, 50,9% des Sénégalais se considèrent comme pauvres (soit 42,9% pauvres et 8,0% très pauvres).
M. CISS