Les riverains du quartier de Harlem à New York ont vu un autre visage de la communauté sénégalaise dimanche passé. Finalement, c’étaient des attroupements sanglants que les Sénégalais ont vécus en lieu et place d’élections de renouvellement de bureau de l’Association des Sénégalais d’Amérique. Pour preuve le sieur B. Ndongo, emporté par la colère, a ouvert l’arcade du vieux I. Mboup, devant les limiers qui étaient déjà sur place. Une situation qui a sur le coup fait reporter pour une seconde fois ces élections que le président sortant Sadio Y. Barry et son principal challenger Serigne Mbacké Ndiaye ne sont pas près d’abandonner de sitôt.
«Il y avait trop de bruits dans la communauté, il fallait que ça arrive»
Nos compatriotes sénégalais vivant à New York ont choisi une drôle de manière pour démarrer le nouvel an. Mais la plupart s’accordent que les incidents de ce dimanche étaient prévisibles. Car la période pré-électorale avait été très agitée et beaucoup de discours ainsi que de faits et gestes avaient été maladroitement avancés. Déjà, le 30 décembre passé, la police de New York avait fait une première descente au siège de l’association pour rétablir l’ordre. En effet, venus se faire délivrer des cartes de l’association, un groupe de jeunes Sénégalais partisans de Serigne Ndiaye s’étaient vu refuser la confection. Selon l’un d’entre eux, l’assistant de direction de l’association leur avait exigé de payer 240 dollars liés à des mensualités alors que les frais s’élèvent à 30 dollars. Entre-temps, les deux candidats avaient occupé la radio WPAT, très prisée par la communauté, en achetant de très longs temps d’antenne.
Le mardi 7 janvier courant, le comité électoral avait dépouillé les dossiers de candidatures et invalidé par la même occasion la candidature de Serigne Mbacké Ndiaye pour dossier incomplet. Plongeant dans un grand désarroi ses partisans qui ont fini par déposer un recours sur la table du comité directeur de l’association. Ce dernier s’est réuni la veille des élections et a finalement accepté le recours et proposé un report sin die des elections. Une décision que le bureau sortant n’a pas acceptée, rappelant que la réunion du comité directeur était illégale car tenue sans l’aval du président. Et le jour des elections, la tension est restée vive dans la communauté jusqu’à ce que l’inévitable survienne. Le sieur B. Ndongo aujourd’hui dans les liens de la détention, a donné un coup violent au vieux I. Mboup, lui ouvrant l’arcade sourcilière. «Il y avait trop de bruit dans la communauté, il fallait que cela arrive», a dit le vieux Mboup, revenu de l’hôpital pour des soins.
Par contre ce que la plupart n’arrivent toujours pas à comprendre, c’est pourquoi tant d’engouement pour gérer une association trentenaire qui est à but non-lucratif, dont les textes ne prévoient aucune rémunération pour aucun membre du bureau. Serigne Mbacké Ndiaye, principal «opposant» à la gestion de l’actuel bureau, a déclaré : «si l’association avait été très bien gérée durant ces deux dernières années, je n’aurais pas déposé ma candidature», avant de révéler que sur un mandat de 2 ans, le président sortant a consacré toute la première année à «chercher des poux» dans la gestion de son prédécesseur et avait totalement fermé le siège de l’association durant la seconde année (durant la pandémie), «il ne pouvait donc présenté un bilan».
Ahmadou Ben Cheikh KANE
(correspondant permanent à New York)