La marque «Eau Casamançaise», fleuron de l’agroalimentaire local, fait face à une vague de colère sur les réseaux sociaux après le lancement de ses nouveaux jus, dans un lieu jugé inapproprié et une sélection d’invités contestée. De nombreux Casamançais dénoncent une mise à l’écart des acteurs du Sud, appelant au boycott.
Le goût amer de l'exclusion. Alors que «Eau Casamançaise» espérait un moment de célébration en lançant sa nouvelle gamme de jus, l’événement s’est transformé en une crise de communication. La marque, connue pour son enracinement en Casamance, a organisé récemment une cérémonie de lancement hors de Ziguinchor, suscitant l’indignation d’une partie de la population locale. Sur Tiktok et d'autres réseaux sociaux, la riposte ne s’est pas fait attendre. Des vidéos devenues virales montrent des internautes vidant leur réfrigérateur de toutes les bouteilles estampillées Casamançaise, pour les remplacer ostensiblement par des produits concurrents, notamment ceux de la marque Kirène. Dans l’une d’elles, une femme s’exprime avec véhémence : «Casamançaise ne respecte pas les gens du Sud. Ils veulent vendre notre nom, mais sans nous».
Le choix de la marque passe mal. «C’est une trahison symbolique», explique un autre sur Tiktok. Avant de poursuivre : «on se sert du nom Casamançaise, mais on ne valorise ni les talents locaux, ni la région elle-même.»
Au cœur de la polémique : deux griefs majeurs. Le premier, géographique. De nombreux Casamançais s’attendaient à ce que le lancement ait lieu à Ziguinchor ou dans une autre ville du Sud, considérée comme le berceau naturel de la marque. Le second, humain. L’événement a rassemblé plusieurs influenceurs... mais peu, voire aucun, issu du Sud, une région pourtant riche en créateurs de contenu dynamiques et suivis.
Des appels au boycott ont commencé à circuler, transformant ce qui aurait dû être une opération marketing en un véritable revers d’image.
Dans un contexte où les entreprises sont de plus en plus attendues sur leur ancrage local et leur responsabilité sociale, cette controverse pourrait laisser des traces durables si des mesures concrètes ne sont pas prises rapidement. Nos tentatives pour entrer en contact avec la direction de la «Casamançaise» sont restées vaines.
Khadidjatou D. GAYE