«Un recul démocratique», «un Président qui ne se donne aucune limite»… Les termes sont du maire de Djidah Thiaroye Kaw, qui n’en revient pas de l’acte posé par le chef de l’Etat, qui a pris un décret donnant aux sous-préfets et préfets le pouvoir de délivrer, en une semaine, des autorisations de construire, au cas où les maires tarderaient à le faire. Dr Cheikh Dieng est d’autant plus ulcéré que devant cet acte, l’Association des maires du Sénégal qui doit défendre leurs intérêts «ne lèvera pas le plus petit doigt» à cause des «imbrications familiales».
Le chef de l’Etat a pris en fin de semaine dernière un décret permettant aux sous-préfets et aux préfets de délivrer, sous huitaine, des autorisations de construire, au cas où les maires, pour une raison ou une autre, tarderaient à le faire. Un acte que déplore et dénonce le maire de Djidah Thiaroye Kaw. «A mon avis, c’est une régression démocratique», a-t-il martelé d’emblée. Pour lui, ce décret «consacre un dessaisissement de maires élus au profit de l'administration déconcentrée» qui n’est rien d‘autre, selon lui, que le prolongement du pouvoir exagéré d’un «Président qui ne se donne aucune limite dans sa volonté de contrôler la moindre parcelle de pouvoir régalien». Mais aussi prompt soit-il à vouloir enlever aux maires cette prérogative, le maire de Djidah Thiaroye Kaw, dépité, «espère qu'il donnera au moins à cette volonté la forme légale en modifiant en amont la loi sur la décentralisation». Cheikh Dieng est d’autant plus outré que, à l’en croire, «l'Ams (censée défendre les intérêts des maires) ne lèvera pas le petit doigt». Et pour cause, il affirme : «c’est le problème avec les imbrications familiales». En effet, Aliou Sall, président de l’Ams est le frère du chef de l’Etat.
«l'Ams ne lèvera pas le petit doigt. C’est le problème avec les imbrications familiales»
En outre, le maire libéral trouve que cet acte posé par Macky Sall n’est pas fortuit, vu le contexte. Il pense que le chef de l’Etat a voulu allumer un contre-feu. «Ce décret, en plein débat sur la prédation des ressources foncières littorales, est assurément une tentative de diversion pour détourner l'attention de l'opinion vers les maires pour les opposer aux populations», explique-t-il. Et de s’empresser de mettre en garde. «Ce contre-feu ne passera pas», dit-il. Non sans ajouter : «le cœur du problème demeure le retour des terres indûment attribuées dans le patrimoine du peuple». Et cela, précise-t-il, aucun autre débat ne pourra l’occulter.
Mbaye THIANDOUM