La fin de cette présente édition du Magal de Touba a été marquée par le message du Khalife général des Mourides qui a fait une radioscopie de la société sénégalaise et ses tares qui ont pour noms la violence et, notamment, les réseaux sociaux. Serigne Mountakha Mbacké s’est également prononcé sur les prochaines élections locales et c’est pour inviter à un vote transparent, dans le calme et la sérénité.
Les rideaux sont tombés, hier, sur la 127e édition du Grand Magal de Touba avec la cérémonie officielle présidée par Serigne Bassirou Mbacké Abdou Khadre, en présence du ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome. Dans son message rapporté par Cheikh Sidy Makhtar Ka, le Khalife général des Mourides a abordé les enjeux des élections locales du 22 janvier prochain. «Les Sénégalais accordent une importance particulière aux prochaines élections locales. Je souhaite que le vote se fasse dans le calme, la paix et la transparence, pour que ces élections ne soient à l’origine d’aucune contestation», a d’emblée indiqué Serigne Mountakha Mbacké, qui rappelle néanmoins aux acteurs que c’est Dieu qui donne la victoire. C’est pourquoi il les invite, au terme de ces élections, à taire toute animosité et à se donner la main.
Bannir la violence sous toutes ses formes
Poursuivant, le Khalife général des Mourides a invité les fidèles et les Sénégalais à bannir la violence sous toutes ses formes. «Nous devons éviter tout ce qui peut être à l’origine de la violence, car la violence appelle la violence», fait remarquer Serigne Mountakha Mbacké. Et il en veut pour preuve ce qui se passe dans la sous-région où certains pays s’entredéchirent et s’entretuent pour des raisons politiques et ethniques. «Rendons grâce à Dieu de nous avoir préservé de cette situation. La paix qui règne au Sénégal doit être préservée», ajoute le Khalife général des Mourides qui invite les talibés à se conformer aux enseignements coraniques, mais aussi à faire preuve de dépassement, de retenue et à se détourner des débats vains et inutiles. Poursuivant, Serigne Mountakha a averti sur les réseaux sociaux, qui, dit-il, peuvent être une menace à la paix sociale. Malheureusement, ces réseaux sociaux, qui sont à ses yeux une «perte de temps», occupent le plus clair du temps des jeunes.
Les réseaux sociaux, une arme de destruction massive
Serigne Mountakha Mbacké assimile ce phénomène à une arme de destruction massive, eu égard aux conséquences qu’il engendre. A l’en croire, cette nouvelle forme de communication est non seulement une perte de temps, mais elle est à l’origine de la déscolarisation de certains jeunes qui s’adonnent à des publications (de photos et vidéos) qui heurtent la morale et la religion. Ces publications obscènes, dit-il, portent atteinte à l’honneur et la dignité des victimes. «Combien de relations amicales ont été déchirées par ces réseaux sociaux ? Combien de familles ont été disloquées à cause des réseaux sociaux ? Combien de mariages ont volé en éclats à cause des réseaux sociaux ? Pire, certains profitent aujourd’hui de ces nouvelles formes de communication pour entretenir une forme de discrimination ethnique, religieuse, confrérique ou politique», se désole de constater le Khalife général des Mourides, qui invite les talibés à retourner aux enseignements de Serigne Touba. Des enseignements qui ne sont autres, dit-il, que l’enseignement coranique. Contrairement à l’addiction aux réseaux sociaux, Serigne Mountakha Mbacké invite plutôt les jeunes à la quête du savoir utile, à la dévotion sur le chemin de Dieu et au travail pour gagner dignement leur vie. Il appelle également les parents à s’impliquer dans l’éducation religieuse de leurs enfants afin qu’ils puissent échapper aux tentations qui viennent d’ailleurs.
L’Etat invité à redoubler d’effort pour sortir Touba des eaux…
L’hivernage qui a coïncidé cette année au Magal a posé beaucoup de problèmes à certains habitants de la ville sainte. C’est pourquoi le Khalife général des Mourides, dans son message, a eu une pensée pour toutes ces familles qui ont été contraintes de cohabiter avec les eaux ou qui ont abandonné leurs maisons. Face à cette situation difficile, il n’a pas manqué de dédouaner le gouvernement qui, dit-il, n’a ménagé aucun effort pour assister les sinistrés et les tirer des eaux. Pour autant, il n’a pas manqué d’inviter l’Etat à redoubler d’effort pour que les inondations soient un mauvais souvenir dans la ville sainte de Touba, afin de permettre aux habitants de célébrer le prochain Magal dans leurs maisons. Toutefois, en dépit des dégâts causés par les eaux de pluie, Serigne Mountakha Mbacké fait remarquer qu’une pluie abondante vaut mieux que la sécheresse qui, rappelle-t-il, peut avoir des conséquences désastreuses sur l’économie. La pluie, indique-t-il, est une bénédiction.
La journée de récital des Khassaïdes a fait reculer le Covid-19
Par ailleurs, le guide religieux n’a pas manqué de décerner un satisfecit au ministère de la Santé pour son implication dans la lutte contre la pandémie de Covid-19. Cependant, il persiste à croire que le coronavirus a été envoyé par Dieu et son antidote se trouve dans le Coran. «Alors que la pluie se faisait désirer au mois d’aout et les cas de contamination au Covid-19 montaient en flèche jour après jour avec son lot de décès, le Khalife général des Mourides a initié une journée de prières, de récital du Coran et des Khassaïdes. Depuis lors, la pluie est au rendez-vous et le taux de contamination journalier de la pandémie a considérablement baissé de 1000 cas à 5 aujourd’hui», rapporte Serigne Bass Abdou Khadre pour magnifier la puissance des écrits de Serigne Touba.
Dans son message au terme du Magal de Touba, le Khalife général des Mourides s’est également dit satisfait du gouvernement. Ainsi, il n’a pas manqué de prier pour le chef de l’Etat afin qu’il puisse terminer tous les projets initiés pour le compte du peuple. Mais aussi, aux autres responsables politiques qui ont pour seule ambition, dit-il, de faire rayonner le Sénégal et de le propulser à un niveau jamais atteint.
Moussa CISS
CEREMONIE OFFICIELLE DU MAGAL DE TOUBA
Quand Antoine Diome invoque les écrits de Serigne Touba pour revisiter le sens du Magal
Pour sa part, le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome a dit toute sa joie d’être présent dans la ville sainte de Touba pour rendre hommage, au nom du chef de l’Etat, à Serigne Mountakha Mbacké en ce jour de grâces. Il est également revenu sur les relations entre le Président Sall et le Khalife des Mourides, mais aussi sur l’implication du chef de l’Etat pour une bonne organisation du Magal de Touba. Par la suite, le ministre de l’Intérieur est revenu sur le sens du Grand Magal de Touba. Sur ce sujet, Antoine Diome, en fervent talibé mouride, était visiblement dans son assiette. Dans son discours aux allures d’enseignement, il s’est promené entre les références des écrits de Cheikh Ahmadou Bamba et les citations de son regretté guide Serigne Saliou Mbacké, pour expliquer la signification et la portée du Magal. Le Magal de Touba, dit-il, est un jour de grâces. Cependant, avant qu’il ne soit un jour de grâces, c’était un jour d’épreuves et de tristesse que Serigne Touba a su surmonter pour obtenir la rétribution divine. Ces épreuves, dit-il, n’étaient pour le Cheikh qu’une ascension pour arriver à son Seigneur. En tout cas, cette parfaite maitrise des écrits du fondateur du Mouridisme n’a pas manqué de taper à l’œil de Serigne Bass Abdou Khadre, qui a décerné au ministre de l’Intérieur le titre de «professeur». Antoine Diome est également revenu sur les efforts consentis par l’Etat dans la ville sainte de Touba, notamment dans les secteurs de l’assainissement, de la santé. Avant de rassurer de l’accompagnement du gouvernement pour les travaux de l’Université Cheikhoul Khadim, mais aussi de tous les projets qui seront initiés par le Khalife général des Mourides à Touba.
M. CISS