S’il y a une casquette à laquelle il est plus que difficile de se départir, même si on le souhaitait, c’est bien celle de dirigeant africain. En effet, être chef d’Etat d’un pays africain semble rimer avec la perte de la moindre vie privée. Le président de la République du Sénégal a une nouvelle fois fait les frais de cette logique injuste. En effet, le Président Macky Sall a été interpellé en plein pèlerinage à La Mecque (Oumra) par une Malienne, qui le suppliait de lever l’embargo contre son pays le Mali.
Dans une vidéo largement partagée sur internet et les réseaux sociaux, on voit le président de la République Macky Sall accomplir le petit pèlerinage à La Mecque communément appelé Oumra quand une voix de femme l’interpelle. Celle-ci ne pouvant accéder au président de la République entouré par des policiers arabes et des agents de sa propre garde rapprochée, s’est mise à héler son nom, espérant un coup d’œil du Président Sall à son endroit pour pouvoir lui parler. «Monsieur le Président, Monsieur le Président Macky Sall…», enchaine-t-elle à l’endroit du dirigeant sénégalais. Interpellé par cette voix qui l’appelait, le chef de l’Etat jette un coup d’œil à la dame. C’est tout ce qu’elle attendait pour lancer son message. «Monsieur le Président, s’il vous plait il faut enlever l’embargo sur le Mali. On a faim, on a soif. S’il vous plait Monsieur le Président, il faut enlever l’embargo sur le Mali…», enchaine la dame à l’endroit de Macky Sall. Le président de la République lui lancera un coup d’œil, lui disant quelques mots inaudibles. Des mots qui ont apparemment convaincu la Malienne qui enchaine en disant «Incha Allah, que Dieu vous protège, enlevez l’embargo sur le Mali, Incha Allah» comme pour répondre à ce que disait le Président Sall.
C’est en début d’année que les dirigeants de la Cedeao ont décidé de placer le Mali sous embargo pour sanctionner le maintien de la junte au pouvoir. Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Afrique de l’Ouest, siégeant à huis clos dans la capitale ghanéenne, avaient réagi vigoureusement au projet de la junte, arrivée au pouvoir en août 2020, de continuer à diriger le pays jusqu’à cinq années supplémentaires, et au manquement de la part des colonels à l’engagement d’organiser, le 27 février, l’élection présidentielle et les législatives qui auraient ramené des civils à la tête du pays. Ainsi, les dirigeants de l’organisation sous régionale ont décidé de fermer les frontières avec le Mali. Depuis lors seuls les produits de première nécessité peuvent continuer à circuler.
Sidy Djimby NDAO